11-06-2021 07:00 - Guerre du Sahara : L’EMBUSCADE DE OUAD ENNOUS / Par le colonel (E/R) Mohamed Lemine Ould Taleb Jeddou

Guerre du Sahara : L’EMBUSCADE DE OUAD ENNOUS / Par le colonel (E/R) Mohamed Lemine Ould Taleb Jeddou

Adrar-Info - Très tôt, le matin du 06/01/ 1976, la ville de Bir Moghrein est harcelée par un tir mortier. A 07H40 un obus explose à côté de la préfecture. Un deuxième obus, puis un troisième, puis c’est la fin du harcèlement qui ne dure pas plus d’une dizaine de minutes. Les assaillants se replient vers le nord.

C’est le branle-bas de combat des unités. Le Capitaine Soumaré Silman, commandant la garnison, réagit en engageant une poursuite avec les deux unités opérationnelles disponibles.

La 1ère Compagnie des Commandos Parachutistes (1 CCP) est commandée par le capitaine Niang Ibra Demba , secondé par le sous-lieutenant Sall Saidou avec un encadrement de sous-officiers dont l’Adjudant Diarra Birama, le S/c Aoueinatt, le sergent Bah Ould Amar, et le sergent Sidi Ould Nema.

Le deuxième Escadron de Reconnaissance (2 ER) est commandé par le lieutenant Sidi Mohamed Ould Sabar, secondé par le sous-lieutenant Sarr Ousmane.

Les deux unités sont déployées de part et d’autre de la ville en direction de Ouad Ennous, situé à une dizaine de kilomètres de la ville.

Le 2 ER sort par la porte Nord de la garnison et passe entre la ville et Galb Ennesrani, un petit mamelon à un kilomètre à l’est de Bir Moghrein.

La 1 CCP sort par la porte ouest, longe la piste d’atterrissage, contourne la ville et se dirige vers le nord.

Le Capitaine Niang Ibra Demba, un officier de commandement affirmé et un meneur d’hommes, d’une bravoure telle que certains étaient convaincus qu’il était invulnérable, roule en tête des unités dans son véhicule de commandement. Les deux unités font jonction vers 09 H 00 à Oud Ennous.

La zone d’engagement des unités est un terrain accidenté divisé en deux par Ouad Ennous, un lit de cours d’eau desséché et parsemé d’arbustes, large d’une cinquante à une soixante de mètres et long de près de quatre kilomètres, drainant la plaine dans une direction Nord-ouest – Sud-est et faufilant ses vastes méandres parmi des ravins surplombés de rochers et de collines, le terrain idéal pour les embuscades et les missions défensives.

Le capitaine Niang Ibra Demba, commandant la 1CCP, et assurant le commandement de l’ensemble, en l’absence du Capitaine Soumaré Silman resté à la garnison pour finir une communication avec l’Etat-major, répartit les missions entre les deux unités et s’engage dans l’oued à la tête de l’élément de sûreté du 2 ER.

La 1CCP, en soutien, suit en retrait dans le sillage du 2 ER.

Après avoir parcouru la moitié de l’oued, l’élément de tête du 2 ER pénètre à son insu dans le dispositif mis en place par l’ennemi.

Les véhicules ayant effectués le harcèlement n’était en réalité qu’un appât dont la mission consistait à entrainer les unités dans l’embuscade.

L’élément arrêt-destruction de l’ennemi ouvre le feu aussitôt à partir des hauteurs contrôlant l’oued en tentant de couper les véhicules engagés du gros des unités.

Les deux unités réagissent par le mouvement et par le feu, offrant la couverture feu nécessaire à l’élément d’éclairage qui manœuvre pour sortir de la nasse.

La pièce du mortier 81m/m commandée par le Sergent-Chef Ahmedou Ould Elhadj et servi par le caporal Brahim Fall, mettant à profit de petits escarpements et des arbustes de l’oued, finit sa mise batterie et déclenche des tirs sur les emplacements de l’ennemi.

La 1 CCP se porte au niveau du 2 ER et les deux unités s’accrochent au terrain et ripostent. Le capitaine Soumare Silman rejoint ses unités et prend les choses en main.

Le véhicule du Capitaine Niang Ibra Demba s’ensable. Le capitaine est atteint mortellement par une balle à la nuque. Le caporal Cheikh Diop, le chauffeur du capitaine, tout en se démenant pour sortir le véhicule, rend compte du décès du capitaine.

L’ennemi tenant les points dominants s’agrippe au terrain. La friabilité de l’oued et les ravinements profonds n’offrent aucune liberté de manœuvre.

La 1CCP et le 2 ER stabilisent leurs dispositifs respectifs et l’accrochage continue jusqu’aux environs de 13h00. Puis l’ennemi décroche en direction de Gara Vogara.

Pendant le ratissage effectué après l’accrochage, les unités trouvent les corps du capitaine Niang Ibra Demba et du Caporal Cheikh Diop assis dans la Land Rover et les corps du Caporal Faye Mohamed et du Soldat de 2Cl Ahmed Mahmoud Ould Said Ould Homody dans l’oued.

Mohamed Lemine Ould Taleb Jeddou

Extrait de « La Guerre sans Histoire »

Vifs Remerciements au Lieutenant BRAHIM FAll



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Commentaires (4)

  • hamaodo (H) 11/06/2021 12:24 X

    eh bien oui :c'estait comme l'embuscade de gleuibatt legleuya au nord d'aoussered;ou c'etait l'artillerie qui était devant les troupes commandées par un capitaine qui traînait derrière;pris dans une nasse les soldats dont les VHL se sont ensables se battaient au coorps a corps.

  • hamaodo (H) 11/06/2021 11:09 X

    commandement nul de l’époque;on ne s’engouffre pas dans un oued sans MRT ;méthode de raisonnement tactic ;c'est le minimum a faire.et un capitaine qui fonce tète baissée devant ses hommes c'est quoi ca? comment peut il commander? n'ayant aucune vue d'ensemble.

  • Chenguitien 2019 (H) 11/06/2021 10:58 X

    Mon colonel, je suis un fils du nord, vos récits nous donnent beaucoup d'émotions et nous rendent fiers de nos grands hommes qui, à chaque fois enrichissent et rentrent dans l'histoire de ce pays. malheureusement sans des hommes comme vous ces grands hommes seront oubliés par les nouvelles générations. ou peut on se procurer vos écrits? il serait importants de réaliser une revue sous forme de Band dessinée pour nos jeunes et surtout nos écoliers. encore merci mon colonel.

  • Terrier (H) 11/06/2021 07:51 X

    C’est difficile de faire la guerre sans moyens nécessaires, en particulier les moyens de reconnaissance aérienne...