26-11-2020 22:30 - Hommage à la Mère de la Nation

Hommage à la Mère de la Nation

NGam Seydou - « Et si l’on parlait d’Elle ? » est un hommage que je veux rendre à la Mère de la Nation Mauritanienne, son Excellence Mariem Daddah. Une femme digne de respect, de confiance, d’estime et de générosité, qui en épousant le Président Moktar, a fini par épouser la Mauritanie en entier.

Je l’ai rencontré pour la première fois en 2005, à la croisée de chemins de l’histoire d’un pays en perpétuel interrogation sur son passé, qui malheureusement a dû mal à assumer son identité de trait d’union entre deux Afrique. J’ai du mal à interpréter le poids de ma première rencontre avec la Mère de la Nation. Est-ce par hasard, ou du domaine divin du Mektoub.

Etant musulman et de bonne foi, je reverserai cette histoire sur la pesanteur de l’écrit divin, que le mauritanien ordinaire décrit comme du Mektoub.

Voilà quinze ans, que j’ai connu madame la Présidente Marièm Daddah. Sous le soleil matinal de l’été 2005, alors que je me promenais dans les ruelles étroites d’une capitale en perpétuelle mutation, j’ai découvert les écriteaux de la Fondation Moktar Ould Daddah, sur le fronton d’une maison.

Sans hésiter, j’ai poussé la porte, pour me retrouver nez à nez avec monsieur Gandega, Secrétaire Général de la dite Fondation. Et je lui ai demandé de m’arranger un rendez-vous avec le directeur de son institution. Il me répond qu’il n’a pas de directeur, la Fondation est dirigée par une présidente. Il se trouve que cette présidente s’appelle Madame Marièm DADDAH.

Aussitôt demandé, aussitôt fait, le dynamique SG m’inscrit dans la liste des audiences, pour la semaine prochaine. Ainsi le compte à rebours peut commencer, pour un citoyen ordinaire dans un pays extraordinaire, qui si tout va bien, doit rencontrer pour la première fois, la Mère de la Nation. Vous avez tout compris, ce sont les heureuses circonstances, qui m’ont permis de croiser le chemin de son Excellence Mariem DADDAH.

Voilà quinze ans que je l’ai connue, elle est restée toujours la même, accueillante, joviale, disponible, et généreuse, mais inquiète sur la trajectoire politique qui creuse l’écart entre la minorité riche et la majorité pauvre, du commun des mortels dans son pays, sans occulter la question raciale qui continue de saper l’idéal social du vivre ensemble.

Voilà quinze ans que je l’ai connue, elle est restée modeste et intègre, elle a toujours refusé de mettre sa vie en avant, mais d’une manière générale, elle me parle de son pays, de son peuple, la Mauritanie qui l’a adoptée et qui a fini par se confondre avec sa propre nature.

Elle me rappelle souvent qu’en épousant le Président, elle a fini par épouser la Mauritanie. Femme de cœur sans rancœur, femme de principe et de conviction, elle est restée fidèle à sa vocation d’avocate, attachée à son peuple, et croyante à la grandeur de son pays.

Elle a créé la Fondation Moktar Ould Daddah avec ses enfants, pour conserver la mémoire du Président. Et surtout pour venir en aide aux plus démunis de ses compatriotes.

Compte tenu de ce choix audacieux de quitter sa terre natale (France), pour un pays en création, sous le ciel de l’inconnu, j’ai choisi de rendre hommage à la Mère de la Nation, pour la présenter à son peuple sous l’angle de l’histoire, d’une femme qui a tout donné à la Mauritanie et qui continue de donner, sous l’ombre de la modestie et de la discrétion.

Elle est née à l’horizon de la 2ème guerre mondiale, dans le 14ème Arrondissement à Paris.

La petite Marie Thérèse est venue au monde, entre les deux grandes guerres, qui ont ensanglantées l’humanité. Des évènements majeurs, qui l’ont beaucoup marquée, pour orienter sa vie dans les arcanes du droit.

