01-12-2020 11:54 - Génocide de 1990 : Plaidoyer pour l'abrogation de la loi d’amnistie de 1993

Génocide de 1990 : Plaidoyer pour l'abrogation de la loi d’amnistie de 1993

Amadou Tidjane Diop - Il y'a trente ans déjà que des militaires négro-mauritaniens ont été sauvagement et froidement assassinés par leurs frères d’armes.

Cette abomination a atteint son comble, le 27 Novembre 1990, la veille de la commémoration de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, 27 d’entre eux furent pendus tout bonnement comme des bêtes de somme par le régime raciste de l’époque au commandement Ould Taya. Dans plus d'une dizaine de casernes militaires sur le territoire national, l'horreur qui a frappé a emporté près de cinq cent-soixante-douze (572) victimes.

Comme je l’avais déjà souligné dans mon article "halte à la discrimination: acte II" paru le 14 décembre 2015 (libre expression) je cite : "Les massacres perpétrés durant les années 1990 constituent, à tous les égards, un génocide pur et simple résultant d’une volonté clairement exprimée par le régime raciste de l’époque de vider la Mauritanie de sa composante noire".

Et, pour éviter tout amalgame et par soucis de clarté et d’objectivité, une clarification du terme « génocide » s’impose afin de lever le voile sur la réalité qu’il désigne. « Le génocide n'est autre qu'un crime ou une extermination systématique d'un groupe humain de même race, de même langue, de nationalité ou de religion par racisme ou par folie » selon la définition donnée par le Larousse français.

Par conséquent, la volonté ne serait-ce que prétendue de recherche d’une solution clairement exprimée partout dans le monde où il y a eu génocide devrait à moindre égard inspiré l'Etat Mauritanien jusque-là dans l'insouciance injustifiée. Cette injustice que rien ne justifiait constitue une bombe à retardement et son règlement, le seul impératif pour un vivre-ensemble dans la fraternité et la concorde.

Aujourd'hui, plus que jamais, les mauritaniens et les proches des victimes ont droit à la manifestation de la vérité concernant ces massacres qui ont entaché l’histoire récente de notre nation. En effet, pendant qu'une partie des Mauritaniens commémorent l'anniversaire de l'accession de notre pays à la souveraineté, d'autres se remémorent la perte d'un être cher et revêtent leur habit de deuil, un "linceul" de veuvage ou d'orphelinat éternel. Face à cette situation, il est clair que nous, citoyens, ne fixons plus les mêmes horizons et ne gardons plus les mêmes repères patriotiques.

Il est clair aujourd’hui, qu'avec la prise de conscience à travers l'émergence de cadres pour une unité d'action et de défense des victimes qu'il s’agisse des veuves, des orphelins, les rescapés militaires et civils, d'une part, et les proportions que prennent les voix qui s'élèvent, de plus en plus, pour réclamer justice, ne laisseront plus la place à l'indifférence de l'Etat qui se range derrière la loi controversée de 1993 pour ne pas corriger cette horreur.

Or cette loi reste nulle et demeure sans effet tant en droit moderne qu'en droit musulman. En effet du point de vue du droit moderne ces crimes de 1990 ne peuvent être prescriptibles ou amnistiés puisque relèvent tout simplement d'actes extrajudiciaires. Sur le plan de la charia qui est fondée sur le principe de protection et de sauvegarde du droit des victimes l'amnistie n'est pas admissible. Ainsi, la convergence de ces deux points de vue juridiques fragilise la loi de 1993 et l'expose sans équivoque à la controverse juridique susceptible de justifier son annulation.

Faudra t-il aussi rappeler en tout état de cause, que la prise de conscience est telle que chaque veuve ou orphelin peut décrire, au plus petit détail, la cruauté avec laquelle son époux ou son père a été assassiné.

D'ailleurs c'est ce silence inacceptable de l'Etat face à cette horrible affaire, doublé de surcroit de sa volonté de vouloir toujours se maintenir dans le racisme quotidien qui est à l'origine des réclamations et appels à la partition du pays ou à l'autonomie du sud. De notre point de vue, il est temps que l'Etat assume ses responsabilités. L' on n'est pas tenu forcément d'entrevoir une solution par voie judiciaire mais plutôt une approche de compromission à l’amiable souvent mis en œuvre, comme c'est fut le cas en Afrique du Sud à la fin des années 1990 ou au Rwanda en 1998.

