21-12-2020 09:12 - Soutenance de thèse de doctorat en sociologie par Baye Tidiane Diagana [Photoreportage]
Le 11 décembre 2020, Baye Tidiane Diagana présentait une thèse pour l’obtention du titre de Docteure en Sociologie de l’université de Bordeaux. Covid-19 oblige, l’évènement s’est déroulé à Nouakchott, en présence de personnalités, d’amis, des parents, de membres de la société civile, d'institutions nationales et internationales.
Sous la direction de Eric Macé, professeur des universités, université de Bordeaux, la thèse porte sur « Arrangements de genre en crise et formes de violences : le cas de la société maure de Mauritanie ».
Baye Tidiane Diagana est diplômée (Licence en Sociologie) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal, de l’Université Hassan II de Casablanca au Maroc où elle a obtenu un master en Genre, Société et Culture, de l’Université de Limoges où elle a décroché un autre master en Sociologie (spécialité Problèmes sociaux et enquêtes sociologiques).
Les membres du jury ont salué la qualité de cette Thèse (506 pages) ainsi que la démarche, le courage et l'engagment de Baye Tidiane Diagana, avant de lui décdrner le titre de Docteure en Sociologie.
Résumé de la Thèse de Doctorat :
Le point de départ de cette thèse constitue le décalage entre, d’un côté, le récit fait sur et par les Maures de Mauritanie (c’est-à -dire les groupes beidane et harratine) concernant la particularité de leurs rapports de genre, et d’un autre côté, les types de problèmes observables (anciens ou nouveaux) auxquels ces relations de genre sont dorénavant confrontées.
De par son caractère atypique, du fait de certaines dimensions matriarcales de tradition berbères qui jusqu’alors distinguait ce groupe des autres groupes voisins de Mauritanie (Peulhs, Soninkés et Wolofs, dits Négro-mauritaniens) et du monde arabe en général, la société maure a fasciné beaucoup d’écrivains et intéressé les chercheurs qui en ont fait leur terrain d’étude.
Il est ainsi souvent considéré que les femmes maures (ou Mauresques) :
a) occupent une place particulière au sein de la famille et de la société où elles jouent un rôle important et savent s’imposer, b) n’exercent pas d’activités professionnelles mais sont très exigeantes économiquement vis-à -vis de leurs époux, c) ne se font pas violenter par la population masculine, particulièrement par leurs maris, d) savent garder leur place d’unique épouse et possèdent de la répugnance à l’égard de la polygamie qu’elle n’admettent pas, e) divorcent d’autant plus facilement que cela renforce leur capital social et symbolique auprès des autres hommes.
De nos jours, ces affirmations doivent être relativisées car la société maure est en pleine et profonde transformation. Beaucoup de comportements masculins ou féminins développés et acceptéshier sont/commencent, aujourd’hui, à être rejetés par l’un et/ou l’autre genre ou même par une partie, pour ne pas dire la plupart,des Maures.
De ces transformations sociales, des violences de genre sont observées et dénoncées, certaines d’origines anciennes et souvent occultées, et d’autres plus nouvelles.
Dans tous les cas, ces violences de genre au sein du groupe maure apparaissent comme un angle mort de la recherche et de la plus grande part de la littérature disponible. C’est la prise en compte de ces transformations et de l’actualité de ses effets sur les violences de genre qui fait l’originalité de ce travail de thèse. Les questions de départ, auxquelles répond cette thèse, sont les suivantes : quelles sont les bouleversements sociaux de genre que connait l’organisation sociale maure actuelle ?
En tenant compte de ces transformations sociales, quels en sont les effets sur les rapports de genre et sur les expériences genrées de la vie sociale ? Et parmi ces effets et ces expériences, quelles en sont les formes genrées de violence, qu’elles soient considérées comme « anciennes » mais dorénavant dénoncées, ou bien comme « nouvelles » ? Quelles sont les spécificités sociales et de genre, d’une part au sein du groupe Maure (les Beïdanes comparés aux Harratines), et de l’autre, de la communauté maure comparée à celle négro-mauritanienne –Peulh, Soninké et Wolof -tout en sachant que ce groupe n’est pas homogène non plus.
Ainsi, cette problématiquelaisse comprendre que ce travails’intéresse auxdifférentes formes de violence de genre qui existent au sein des divers groupes mauritaniens (maure et négro-mauritanien) mais tout en se focalisant davantage sur l’objet d’étude qui est la société maure –qui renferme les Harratines et les Beidanes.
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