Elle a grandi entre Paris et Royat dans les Massifs Centrales, sous le regard attachant de sa mère, qui l’a élevée seule. Fille unique, des parents issus d’un milieu modeste, elle est élevée dans la rigueur de la tradition catholique. Après son baccalauréat, elle rentre à l’Université de Paris, pour suivre la filière du droit. Activiste et très active dans les mouvements associatifs, elle est présente sur tous les fronts, pour aider et défendre la cause des étudiants africains sous le joug colonial de sa France natale. Ainsi commence, le long combat d’une jeune avocate anticoloniale et engagée dans la défense de la charte universelle des droits humains. De ce choix osé et militant, il faillait être outillé pour faire face aux multiples défis de l’époque. C’est pour cette raison, après avoir obtenu son diplôme d’études supérieures en droit privé à l’Université de Paris, elle se consacre à l’étude de l’histoire, pour décrocher son diplôme d’études approfondies d’histoire ancienne, à l’Université d’Aix en Provence. Des diplômes comme armes intellectuelles, qui vont l’aider à vivre pleinement sa passion d’avocate au service des causes nobles, pour lutter contre l’injustice sous toutes ses formes.

En 1955, elle rencontre sur les bancs de l’Université, un jeune mauritanien, Moktar Ould DADDAH, alors étudiant en 3ème Année de la faculté de droit, comme elle. Ainsi commence le conte de fée d’un grand amour dont les germes viennent d’une passion commune pour les études.

En 1958, leur mariage est scellé dans la grande mosquée de Paris, pour ouvrir les portes du destin des parents d’une Nation en devenir (La Mauritanie) ! Pour la petite anecdote, lorsqu’elle a débarqué pour la première fois en Mauritanie, en compagnie de son mari, qui lui dit, nous sommes arrivés. Elle répond instinctivement, nous sommes arrivés où ?

Ils étaient bien arrivés à Nouakchott, la capitale imaginaire et en devenir, car il n’y avait rien, sinon un poste militaire noyé dans les dunes. Il fallait tout construire et la pose de la première pierre de Nouakchott fut lancée en 1958, pour accueillir l’héritage d’une capitale en exil (Saint Louis), qui représentait la Mauritanie dans l’empire colonial de l’Afrique Occidentale Française.

Durant le règne du Président, en tant que première Dame, elle a apporté sa contribution citoyenne dans divers domaines, notamment celui de la promotion de la femme, dont l’axe centrale se repose sur la scolarisation des filles. La création du Collège des Jeunes Filles constitue un atout majeur dans l’émancipation de la femme mauritanienne. L’ouverture des ateliers de coutures et la promotion de la femme par le travail, seront à l’origine de l’Office Mauritanien du Tapis. Le lancement de la première revue féminine « Mariemou » en arabe et français, a aidé à sensibiliser et éveiller la conscience de la femme mauritanienne.

Elle a fait ce qu’elle a pu, par la formation citoyenne et l’action humanitaire à travers le Croissant Rouge Mauritanien, sans jamais empiéter sur le champ du Président, comme le font la nouvelle race des premières Dames africaines. Elle a eu trois enfants avec le président, qui sont éduqués dans les réalités socioculturelles de la Mauritanie, avec en primes au milieu de leurs jeunes compatriotes, parce qu’à l’époque, il n’y avait pas encore le virus de la discrimination scolaire à travers les écoles privées, ou le chapiteau des écoles dites d’excellence, qui aujourd’hui ont finis par annihiler l’existence des écoles publiques.

Un destin mythique et très riche d’une grande Dame digne de foi, d’estime et de confiance, qui a consacré sa vie et son amour à sa famille, à son pays et à son peuple.

À travers la Fondation Moktar Ould DADDAH qu’elle dirige, elle reste plus que jamais attachée à sa Mauritanie et à ses compatriotes les plus vulnérables, pour les accompagner, les assister et au besoin les aider à trouver des solutions aux équations quotidiennes, qui les interpellent. Marièm DADDAH, car c’est bien d’elle qu’il s’agit, je l’ai rencontré pour la première fois en 2005, donc bien après la règne et la mort de son mari, le Père de la Nation Mauritanienne.