Au delà de cette prétendue commission d'enquête parlementaire par laquelle on cherche à nous faire avaler une hypothétique rupture, l'assemblée nationale devrait plutôt engager une procédure d'abrogation de la loi scélérate d’amnistie et procéder, en remontant toute la chaine de décision à une enquête dans le souci de rendre justice aux ayants droits du GÉNOCIDE.

Cet acte est non seulement une exigence pour un devoir de justice mais demeure aussi une condition nécessaire à la réconciliation nationale, seul gage pour rebâtir un Etat unitaire et fédérateur où tous jouissent pleinement de leurs droits.

Amadou Tidjane DIOP, Président FRUD et Vice président CVE





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Commentaires (9)

  • CLNMYN (H) 02/12/2020 09:44 X

    Dans cette histoire de génocide parmi les responsables ont trouvé des peuls comme un ancien générale et un ancien responsable de air Mauritanie et d’autre qui doivent être juge eux aussi

  • maestro (H) 01/12/2020 23:10 X

    Mohawbarat idiote mais la crainte de perdre tous ses acquis sous la discrimination-l oppression-l exclusion la belle voiture-la grosse villa pleine des serviteurs l argent du thiebthieb a profusion sans diplome et sans competence. On tue un toucouleur il en repousse 2. On chasse un toucouleur il en naisse 4 machAllah cela veut dire fouta qui repousse

  • Buwuelm (H) 01/12/2020 21:12 X

    Moukhabarat a un sérieux problème. Elle devrait consulter un psychiatre. Chaque fois que je fais face à son pseudo, je me dis: encore elle, elle va certainement raconter d'autres idioties. Cette fille ne mesure pas l'impact que pourraient avoir ses propos insensés, sur certaines âmes sensibles. C'est vraiment triste pour elle.

  • Buwuelm (H) 01/12/2020 20:56 X

    leguignolm ! C'est le COVICIM qui, le 27 Novembre, avait publié une liste numérotée de 1 à 28. Seulement, un N° n'était pas renseigné, et c'est le 19. J'ai personnellement essayé d'attirer l'attention des dirigeants du collectif, qui je suis sûr, consultent CRIDEM, sur cette erreur. Malheureusement, aucune réaction n'est venue confirmer ou infirmer cette anomalie, jusqu'à aujourd'hui, avec cet article de M. DIOP;

  • moukhabarat (F) 01/12/2020 19:33 X

    Les toucouleurs fomentent des coup d'état et quand ils sont decouverts la main dans le sac ils crient au racisme des maures. Un peu de courage SVP.

  • leguignolm (H) 01/12/2020 17:17 X

    Mr, veuillez revoir la liste de nombre de pendus.

  • abdoull (H) 01/12/2020 15:45 X

    C'est avec des dénonciations continues faits par les leaders et les honnêtes intellectuels que le peuple conscient arrivera à déconstruire les injustices. Et surtout à éviter les conséquences dévastatrices de l'injustice.

  • hamaodo (H) 01/12/2020 15:17 X

    @ le philanthrope (***) ;cette loi a été votée en 1992 93 sous taya ;a l’époque aziz était un petit lieutenant simple;tu es amnésique ou tu est idiot.

  • Le Philanthrope (H) 01/12/2020 14:14 X

    La loi d'amnesty a était voté sous le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, c'est Aziz qui a fait voté cette loi pour rendre blanche comme neige les assassins comme vous dites, Ould Taya est parti et il ne reviendra plus jamais et il n'a pas fait voté cette loi contreversé, donc il faut s'attaquer a celui qui a fait voté cette loi et c'est AZIZ, le criminel économique, avait il raison de le faire, avait il l'intention de la faire pour blanchir un tissu noir, lui seul AZIZ pourra répondre devant les veuves, mais le vrai criminel c'est n'est pas celui qui a commis le crime, mais celui qui la blanchit et c'est AZIZ, celui qui il était une fois Président vo***eur de la Mauritanie, est ce le dernier, personne ne sait.