09-10-2020 08:29 - Equipements des Postes de Santé en banlieue : Un problème de santé publique

Equipements des Postes de Santé en banlieue : Un problème de santé publique

Journal Tahalil - Le problème de la santé des populations de la banlieue de Nouakchott se pose avec acuité. Les populations souffrent pour recouvrer leur santé. Les postes de santé, bien qu’existant, sont sous équipés ou même pas et les infirmiers et autres sages femmes travaillent difficilement. Le cas du Poste de santé de Basra est évocateur.

«C’est dur ce que nous vivons ici au poste de santé de Basra » lance Mme Awa Diallo, sage femme d’Etat depuis juillet 1987. Comme la plupart des postes ou centres de santé construits dans la banlieue et même à l’intérieur du pays, les équipements sont quasi-inexistants.

A part le bâtiment et quelques matériels ou outils, le reste, n’est que rêve. Le principal problème dans ce tout nouveau poste de santé de Basra tenu par cette sage femme, est le manque de moyens notamment l’ambulance et certains équipements de première nécessité.

Cette infrastructure sanitaire au milieu d’une population complètement démunies mais à forte taux de natalité (au moins 70 accouchements par mois) a besoin d’être équipée. «Ici, nous fonctionnons 24h/24h sans ambulance. Nous avons trois équipes qui se relaient pour éviter de créer le vide dans le poste » dit-elle.

«Même pendant la COVID-19, nous fonctionnons avec un personnel réduit et à chaque fois, l’équipe de l’OMS nous rend visite » poursuit Mme Diallo qui est constamment au Poste de santé pour « faire le suivi et les urgences ». Car, dans ce centre, les prestations tiennent compte de la situation sociale des populations même si les accouchements se payent à 4000 MRO y compris les premiers soins.

«D’ailleurs, en consultant, je n’exige pas la pièce d’identité parce que beaucoup de nos patientes n’en ont pas et devant les urgences, je ne peux pas m’aventurer à ignorer une malade parce qu’elle n’a pas présenté une pièce d’identification. Le cas des expatriés est évocateur » dit Mme Diallo. La seule exception c’est «lorsqu’il s’agit d’un forfait pour l’intervention obstétricale.

Là, il faut la pièce car c’est le ministère qui prend en charge» renseigne la sage femme. Pourtant, dans cette localité, il y a bel et bien des élus locaux mais notre interlocutrice est formelle. «Les élus locaux ne nous accompagnent pas, c’est pourquoi, je fais appel à l’Etat pour qu’il revoit sa politique sanitaire au niveau de la banlieue».

Servir en banlieue, un sacrifice …

Il est évident que pour tout professionnel de la santé, servir les populations de la banlieue, nécessite un sacrifice. Au poste de santé de Basra, bien avant la construction de cette infrastructure, Mme Awa Diallo louait un bâtiment qui faisait office de centre de santé pour accueillir les malades. « Moi, dans mon service, c’est le côté santé et médical qui m’intéresse.

C’est ma philosophie depuis que je suis sortie de l’école de santé en 1987» soutient-elle. « Avant, je louais à mes frais un local pour la prise en charge des malades. Jusqu’ici, j’ai une facture de 2,7 millions d’ouguiyas (ancienne monnaie) qui n’est pas soldée » révèle-t-elle.

Ce montant en crédit était relatif à la location pendant une année le local à raison de 60 000 MRO/mois en plus des factures d’électricité, l’eau et les consommables.

Mme Diallo traîne cette casserole en attendant qu’un bailleur ou encore une âme sensible vienne à son secours. «Il s’agit de la santé publique des populations et j’espère bien qu’un jour, j’aurai quelqu’un qui m’aiderai à payer cette dette » espère-t-elle non sans faire appel aux pouvoirs publics.

A Basra voire dans toute la moughataa de Sebkha, le besoin de couverture sanitaire des populations est réel et les problèmes sont récurrents surtout ceux liés à la procréation. D’ailleurs, dans le cadre de la campagne de planification familiale en cours, il n’est pas rare de voir des jeunes filles s’approcher par le truchement de leurs mères pour s’informer sur la planification.

Certaines d’entre elles portent déjà une progéniture. C’est pourquoi, la plupart des demandeurs préfèrent les contraceptifs comprimés pour les donner après à leurs enfants qui portent déjà un bébé, fruit d’une grossesse non désirée.

L’Etat et son partenaire, le FNUAP, prendront-ils en compte cette situation qui prévaut dans les postes de santé et trouver des solutions adéquates au problème ? C’est là toute la question.

En tout cas, la demande est forte et l’offre insuffisante. Une nouvelle politique de prise en charge des structures sanitaires de la banlieue avec des équipements dignes de ce nom serait-elle envisageable au grand bonheur des populations ?

Ibou Badiane



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