Terroir Journal - Dans le cadre de la mise en œuvre de son programme intitulé « Renforcement des capacités en éducation civile de 100 jeunes de la Commune de Boghé visant à promouvoir la cohésion sociale, l’éducation civique, le genre et la participation citoyenne », le Consortium ATED/CPB (Association Terre Espoir pour le Développement /Coopérative Peinda Boukari), a organisé ce samedi 26 décembre 2020, dans les locaux de son siège à Boghé, une journée d’échanges entre 20 jeunes (filles et garçons) issus de différentes communautés sur la problématique liée à la cohésion sociale.

Après la lecture de quelques versets de Coran, les débats modérés par MM. Lam Aliou et Yérim Diop ont fait un tour d’horizon de la coexistence pacifique qui a prévalu entre les communautés qui ont vécu au fil des siècles dans cette aire cosmopolite que constitue la commune de Boghé.

Les aînés ont tour à tour présenté l’historique des rapports sociaux entre les différentes composantes de la population de Boghé qui ont tissé des liens de sociabilité mais aussi des liens économiques et des alliances politiques.

Ces liens avaient abouti à une véritable intégration sociale fondée sur des mécanismes de solidarité (normes et valeurs communes acceptées) : échanges de biens (troc), octroi de terres aux nouveaux arrivants, mariages mixtes, signature de pactes de paix, mise sur pied de mécanismes de prévention des conflits etc.

Pour tous les intervenants, ces rapports ont été favorisés jusqu’à la fin des années 80 par l’école républicaine qui rassemblait tous les fils de la Nation quelles que soient leurs origines raciales ou ethniques. Les enfants de l’époque se côtoyaient, mangeaient ensemble, jouaient ensemble brisant ainsi toutes les barrières ethnolinguistiques.

Par contre, aujourd’hui, force est de constater que ces liens ont été rompus pour des raisons diverses imputables aux idéologies et politiques chauvines développées au plus haut sommet de l’Etat par des courants qui tiraient profit des divisions pour se pérenniser au pouvoir.

Ce constat amer est partagé par tous les intervenants qui ont vécu les deux périodes. Nous vivons une époque marquée par un repli identitaire qui a érigé des barrières et des stéréotypes entre nos communautés créant ainsi un climat de méfiance et de préjugés.

Dans une ville cosmopolite comme Boghé, il s’avère plus que jamais nécessaire de restaurer les mécanismes de prévention des conflits pour que les générations actuelles et futures puissent vivre en parfaite harmonie.

Ainsi, les participants ont proposé une ébauche de solutions pour résoudre la problématique de la cohésion qui est un gage de paix et de développement.

Parmi celles-ci, on peut citer notamment les causeries interfamiliales, une réforme de l’école qui intégrerait toutes les langues nationales, la restauration des internats, la condamnation publique de propos à relents communautaires, l’organisation de soirées culturelles et de conférences sur l’histoire et la sociologie des peuples qui ont vécu dans cet espace géographique en insistant sur les facteurs qui avaient favorisé leur unité et leur cohésion.

Notons que ce projet exécuté par l’ATED et la CPB sur financement de l’UE et OXFAM sous la supervision de ROSA, a pour objectifs de « contribuer à l’amélioration des connaissances des jeunes mauritaniens dans les domaines des droits humains, des droits et devoirs des citoyens et citoyennes, de promouvoir la cohésion sociale, l’éducation civique et le genre dans la commune de Boghé et d’améliorer les connaissances des populations sur la COVID 19 et les mesures barrières ».

Cette formation est la 4e du genre exécutée par le Consortium depuis le démarrage du projet en octobre dernier après les droits de l’enfant, la citoyenneté et le leadership.

Cette journée de réflexion et d’échanges a été marquée par la présence du président de l’ATED M. Sall Amadou Silèye, de la Chef du projet, Mme Salimata Oumar Lam entourée de ses collaborateurs et de personnes ressources (jeunes et adultes) issues d’horizons divers. Un document de synthèse immortalisera ce riche débat qui ne manquera pas de contribuer à la résolution de cette épineuse question qui entrave notre marche vers le progrès.

Abdoulaye Dia
camadia6@yahoo.fr