En laissant aux historiens et chercheurs, le soin de faire leurs travaux de recherches sur la période de règne du président Moktar, il me semble normal de rendre hommage enfin, à la Mère de la Nation, en se rachetant avec l’ultime slogan : Et Si l’on parlait d’elle !

Si l’on parlait d’elle ! Un refrain qui peut paraitre curieux pour certains, mais naguère aux yeux d’un citoyen ordinaire comme moi, qui vit dans un pays extraordinaire.

J’ai eu l’opportunité de la rencontrer, comme je l’ai dit un peu plus haut, alors qu’elle n’était plus la première Dame et pire, elle a traversé toutes les privations, pour ne pas dire humiliations.

Et pourtant, elle continue son combat dans l’idéal social d’une société juste et prospère, contre vents et marées, pour aider ses compatriotes. J’insiste pour dire ses compatriotes mauritaniens, car aux yeux de certains, elle n’est qu’une française égarée dans le désert, et pour d’autres, c’est une mauritanienne en quête de sensation. La Marièm Daddah que j’ai rencontrée, est une icône incomprise de part et d’autre des frontières et surtout à l’intérieur de celles que son cœur et son amour l’ont léguée.

Sous le règne du régime autoritaire du président Aziz, sa Fondation s’est vue retirer son label d’utilité publique et perdre sa subvention, comme punition contre sa présidente, qui a osé donner son point de vue sur le choix du nom de l’Aéroport International de Nouakchott, qui aurait dû porter le nom du Père de la Nation, Maitre Moktar Ould Daddah.

Quel malheur, quand le destin du pays se retrouve entre les mains d’un impulsif, qui refuse d’entendre les voix discordantes et de voir la logique du temps. Ce n’est pas un crime, de donner un point de vue sur des questions nationales et d’actualités, selon la liberté d’expression.

Effectivement, en reconnaissance à l’œuvre du Président Daddah, l’aéroport international de Nouakchott, aurait dû porter son nom, comme ses collègues pères fondateurs des Nations africaines : Modibo Keita au Mali, Léopold Cedar Senghor au Sénégal, Houphouet Boignet en Côte d’Ivoire, Habib Bourguiba en Tunisie et j’en passe.

Il est impératif que l’Etat décore la Mère de la Nation, en guise de reconnaissance et réhabilite la Fondation Moktar Ould DADDAH.

À la veille de notre fête nationale, je laisse le soin au Président de la République et son gouvernement de se pencher sur la question, le plus rapidement possible, afin que cela se fasse du vivant de celle qui a tout donné à son pays, sans attendre une miette du retour.

Comme disait un certain KENNEDY : « Au lieu de dire qu’est-ce que mon pays doit faire pour moi, il faut en toute modestie, se demander qu’est-ce que je peux faire pour mon pays. »

Et l’icône Marièm Daddah, fait partie de cette rare espèce humaine en voie d’extinction.

Merci Madame la Présidente !

Que le Bon Dieu vous protège.

NGam Seydou





"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


Source : Seydou Ngam
Commentaires : 9
Lus : 2602

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (9)

  • SAF-B.F.L. (F) 27/11/2020 18:49 X

    HÉÉÉ!!! BONNET YOOO!!! Mon Maari me dit tout ce qu'il pense; et même ce qu'il ne pense pas il me le transmet par osmose! Gênial NON!!! Mon Maari dit que Cette GRANDE DAME s'est mariée non pas avec un Homme (Moctar O/ Daddah) MAIS avec TOUT un PAYS la Mauritanie des profondeurs sans distinction. Elle mérite notre respect et tous les Honneurs y afférents! Tout à fait mérité! MAIS MAIS poursuit mon Maari, il y a un OUBLIÉ de l'HISTOIRE de la Mauritanie celui par qui le Pays ne serait pas: il a nommé SIDI MOCTAR NDIAYE …. Aucune trace dans la rétrospective historique de la Mauritanie!?!&@ POURQUOI????Est-ce son NOM de Famille qui gène les historiens-politiques??? À quand sa réhabilitation! Pensons-y et le plus rapidement!!! HÉÉÉ!!! BONNET YOOO!!!

