12-12-2020 07:00 - Le Maroc savoure sa « percée » au Sahara occidental

Le Maroc savoure sa « percée » au Sahara occidental

L'Orient-Le Jour - Le Maroc savourait jeudi son succès diplomatique après avoir obtenu du président américain sortant, Donald Trump, une annonce surprise reconnaissant sa « souveraineté » sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole qu’il revendique depuis des décennies, en contrepartie d’une normalisation de ses relations avec Israël.

L’annonce a été faite jeudi par un double tweet de M. Trump, le premier saluant comme une « avancée historique » les « pleines relations diplomatiques » entre le Maroc et Israël, le second annonçant qu’il reconnaissait la souveraineté du royaume sur le territoire désertique disputé et soutenait sa solution d’autonomie dans le processus politique piloté par les Nations unies.

La reconnaissance de la « marocanité du Sahara » est « une percée diplomatique historique », alors que la normalisation des relations avec Israël « s’inscrit dans une continuité “liée à la” spécificité du Maroc de par les liens entre le roi et la communauté juive », a souligné jeudi soir le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dans un entretien avec l’AFP.

L’annonce saluée en Israël comme un « accord historique » a suscité des réactions mitigée à travers le monde. Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a dénoncé « un péché politique qui ne sert pas la cause palestinienne », l’ONU a fait savoir que sa position restait « inchangée » sur le dossier du Sahara occidental, tout en affirmant que la solution « peut toujours être trouvée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité ».

L’ancienne colonie espagnole est à la fois revendiquée par les Marocains et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie, voisine et grande rivale régionale de Rabat. Des négociations pilotées par l’ONU sont au point mort depuis le printemps 2019. Si l’Algérie n’a pas encore officiellement réagi, le Polisario a condamné avec force « le fait que le président américain sortant, Donald Trump, attribue au Maroc ce qui ne lui appartient pas ».

La France a pour sa part salué hier la « reprise des relations diplomatiques » entre Israël et le Maroc, estimant que le conflit au Sahara occidental, un des enjeux de cette normalisation, n’avait que « trop duré », et qu’une issue « juste et durable » devait être trouvée. « Dans cette perspective, elle considère le plan d’autonomie marocain comme une base de discussions sérieuse et crédible », a souligné la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès von der Mühll. Moscou en revanche s’est montré critique, dénonçant hier la décision du président américain sortant comme « une décision unilatérale qui sort complètement du cadre du droit international », selon les propos du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.

« Grande puissance »

À la mi-novembre, le Maroc, qui contrôle les deux tiers du territoire, sa façade maritime poissonneuse et ses gisements de phosphate, avait déjà conforté ses positions sur le terrain en envoyant ses troupes dans une zone tampon jusque-là contrôlée par l’ONU pour « sécuriser » la seule route vers l’Afrique de l’Ouest, dans l’extrême sud. La situation reste tendue depuis, le Polisario ayant rompu le cessez-le-feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU.

Selon le chef de la diplomatie marocaine, c’est au terme de « plusieurs années de travail et de communication active » que les efforts diplomatiques du Maroc sur le dossier du Sahara ont été « couronnés par la reconnaissance des États-Unis, la grande puissance du Conseil de sécurité, acteur influent sur la scène internationale ».

Dans la balance : les États-Unis ouvrent un consulat à Dakhla, le grand port du Sahara occidental, le Maroc, lui, « rouvre non pas une ambassade, mais un bureau diplomatique » existant de 1994 à 2002, à l’époque où le roi Hassan II soutenait le processus de paix marqué par les accords israélo-palestiniens d’Oslo en 1993, comme l’a souligné un haut responsable diplomatique marocain.

Les médias israéliens avaient évoqué ce « deal » depuis plusieurs mois, sans réaction officielle côté marocain. Hormis le Premier ministre, Saad-Eddine el-Othmani, qui avait vigoureusement condamné en août dernier « toute normalisation avec l’entité sioniste » en jugeant « toute forme de concession inacceptable ». Jeudi, le chef du gouvernement marocain s’est abstenu de tout commentaire. Parmi les rares voix dissidentes, son conseiller Nizar Khairoun a souligné sur Twitter que « le Sahara est marocain et Israël une entité occupante qui usurpe les droits des Palestiniens ». Mais il ne formule aucune critique directe de l’annonce faite par le roi concernant Israël, en phase avec la règle de fer qui impose aux Marocains le respect absolu de leur monarque.

En écho, sur les réseaux sociaux marocains, le hashtag « la normalisation est une trahison » était hier parmi les plus populaires, mais loin derrière le hashtag « Sahara ». La presse marocaine titrait, elle, sur le Sahara, à rebours de la presse internationale focalisée sur le volet israélien. Tout autant que le « Sahara marocain », la cause palestinienne est considérée comme une « cause nationale » au Maroc, mobilisant partis politiques et ONG opposés à toute normalisation avec « l’entité sioniste ». À la mi-septembre, quelques centaines de Marocains avaient ainsi manifesté à Rabat contre la « voie de la normalisation arabe » avec Israël en dénonçant les « pays traîtres » à la cause, à l’époque les Émirats arabes unis et Bahreïn. Cependant, le roi Mohammad VI a assuré jeudi soir au président palestinien, Mahmoud Abbas, la poursuite de « l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste ».

Source : AFP





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Commentaires (2)

  • leguignolm (H) 12/12/2020 11:14 X

    Voilà ce qu’on appelle un troque politique !

  • nabuchodonosor (H) 12/12/2020 07:38 X

    La France (de Macron), les Etats Unis (de Trump) et Israel (de Netanyahou) soutiennent le Roi du Maroc. Quel honte pour ce soi disant Emir Elmouminine de coaliser avec le diable Macron, le clown Trump et le criminel Netanyahou pour piétiner les interets du peuple palestinien et les sentiments des musulmans du monde entier sans parler de la honte qu'il fait subir au peuple marocain dans cet affront historique. Pitoyable