16-11-2020 12:33 - Il y a 10 ans, l’ex-ministre Brahim Ould M’Bareck ravageait la plaine de MPourie: Pénurie… programmée

Il y a 10 ans, l’ex-ministre Brahim Ould M’Bareck ravageait la plaine de MPourie: Pénurie… programmée

Le Calame - Le blocage pendant près de trois semaines, par le Front Polisario, de la zone tampon d’El Gargaratt, entre les frontières du Maroc et de la Mauritanie, a provoqué une pénurie sans précédent de fruits et de légumes sur le marché mauritanien.

Pour ne citer qu’un légume, le kilogramme de tomate frôlait les 300 MRU, un record historique. Le cabas de la ménagère revenait désespérément vide. On aurait pu ne pas en arriver là.

Avec des milliers d’hectares de terres fertiles et de l’eau en abondance, notre pays, après 60 ans d’indépendance, pouvait être autosuffisant en produits agricoles de qualité et même générer d’importantes rentrées de devises en en exportant une partie.

L’État a certes investi des dizaines de milliards dans le secteur à travers le Crédit agricole mais les résultats sont toujours restés très en-deçà des espérances. Débloqué à tour de bras, l’argent servait à tout… sauf à l’agriculture. Et l’État a continué à actionner la pompe à fric jusqu’à n’en plus pouvoir.

Avec un peu de discernement, il aurait pourtant pu encourager le secteur privé à investir dans le secteur, sans débloquer autant d’argent dont il ne reverra plus jamais la couleur. En octroyant des terres à des prix symboliques, en les exonérant d’impôts et en facilitant l’écoulement des récoltes par une surtaxation des produits importés, à l’instar de ce qui se passe au Maroc, il aurait pu encourager les bonnes volontés. Mais il n’en fut rien. Pire, certains ont été dépossédés, par le seul fait du prince, des terres où ils avaient investi des sommes colossales.

Lamentable gâchis

Un exemple éloquent. En 2008, quelques mois après sa prise de pouvoir par la force, Ould Abdel Aziz ordonne à la ministre du Développement rural, Messaouda mint Baham, de reprendre les terres de la plaine de M’Pourié qu’exploitait le groupe Abdallahi Ould Noueygued (AON).

Mais la ministre déclina poliment en plein conseil des ministres, en prétextant que ce n’est pas du ressort de son département. Il faudra attendre 2010 et l’arrivée au ministère de Brahim ould M’bareck (l’actuel vice-président des relations internationales de Kinross-Tasiast) pour que le dossier soit relancé. Ould Abdel Aziz se rappelle subitement que ses ordres n’ont pas été exécutés et ordonne à son ministre de faire le nécessaire.

Brahim ne se fait pas prier. Il prend le chemin de Rosso dès la fin du conseil des ministres. Le lendemain, accompagné du wali et de divers représentants de son département, il supervise lui-même le déracinement de près de dix mille arbres fruitiers et la destruction des cultures de légumes, le tout sur quatre cents hectares.

Le système d’irrigation, dont celui dit de goutte-à-goutte introduit pour la première fois en Mauritanie, fait lui aussi les frais du zèle de Brahim Ould MBareck: il est entièrement détruit. Dix ans plus tard, le groupe AON ne décolère toujours pas, lui qui avait creusé un canal ouvert de vingt-cinq kilomètres (qui profitera aux riverains et aux villageois) pour amener l’eau jusqu’à la plaine, investi des centaines de millions d’ouguiyas en matériel et commencé à fournir le marché local et étranger en fruits et légumes de bonne qualité.

Son président Mohamed ould Noueygued a toujours ce gâchis en travers de la gorge. « Comment voulez-vous qu’on soit autosuffisant quand l’État déconstruit au lieu de construire ? », s’interroge-t-il, «Comment expliquer qu’un ministre de la République, dont le rôle est de promouvoir l’agriculture, fasse lui-même détruire, même si le Président lui en donne l’ordre, toute une plantation comprenant des milliers d’arbres fruitiers? ». On n’en était pas à une contradiction près, en Mauritanie azizienne !

Qu’est-il advenu ensuite de ces terres? Elles ont été cédées aux diplômés chômeurs agrémentées d’un pactole de quelques milliards d’ouguiyas pour les mettre en valeur. Quelques années après, aucun grain de riz n’a été récolté, l’argent s’est volatilisé, tout comme les heureux récipiendaires.

Ben Abdalla





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Commentaires (6)

  • SUIVIGHAZ (H) 16/11/2020 16:34 X

    Brahim, pour l’avoir connu, est un monsieur PROPRE. Il a séjourné à la SNIM pendant 4 mois durant lesquels il a beaucoup œuvré pour le redressement de la SNIM mais il a été arrêté net par AZIZ quand il a réclamé les quinze milliards d’ouguiya prêtés à MNW. Voilà la réalité. -

  • Oumar EL HAJ (H) 16/11/2020 14:10 X

    L’histoire n’est pas idyllique. Nos terres grovels ont été donnés en abondance contre corruption et coûteuse à des hommes d’affaires ou des hommes d’état qui les ont utilisés pour dilapider 28 milliards de nos anciennes ouguiyas.. On thésaurise le sable. Utilisés et jamais remboursés. Utilisés dans les jeux de casino à l’étranger, l’achat de villa à l’étranger et l’enrichissement illicite. Les citoyens ont été privés de ces terres comme pour la zone portée de Nouadibou et Nouakchott qui sont calmement de dos mortes avec de vieux hangars hérités de la coopération où ces hommes d’affaires entreposent de la ferraille. Se sont des zones mortes par la volonté de nos politiques et cadres de l’administration publique corrompu et des hommes d’affaire avides de tout.

  • moukhabarat (F) 16/11/2020 13:53 X

    Ces terres ont été alimentées en eau avec les moyens de l'Etat (pelles...). Son propriétaire a très peu approvisionné le marché local. L'Etat n'a pas mieux fait après lui diriez-vous? Vous aurez raison de l'affirmer.

  • zeni (H) 16/11/2020 13:44 X

    Elle est où la compliance Kinross, elle est où la justice? Cet homme est un prédateur sans équivalent en Mauritanie. Il a détruit le développement rural après avoir mis à sac la SNIM. Il est certes protégé par son appartenance tribale qui lui vaut la bienveillance de Ghazouani. Kinross sera interrogée sur l'employabilité de cet homme décrié par la Mauritanie et poursuivi pour détournement des deniers publics.

  • leguignolm (H) 16/11/2020 13:34 X

    La question que ces agriculteurs doivent poser au président : que s’il est conservable, s’il est acceptable, s’il concevable, s’il est raison, s’il est patriotique, s’il est humaine quand un pays comme le notre qu’il faut qu’un autre pays étranger marche sur les cadres des citoyens d’un territoire occupé pour nous ravitailler des légumes eux des fruits ? On peut jurer sur la tête de sa Mère, Mr le Président que si ce cas est juste ! Et je me demande de tels mesures que les autorités Marocaines avaient pris comme disait l’autre : « si le jeu en veux la chandelle » ! Puisque c’est une opération qui doit couter chère mais aussi une opération de risque pour les chauffeurs !

  • hachmi (H) 16/11/2020 13:14 X

    Pourquoi ce monsieur respire encore de l'air libre et occupe une aussi juteuse fonction ? Il faut verser ces crimes dans les dossiers de décennie et ouvrir immédiatement les enquêtes.