14-03-2024 11:11 - La dialectique du maître et de l'esclave : le cas spécifique de Biram Dah Abeid

La dialectique du maître et de l'esclave : le cas spécifique de Biram Dah Abeid

Le grand philosophe allemand Georg W F Hegel, précurseur de Karl Marx dans une certaine mesure, nous a légués des écrits très intéressants sur la dialectique du maître et de l'esclave. Des écrits encore d'actualité car il s'agit d'un récit analytique de l'histoire humaine.

Et puisqu'il n' y a sur notre planète autre sujet plus important que l'être social déterminé par sa conscience et sa condition, nous serons en mesure d'affirmer que notre pays la Mauritanie est un réceptacle fertile à la compréhension de la dialectique du maître et de l'esclave, eu égard à son histoire. Parce que Hegel dans sa dialectique se base sur la thèse paradoxale selon laquelle le travail aliéné de l'esclave est aussi la voie de sa libération.

L'esclave, par le produit de son travail, peut renverser le rapport de domination pour se retrouver dans l'accomplissement du monde, à savoir l'égalité, selon le philosophe allemand du 19éme siècle. Mais l'on doit s'interroger, pourquoi certains maîtres s'attachent à l'idée d'avoir des esclaves même si ces derniers ne travaillent plus pour eux, ou ne sont plus sous leurs toits?

Aussi pourquoi certains haratines en Mauritanie, dont Biram Dah Abeid, le président de l'IRA acceptent-ils encore de conserver de relations tacites voire décomplexées d'assujettissement d'avec leurs anciens maîtres, au point de compromettre ou d'aliéner davantage leur libre-arbitre? Biram Dah Abeid est-il vraiment le hartani aux idées salvatrices ou cultive-t-il cette ambiguïté démagogique dont les recettes, surtout matérielles ne bénéficient qu'à lui et sa famille nucléaire, comme d'ailleurs tant d'autres descendants d'esclaves aussi manipulateurs que le président de l'IRA-Mauritanie ?

A/ BIRAM DAH ABEID : populiste ou opportuniste, voire....les deux mon capitaine ?

Son cœur bat plusieurs dizaines de pulsations par minute comme un marathonien kényan dans sprint final. Et surtout quand les démons le poussent à narguer son vis à vis. Son débit vocal logorrhéique va plus vite que celui d'un griot mandingue( le Mandingue dont il se dit originaire) chantant les louanges de qualité de son prince bien-aimé. Ce qui fait également la force de Biram Dah Abeid, c'est sa maîtrise du Hassanya, un dialecte dont la sémantique doctrinale est dérivée de l'Arabe, une langue riche en vocabulaire.

Sur cette portion du globe, que ce soit chez les Maures ou les Peuls, le verbe est roi, et celui qui le manie bien comme le brillantissime griot maure Sedoum Ould Ndjartou, sera craint, comme on craint encore de nos jours le sorcier du village. Quand Biram étale sa synonymie de mots au bout de deux ou trois phrases, les visages des Maures se crispent, deviennent pâles, soit pour admirer une verbosité incoercible, soit pour condamner une sémantique ignominieuse. Une auto-flagellation. Biram en parlant hassanya, ne laisse jamais indifférent et il l'a compris, lui qui a baigné dans la culture de l'Iguidi, berceau de la culture maure.

Le grand stratège chinois Sun Tzu dans un manuscrit (l'Art de la Guerre) a dit avant Biram:" apprends à connaître ton ennemi, un ennemi connu est à moitié vaincu". Les Maures sont déjà subjugués par les mots, malgré les maux dont ils sont l'objet de la part de Biram Dah Abeid. Jusqu'au jour où ils diront: trop c'est trop et ils sauront comment transformer Biram l'impulsif en un "Oncle Tom", docile et empathique.

Si Biram a rehaussé l'auditoire de la conscience humaine quant à la lutte contre les inégalités, particulièrement contre l'esclavage en Mauritanie d'un autre côté, il ne fait pas l'unanimité autour de sa personne, de l'autre côté . Or pour la bonne cause, l'opinion est plus portée sur le comportement, le charisme de celui qui véhicule cette cause que le contour et la trame de la cause elle-même. Pourquoi aime-t-on l'américain Martin L King, l'indien Mahatma Gandhi ou le sud-africain Nelson Mandela, qui étaient eux aussi des chantres des droits de l'Homme, partisans d'une sagesse et d'une non-violence remarquables? Ceux-là n'ont jamais insulté, vilipendé, ni accusé à tort etc...

