19-12-2020 14:30 - Maroc-Mauritanie: relations bilatérales et géopolitique régionale, l'ambassadeur Hamid Chabar fait le point

Maroc-Mauritanie: relations bilatérales et géopolitique régionale, l'ambassadeur Hamid Chabar fait le point

Le360afrique - Dans une récente interview, l’ambassadeur du Royaume du Maroc en Mauritanie, Hamid Chabar, parle du caractère «stratégique» des relations entre Rabat et Nouakchott, des récents développements géopolitiques dans le Maghreb et du succès diplomatique du Royaume sur la question du Sahara marocain.

L’ambassadeur du Maroc en Mauritanie Hamid Chabar, en poste depuis juin 2018, fait un tour complet des relations entre Rabat et Nouakchott, bâties par la géographie, l’histoire, les liens spirituels et une fraternité à toute épreuve, dans un entretien avec le site d’information arabophone en ligne «Al Akhbar».

Des rapports politiques, des échanges économiques et la proximité culturelle donnent aux relations une dimension stratégique dans de nombreux secteurs, souligne-t-il.

Le diplomate développe un argumentaire duquel il ressort que «les relations entre les 2 pays sont excellentes, ont connu un développement rapide et une dynamique sans précédent au cours des deux dernières années, comme en témoigne le rythme croissant des visites réciproques de ministres et hauts fonctionnaires en charge des différents secteurs».

Ainsi «le Royaume du Maroc est le premier fournisseur africain du marché mauritanien, avec une part de 50%. Il est également le premier investisseur en Mauritanie. La Mauritanie importe du Maroc annuellement, 660.000 tonnes de divers produits, dont les fruits et légumes ne constituent que 13% de ce volume. En revanche, les produits industriels sont à l’avant-garde de ces échanges, notamment les emballages, les fournitures en carton, les produits en plastique, les générateurs et fournitures électriques, les médicaments et équipements médicaux, en plus du matériel et des intrants nécessaires aux secteurs industriel et agricole, tels que les pièces de rechange, les huiles industrielles, les engrais et les produits chimiques».

Par ailleurs, l’ambassadeur Hamid Chabar a rappelé la forte présence des entreprises marocaines sur le marché mauritanien, notamment «dans les secteurs des télécommunications, de la banque, de la distribution domestique de gaz, de la fabrication de ciment et de matériaux de construction, la valorisation des produits de la pêche opérée par les petites et moyennes entreprises, et autres dans le domaine des services».

Le diplomate a révélé «qu’il y a [eu] 42 échanges de visites officielles pendant cette période, malgré les répercussions de l’épidémie du coronavirus (Covid-19), qui a considérablement affecté l’activité diplomatique bilatérale, régionale et internationale. Sa Majesté Mohammed VI et le président Mohamed Cheikh El Ghazouani ont exprimé, à l’occasion d’un récent appel téléphonique, leur grande satisfaction au sujet du développement rapide que connaît la coopération bilatérale, ainsi que leur grande volonté de la consolider et de la hisser à un niveau à même de permettre l’approfondissement des rapports entre les 2 pays, l’élargissement de ses perspectives et la diversification de ses domaines».

Illustration des propos du diplomate: des entreprises telles que la Mauritel, filiale de Maroc Telecom et opérateur historique dans ce domaine, Attijari Bank Mauritanie, Ciment du Sahel… font partie du paysage économique au quotidien du peuple mauritanien.

L’excellence de ces rapports est également matérialisée par la coopération et les échanges «au niveau culturel, la tenue de la réunion de la Commission militaire mixte mauritano-marocaine au début de l’année 2020, et la création d’un groupe d’amitié parlementaire mauritano-marocaine…».

Abordant la géopolitique régionale, l’ambassadeur Hamid Chabar a salué la décision du gouvernement américain de reconnaître la pleine souveraineté du Maroc sur la région du Sahara marocain.

Celle-ci «est en conformité avec les résolutions du Conseil de Sécurité qui, depuis 2007, considèrent que la proposition marocaine d’autonomie est sérieuse, crédible et réaliste, et permettrait de trouver une solution définitive à ce conflit».

L’ambassadeur est également revenu sur la réouverture du passage frontalier de Guerguerat (500 kilomètres au nord de Nouakchott et 55 km de la ville de Nouadhibou) à la circulation des personnes et au trafic de marchandises, soulignant «que l’intervention marocaine a été saluée par tous les pays, notamment les Etats arabes, africains, européens et américains».

