08-11-2020 10:35 - Editorial : Le come back de Aziz à l’ordre du jour

Editorial : Le come back de Aziz à l’ordre du jour

Initiatives News - Où en est-on avec le dossier de la décennie ? Après le tintamarre provoqué par le rapport de la Commission d’Enquête Parlementaire (CEP) et les comparutions en cascade devant les limiers de la Sûreté Nationale, c’est le silence radio.

Il y a quelques semaines la presse locale faisait état de l’imminence de l’inculpation et du renvoi de l’ex président et ses hommes devant les juridictions. Mais il n’en est rien.

Au contraire, et, nonobstant la récente déclaration laconique du ministre de la justice devant les parlementaires qui commencent à s’inquiéter de la tournure des événements, affirmant qu’il faut laisser le temps à la justice, et que ce dossier ne sera jamais abandonné, les choses semblent évoluer vers un règlement à l’amiable du dossier et plusieurs signes montrent que le pouvoir du président Ghazwani hésite à aller jusqu’au bout de la logique judiciaire qui, au vu des graves accusations de la CEP, ne pourrait qu’aboutir à une condamnation, ou voire même des condamnations de l’ex président et des centaines de personnes impliquées.

D’abord il y a eu cette curieuse audience accordée par le président Ghazwani à l’ex Dircab de Aziz et son farouche défenseur. Cette audience qui semble-t-il a scellé une paix des braves fut un déclic. En effet Ghazwani a également reçu l’un des hommes d’affaires cité dans le rapport de la CEP. Et les événements vont s’accélérer : un mini remaniement va voir l’entrée au gouvernement d’un ex ministre de la justice qui est lui aussi dans le collimateur des enquêteurs et qui est placé sous contrôle judiciaire. Et voilà la goûte qui a fait déborder le vase.

Cette nomination est en effet en porte- à- faux avec la logique du président Ghazwani qui, à l’occasion de son premier remaniement gouvernemental avait libéré tous les ministres impliqués dans ce dossier. Ainsi, à sa lecture du communiqué annonçant la composition le 9 août dernier du nouveau gouvernement, Adama Bocar Soko, le ministre-secrétaire général de la présidence de la République, avait déclaré au sujet des ministres sortants : « Tout en respectant la présomption d’innocence, il a été estimé que les personnes concernées devaient bénéficier de toute latitude pour prouver leur innocence. C’est pourquoi ils figurent parmi les ministres touchés par le changement. Le président de la République n’hésitera pas à faire appel à nouveau aux compétences et à l’expertise de ceux, parmi eux, dont l’innocence aura été avérée ».

De ce fait, la nomination mercredi par décret présidentiel de Dia Moctar Malal comme Secrétaire Général du gouvernement a pris tout le monde de court et a eu l’effet d’une bombe.

Comment est-ce possible ? Cet ancien cacique du régime de Ould Abdel Aziz est toujours sous contrôle judiciaire depuis le mois d’Août dernier. Son passeport avait été confisqué et ses comptes gelés. Comment alors a-t-il pu échapper à la justice et catapulté du jour au lendemain au sommet de l’Etat ? A-t-il été blanchi par Ghazwani ? Et la séparation des pouvoirs dont on se vante tant, ne serait-elle que de la poudre aux yeux ?

Cette affaire va porter un sacré coup au pouvoir du président Ghazwani qui n’a apparemment pas compris l’avantage de l’union sacré qu’il a su susciter jusque là. Serait-ce là la fin de l’Etat de grâce ?

Des voix s’élèvent de partout, y compris au sein des soutiens du président pour lui demander d’arrêter cette dérive pendant qu’il est encore temps et de ne pas tomber dans les mêmes travers que son prédécesseur. Il y a eu par exemple le cri de détresse de ce député de l’UPR qui a dit haut et fort qu’il désavoue cette tendance à continuer à gouverner avec ceux qui ont montré leurs limites et qui sont tristement célèbres.

