18-12-2020 07:45 - Politique: Ghazouani attendu sur tous les fronts

Politique: Ghazouani attendu sur tous les fronts

Mauriweb - Très tôt assailli par une forte demande populaire de changement, le président Ghazouani veut y répondre mais à sa manière et à son rythme.

Les populations sont pressées et elles ont raison. Elles espéraient une rupture avec les symboles du passé. Elles ont raison. Elles continuent, stoiques, de scruter l’horion pour voir ce changement de cap. Tout s’est vite précipité pour le président Ghaouani dès son accession aux commandes en août 2018.

Les relations exécrables avec son prédécesseur et ancien ami Mohamed Ould Abdelaziz, au sujet du parti, ont sans doute marqué d’une pierre noire le début du règne de Ghazouani qui, paradoxalement, a connu un répit inattendu du côté de l’Opposition traditionnelle.

-Un lourd héritage-

En accédant au pouvoir, le nouveau locataire du palais ocre, ne se doutait sans doute pas de l’ampleur de la ruine de l’Etat. Une situation pointée du doigt par son ex-premier Ministre, Ould Cheikh Sidiya, devant le Parlement.

Rien que 80 milliards dans le trésor public et un endettement extérieur de près de 100%. Personne n’en croyait ses oreilles tant la gabegie avait gangrené et hypothéqué la vie du pays. Une réalité vite mise en exergue par les investigations de la commission d’enquête parlementaire en 2020, à l’origine de la démission de certains ministres noyés jusqu’au cou par la dernière décennie dont ils étaient acteurs déterminants et qui focalisent encore aujourd’hui l’ire des populations.

-Un cadeau empoisonné-

C’est dans ce décor économique kafkaïen que le président avait inauguré son premier mandat doublé, dès mars 2020, par l’irruption de la première vague de la Covi-19 dans le pays. Le report d’exploitation par BP du projet gazier Ahmeyim (avec le Sénégal) toujours en souffrance et les inondations estivales ont encore réduit les marges de manœuvres du nouveau gouvernement. Malgré ces déconvenues –et les attaques personnifiées contre lui- Ghazouani n’a pas voulu corroborer cette banqueroute dont il a héritée.

Il faut le reconnaitre –contrairement à la seconde vague- l’Etat s’est voulu proactif pour contenir les impacts pervers de la pandémie sur la santé et l’économie du pays. Mais la facture s’est révélée lourde. Quatre milliards deux cent millions MRO ont ainsi alloués à 186.293 familles au niveau de 8119 localités.

Le défi de la pandémie sera un leitmotiv dans les différents discours du président invitant les citoyens à plus de solidarité et de précautions. Mais le président n’a pas perdu de vue la dimension «externe » au défi invitant les donateurs à « une annulation intégrale et immédiate de la dette des pays africains, pour leur permettre de faire face aux conséquences désastreuses de cette crise et contribuer au financement des Objectifs de Développement Durable (ODD) dont la réalisation est aujourd'hui, plus que jamais, compromise ».

-Héritage encombrant-

C’est donc un président sur tous les fronts qui semble, au plan intérieur, «joué » avec les nerfs de l’Opinion avec le retour à la gestion des affaires publiques de personnalités soupçonnées avoir pris part au dépeçage du pays pendant les 10 dernières années.

Paradoxalement, cet héritage du «personnel » de l'ancien régime est encore plus encombrant pour l’opinion dont une frange désespère au rythme des nominations de ces «damnés » politiques.

Mais en jouant avec les nerfs de ses soutiens de première heure, le président Ghazouani joue avec le feu. Il est vrai que l’homme, en si peu de temps, face à l’adversité, a bien fait ses preuves d’homme d’Etat. Sa stratégie faite de fins calculs politiques et de discrétion qu’il a toujours su cultiver autour de ses motivations personnelles, paient en attendant d’avoir les coudées assez franches pour donner écho à la demande populaire et ainsi finir avec l’impression donnée de vouloir « faire du nouveau avec de l’ancien».

Le président est, sur ce registre, toujours attendu pour conjurer la déception.

Jedna DEIDA




Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 4
Lus : 3223

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (4)

  • Marrakech (F) 19/12/2020 12:38 X

    Quand un président n'a pas une opposition crédible qu'il respecte, il fait ce qu'il veut et dans le cas de Ghazwani, cela signifie ne rien faire si ce n'est des promesses et attendre (attendre quoi, au fait ?)

  • nemahaidara (F) 18/12/2020 21:24 X

    Monsieur à vous lire on a l'impression d'entendre un journaliste étranger qui analyse à froid la situation politique . Je n'ose pas croire que vous êtes indiffèrent face aux problèmes du peuple , pour ne pas mettre le doigt là où il faut . Je n'ose pas croire aussi que votre point de vue de Sirius soit" intéressé par quelque chose"… Sinon comment ne pas voir que depuis 1978 on est toujours sous les bottes des militaires qui se succèdent parfois violement , parfois en douceur , parfois avec des mises en scène bien précises afin de continuer à opprimer le peuple dans sa diversité , et d'enrichir leur clan (comme en Algérie). Si en Algérie ils ont laissé tomber des miettes pour construire quelques infrastructures , chez nous ils sont allés jusqu'au fond des caisses , télescopant chaque fois que c'est nécessaires les populations à travers des mesures sectaires circulaire 02, réforme de 1983, suppression de l'ILN massacres et déportations , loi d'amnistie , vote d'une constitution imposée ...etc Non personne n'est dupe même pas ceux qui veulent faire semblant de l’être pour plaire . Ce général =son prédécesseur qui a poursuivi (en mettant des gants la politique) de TAYA qui lui même .... Comment peut on être ami pendant 40 ans et décider ensemble de tout pendant 15 ans et se retrouver opposé comme par enchantement ?

  • hayerim (H) 18/12/2020 11:27 X

    Malheureusement pour nous, avec chaque nouveau président, la déception est toujours au rendez-vous. Ghazouany ne fera pas exception au vu de ce qui se fait comme politique actuellement. La cécité des militaires qui ne voient pas plus loin que leur proche cercle vicieux de politicars en est la principale cause. Reprendre les mêmes et recommencer semble être leur crédo...malheureusement pour nous!

  • hamadel (H) 18/12/2020 09:10 X

    Aziz yo gazwani yo mbourou fof ko farine ko kif-kif (***)