A signaler que le blocus par les séparatistes du Polisario de ce passage frontalier qui conduit vers la Mauritanie est une violation d’un cessez-le-feu en vigueur depuis 1991.

Depuis l’opération marocaine du 13 novembre 2020, la propagande du Polisario fait état de «combats» imaginaires. Cet entretien est le premier que l’ambassadeur du Maroc accorde à un média mauritanien.

Cependant, il convient de rappeler une tribune du diplomate plaidant en faveur de la coopération Sud-Sud, dans la perspective d’une gestion collective des effets de l’après-pandémie du coronavirus (Covid-19), publiée il y a quelques mois.

Par De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck





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Source : Le360Maroc
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Commentaires (1)

  • activiobservat (H) 19/12/2020 14:34 X

    Notre coopération avec ces pays frères et voisins de la région (Algérie, Maroc…) doit obéir à des règles de fraternité mais aussi de prudence, surtout quand on va conclure des accords de coopération avec ces pays il vaut mieux toujours le faire en présence d’un partenaire international (une grande nation comme la France, les Etats-Unis…) qui peut garantir l’exécution loyale de ces accords. Ces pays frères et voisins sont beaucoup plus forts que nous sur le plan militaire et économique et leur l’histoire passée et récente nous prouve toujours qu’ils n’hésitent pas à avoir des visées sur notre souveraineté et sur nos ressources.

    Le même raisonnement est valable pour notre coopération avec les autres pays frères arabes plus lointains. Tous ces pays sont certes nos frères mais ils n’arrivent pas encore à être capables de se respecter mutuellement sans une intervention du système international. Cela viendra avec le temps et la bonne éducation démocratique.

    Il faut voir la réalité en face. En 1977, l’invasion mauritanienne du Sahara au côté du Maroc avait déstabilisé le pays. La France avait décidé d’intervenir militairement avec l’envoi d’une force interarmes d’environ 350 hommes principalement des forces aériennes équipées d’appareils ultrasophistiqués pour l’époque : des avions de combat Jaguars, des ravitailleurs C-135F, des Brequet Atlantic en guise de PC volant, des transports aériens DC8, Transall et des Nord 2 501.

    Face aux attaques du Polisario appuyé par l’Algérie, les forces de l’armée française engageaient des ripostes avec des SEPECAT Jaguar qui étaient basés à Dakar au Sénégal, sur la B.A. 160 Ouakam et détruisait les colonnes motorisées dans le désert qui devaient battre en retraite.

    A l’origine de cette maudite guerre fratricide, haïe et regrettée avec nos frères sahraouis, il paraît que feu Moctar Ould Daddah était dans l’embarras, entre le marteau et l’enclume. D’un côté, les forces encombrantes du Maroc et de l’Algérie qui s’observent dans cette affaire en chiens de faïence, et de l’autre côté, les frères Sahraouis qui, sous l’influence de l’Algérie, ne voulaient aucunement accepter l’accord tripartite -traité de Madrid de novembre 1975- par lequel l’Espagne transférait l’administration du Sahara au Maroc et à la Mauritanie, tout en souhaitant que les populations du Sahara puissent accéder plus tard à l’autodétermination.

    Le Polisario appuyé par l’Algérie était alors entré en guerre contre les forces du Maroc et de la Mauritanie. Dans cette situation, le Polisario aurait pu s’épargner un front dans cette guerre, le front de la Mauritanie et de faire preuve historique du lien spécifique entre les deux peuples et considérer que cette partie du Sahara est sous administration de leurs frères mauritaniens en attendant des jours meilleurs, comme le dit d’ailleurs l’accord tripartite, pour accéder plus tard à l’autodétermination.

    Ils n’ont pas agi de la sorte. Pourtant cela était la bonne stratégie pour préserver la dignité et le sang sahraoui et mauritanien, mais ils ne pouvaient le faire car ils étaient déjà complètement entre les griffes de l’Algérie. Et c’est dommage que ces populations, pourtant de vocation guerrière et capables de sacrifices, ne pensent toujours pas à ces options stratégiques.

    Cela viendra avec temps. Avec le temps, ces populations de part et d’autres comprendront les dangers qui les entourent et la communauté de destin qu’ils ne peuvent ignorer. Avec le temps, on peut espérer que le Maroc et surtout l’Algérie vont se lasser de jouer avec le sang, la chair et l’honneur de ces nobles populations.