  • mohamed hanefi (H) 27/11/2020 16:59 X

    Cette grande dame nous a donné ce qu'elle a de plus cher: Sa vie et ses services (les jeunes et les femmes du PPM en savent quelque chose). Libre à nous de repondre par la reconnaissance ou l'ingratitude. Chacun selon la matière de sa nature.

  • pecos (H) 27/11/2020 12:22 X

    Quand on ne regarde la vérité que de profil ou de trois quarts, on la voit toujours mal. Il y a peu de gens qui savent la contempler de face.quant a toi Terrier tu aurais mieux fait de rester hiberner dans ton trou car tu as perdu une bonne occasion de te taire. Mariem daddah est une sainte.

  • mdmdlemine (H) 27/11/2020 11:31 X

    Terrier est un extremiste semble-t-il parce qu'on ne pas la femme à son voile mais à son âme, à son actif Elles sont des centaines de milliers de femmes voilées qui ne peuvent se mésurer à Mariem Daddah Quelle hypocrisie ces islamistes qui ont déforme cette noble réligion et en étale les extremistes à tous les dimaines Mariem c'est une Mère de la Nation "contre vents et marées" Ceux qui ont cotoyé la gestation de la Mauritanie ne peuvent qu'admirer cette femme qui s'est dressée à la France son pays d'origine pour la Mauritanie son pays de combat et d'affection C'est vriament dommage pour Ghazouani en célebrant cet anniversaire del 'indépendance dont le prochain n'adviendra qu'en 2025 de rater cette chère et juste occasion de réhabiliter Mariem et la Fondation Moktar Daddah TOus doivent faire des articles et des commentaires pour que cela soit defait puisque l'indépendance c'est demain

  • mdmdlemine (H) 27/11/2020 10:58 X

    Un trés trés bel hommage bien merité à fortiori Derrière chaque grand homme il y a une femme, dit le proverbe Cette vérité sied parfaitement à Mariem qui est plus mauritanienne que TOus Merci N'Gam Seydou nous te rejoingnons dans ce vibrant hommage Ce 60e anniversaire de l'indépendance doit lui être dédié surtout qu'elle doit être actuellement affaibli par le long combat livré depuis toutes ces decennies C'est une femme extraordinaire qui reflète à tous les points de vue les convictions de feu Mokhar Paix à son âme NOus rendons également hommage à Mohameden, Azzedine et Faiza Daddah Une progéniture qui a hérité la probité et le patrioyisme des leurs parents

  • bleil (H) 27/11/2020 10:44 X

    Excellent rappel à ceux qui n'osent pas en parler ... tout en laissant aux historiens les efforts du président Mokhtar pour établir un état pour nos paisibles populations ! Ceux parmi nous qui ont un minimum de connaissance de l'histoire contemporaine sont de nos jours très inquiets de l'emprise des châtelains sur le pays et la trajectoire politique sinueuse emprunté depuis 1992 par le pays et qui se resume en un saccage incessant de nos valeurs cardinales et de l’écart abyssal entre une minorité "riche" et la majorité de sous-pauvre ...

  • Terrier (H) 27/11/2020 03:32 X

    Merci N’GAM pour cet émouvant témoignage .... cependant ton opinion n’est pas hélas partagée par la majorité des mauritaniens ! Je suis désolé de le dire par respect à elle et à la mémoire du président fondateur , mais c’est la réalité ! Marie n’a jamais aimé se confondre à la Mauritanie et encore moins l’épouser ! Autrement, elle aurait changé peut-être de religion , endosser pour une fois la melehfa ou le boubou féminin ! Je ne vous en rien elle se confond à la culture de ce peuple ...

  • Salem Vall (H) 26/11/2020 23:43 X

    Merci MR NGam. Tant qu’il y’a des mauritaniens comme vous, optimiste, positif et vrai, on ne peut qu’espérer le meilleur pour notre beau pays.

  • laagnal (H) 26/11/2020 23:09 X

    Merci Mr NGAM, un hommage très emouvant, oui sincèrement elle le mérite