02-12-2020 17:16 - Frontex se défend de violer les droits de l’homme, des eurodéputés demandent une enquête

Frontex se défend de violer les droits de l’homme, des eurodéputés demandent une enquête

RFI - Alors que Frontex doit déployer au 1er janvier les premiers garde-côtes européens armés, l’agence européenne de garde-frontières est une nouvelle fois accusée de violations des droits de l'homme, notamment de tirs à balles en caoutchouc contre des canots pneumatiques de migrants.

Devant les eurodéputés, son directeur a affirmé mardi 1er décembre n’en avoir « pas de preuves », mais certains demandent une enquête parlementaire.

Interrogé par les eurodéputés mardi 1er décembre, le directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri, a affirmé qu'il n'y avait « pas de preuve de la participation » du personnel de l'agence européenne de surveillance des frontières dans des refoulements illégaux de migrants de la Grèce vers la Turquie.

Pourtant, l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes est une nouvelle fois pointée du doigt, cette fois-ci dans une enquête de plusieurs médias publiée en octobre, dont le magazine allemand Der Spiegel et le quotidien américain New York Times. Ils l'accusent d'être impliquée dans des incidents de refoulement de bateaux de demandeurs d'asile par les garde-côtes grecs.

Tirs à balles en caoutchouc sur des canots de migrants

Ces médias ont documenté six incidents de refoulements en mer Égée entre la Grèce et la Turquie, dont des tirs à balles en caoutchouc sur des canots pneumatiques de migrants, ou des manœuvres des vedettes destinées à déstabiliser les canots pour les contraindre à faire demi-tour.

Athènes a toujours rejeté les accusations de refoulements illégaux à ses frontières, que les ONG lancent régulièrement. Frontex, qui a déployé quelque 600 agents pour aider les garde-côtes grecs, a ensuite ouvert une enquête interne sur ces allégations.

« Nous n'avons pas trouvé de preuve d'une participation active, directe ou indirecte, de la part du personnel de Frontex ou d'agents déployés par Frontex dans des refoulements », a déclaré le directeur exécutif de l'agence, mis sur le gril par les eurodéputés de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures.

Le Français, dont certains ont réclamé la démission et qui s'exprimait par lien vidéo, a souligné à plusieurs reprises que les autorités grecques étaient responsables du commandement de ces opérations. Il a indiqué leur avoir signalé et demandé d'enquêter sur deux « situations » en avril et juillet dans lesquelles Frontex soupçonnait des violations des droits fondamentaux.

Il a également évoqué la situation « compliquée » en Méditerranée orientale, en raison des conflits frontaliers entre la Grèce et la Turquie.

« Un cas très grave et ce n’est pas la première fois »

Le responsable a « salué » l'enquête récemment ouverte par la médiatrice de l'Union européenne Emily O'Reilly sur l'action de Frontex face à ces accusations, ainsi que sur le rôle et l'indépendance de « l'officier aux droits fondamentaux » de l'agence.

Fabrice Leggeri, qui a reconnu des « carences », a notamment indiqué avoir proposé que l'Agence des droits fondamentaux de l'UE déploie du personnel pour surveiller l'action de Frontex. Malgré ses intentions, de nombreux députés européens ne cachent pas leur méfiance et demandent une enquête parlementaire. La vice-présidente néerlandaise du groupe Renaissance (dont fait partie le parti du président français Emmanuel Macron) Sophia In’t Veld en est l’une. Selon elle, il y a un problème de confiance vis-à-vis du patron de la plus grande agence de l'UE.

« Il faut faire une enquête pour connaître tous les faits, entendre toutes les personnes impliquées, les témoins, etc., parce que c’est un cas très grave et ce n’est pas la première fois. On a déjà eu des échanges avec Fabrice Leggeri plusieurs fois sur des accusations de violations des droits de l’Homme ou de non-respect. C’est évident qu’il y a un trou entre la responsabilité nationale et la responsabilité européenne, mais pourquoi n’a-t-il pas utilisé les moyens qu’il avait, par exemple ce fameux article 47 qui lui permettrait de suspendre l’opération ou bien suspendre le financement, pour poser des questions ? Puis, il y a la question, pourquoi n’a-t-il toujours pas recruté les 40 fonctionnaires qui doivent veiller sur le respect des droits de l’Homme ? Donc, il y a plein de questions. Moi et mon groupe, on est très favorables à une agence forte avec toutes les compétences. Mais évidemment, en même temps il faut avoir à 100% confiance en la personne qui gère cette agence.»

Par RFI





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Source : RFI
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