Malheureusement au train où vont les choses on craint fort que Ghazwani n’ait choisi la solution de la facilité : suivre les sentiers battus et maintenir le système en place, un système qui n’a apporté au pays que pauvreté et désolation, un système où Aziz aura une place au soleil. Ce sera alors l’enterrement assuré du dossier de la CEP et avec lui tous les espoirs suscités par les engagements (Ta’ahoudati) du président Ghazwani face au peuple mauritanien. Un vrai gâchis !

Bakari Guèye





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Commentaires (7)

  • SS 2020 (H) 08/11/2020 16:47 X

    Une analyse juste;les arguments utilisés par le journaliste sont très solides.Le système est toujours le meme et Ghazwani est pris en otage;c'est les militaires qui gouvernent et leur ami Aziz ne craint rien car c'est le même groupequi a pillé la Mauritanie.Ghazwani n'a rien fait depuis son arrivée et pire il continue à gouverner avec les incompétents et les détourneurs des biens des mauritaniens.Mais il doit faire atention car la situation du pays est grave;y a la misère partout le chomage partout;les gens sont fatigué y a l'injustise et les inégalités et le rique d'explosion est grand.Attention attention

  • laagnal (H) 08/11/2020 13:25 X

    il y'a jamais eu de doute que gazwani ne va jamais juger aziz. parce qu'ils ne font qu'un et indivisible En conséquence vous qui attendent ce jugement ne perdez pas votre temps. Mauritaniens réveillez vous il en ait une chose de ne pouvoir faire quelque chose contre l'injustice et une autre d'être conscient et de refuser d'être manipuler

  • Salem Vall (H) 08/11/2020 12:30 X

    Ce n’est sous la présidence de Ghazwani que Aziz et son régime seront traduits en justice. Ghazwani fait partie de cette équipe. Il est le 2ème homme fort. Par contre ayons foi en Allah et espérons un jugement ici bas et la restitution des biens volés avant celui d’Allah.

  • La Brute et le Cinglé (H) 08/11/2020 12:08 X

    Malheureusement pour le peuple mauritanien, nous sommes maudits et cousus en fil de voleurs colorés de tous les mots qui indique notre malheur de demain, Ghazouani a brisé cet élan de solidarité qui fait de lui l’homme de la situation en matière de justice, je suis malade et j’ai honte de notre justice et de notre président de la république qui ne fait que faire ce que le Directeur du Cabinet lui fait faire pour le nuire en place de sa froideur et sa fuite en avant, je n’ais jamais eu confiance à ce cabinet dirigé par fugitif, mais aussi Ghazouani n’est pas mur de diriger et il est malade dans l’oubli. Le seul responsable de cette situation est directeur de Cabinet qui pouvait lui éviter de telle situation.

  • La Brute et le Cinglé (H) 08/11/2020 12:07 X

    Recevoir les voleurs à la présidence de la république est devenue un mode d’emploi pour le président Ghazouani qui a déjà oublier qu’il avait crié haut et fort la séparation des pouvoirs, seulement il disait ce qu’il ne croyait pas, il faut passer par la femme pour être reçu, même Aziz peut essayer cette voie, Ghazouani est devenu l’attraction de tous les hommes et femmes de ce pays qui savent la séparation des pouvoirs, Ghazouani le procureur, Ghazouani le juge, l’avocat et enfin Ghazouani le tout et son contraire. Le peuple mauritanien est meurtri et les hommes de soutiens sont déçu, Ghazouani reçois les voleurs et les bandits au palais que Dieu lui montre la lumière du bon chemin, que Dieu le débarrasse de mauvais compagnons, que Dieu fasse qu’il se réveille avant qu’il ne soit trop tard et presque c’est trop tard.

  • Terrier (H) 08/11/2020 11:01 X

    C’est pas une analyse.... juste des suppositions !! Essayez autre chose , c’est plus adéquat à mon sens !

  • LA VERITE SUR LA MAURITANIE (H) 08/11/2020 11:00 X

    les dernières nominations montrent que la justice mauritanienne a bien abandonné les dossiers de corruption contre l'ex-président aziz et sa bande . Il est de notre rôle et de notre responsabilité de pointer en public et devant tous les mauritaniens les dernières nominations effectuées. C’est dire que les personnalités désignées font l’objet de poursuites judiciaires et la justice n’a pas dit son dernier mot dans les affaires les impliquant.