B/ Au commencement était l'Etat mauritanien:

Le conflit est inhérent à la condition humaine, c'est d'ailleurs le moteur de la société. Toutes les personnes éprises de justice doivent lutter contre les inégalités, surtout les séquelles de l'esclavage en milieux maure et négro-mauritanien. C'est le devoir de tout homme de progrès, de tout musulman d'ailleurs. Mais les pratiques ostentatoires, radicales qui prônent l' "explosion communautaire" constituent des manœuvres abjectes, objectes elles-mêmes d'un racisme latent.

Si Biram Dah Abeid pousse à la guerre civile, qu'il sache qu'elle n'aura pas lieu et c'est tant mieux pour lui, il pourra consommer ses centaines de millions d'ouguiya amassés en Mauritanie et à l'extérieur du pays. Car le contraire risque de lui faire traverser le fleuve Sénégal, si d'ici là, il ne serait pas parmi les premières victimes tombées sous les premières balles..

L'explosion communautaire et ses conséquences risquent d'être désastreuses pour les sirènes des "milles collines". Les vrais négro-mauritaniens resteront sur la rive droite en bons citoyens, les haratines loyalistes resteront dans leurs adwabas ou leurs ensembles tribaux, ou dans leurs maisons. Et tous ceux qui auront pris les armes pour casser du "beidane" (comme ils ont l'habitude de le dire) seront éliminés. Si l'anarchie venait de s'installer alors cela aiguiserait l'appétit des algériens par le Polisario interposé. Les marocains essayeront d'occuper à leur tour notre capitale économique, sous le prétexte de sécuriser Laguera.

Aussi les 40 milles combattants du Polisario, jadis l'arme au pied, bougeront dans le but d'aider leurs "cousins "maures mais feront surtout le jeu du protecteur algérien. Ces Sahraouis envahiront Bir Moghrein, Zouérat, avanceront jusqu'à Atar, Akjoujt. Car l'Armée mauritanien sera occupée à combattre les djihadistes, les séparatistes, les flamistes, les Biramistes etc...Et quand les gens apprendront que les Rgueibatt ne sont qu'à quelques encablures de Nouakchott, tout le monde traversera le fleuve et se réfugiera au Sénégal voisin.

Chaque tribu maure sécurisera son fief, et les anciennes alliances ressusciteront. Le sang coulera à flots, la famine, les maladies, la précarité verront le jour, et les plus touchés seront surtout les haratines. Voilà ce que veut en définitive Biram Dah Abeid, en cas d'explosion communautaire. Un fauteuil présidentiel tout de suite ou à défaut un programme macabre.

La guerre civile n'est dans l'intérêt de personne, surtout les haratines car ce ne sont pas les muscles qui priment, mais plutôt l'armement, en plus de l'intensité et surtout du prolongement du conflit. On sait quand un conflit commence, mais ignore quand il va cesser.

Tout ce scénario(bien sûr fictif) pouvait ne pas être mis sur la table si l'Etat mauritanien n'avait pas permis l'ascension fulgurante de Biram Dah Abeid. A défaut de candidats de l'opposition lors de l'élection présidentielle de 2014, le pouvoir a incité, encouragé Biram à candidater pour "crédibiliser" le scrutin.

Biram passait tout son temps à insulter les "beidanes" sans qu'un seul puisse porter plainte contre lui. L'homme s'est cru intouchable voire indispensable au microcosme politique mauritanien. Il faut savoir que toute chose a une fin, et la fin(faim) du leadership de Biram s'amorce. Car il ne sert plus la cause des Haratines, mais roule pour son propre compte(bancaire).

C/ La Chute inattendue:

Les Soninké disent "kota kota Baba nawari, lenki Baba....." et les maures prétendent que les "youyou" de la mère du cambrioleur ne sont pas intarissables. Ces adages qui signifient que toute chose, surtout malsaine a une fin. Biram a vilipendé, injurié, insulté, et enfin diffamé. Il a accusé à tort le président du parlement mauritanien, le général Mohamed Ould Meguett d'avoir assassiné feu le lieutenant Tambadou, comme s'il était présent.

Tous ceux qui connaissent cet homme savent qu'il lui est impossible de tirer à bout portant sur un individu comme Tambadou, qui était inoffensif.. Qui a assassiné cet officier, ça se saura le jour où il y aura un tribunal? Avant on ne doit ni accuser, ni diffamer l'Armée comme l'a fait Biram, ce, devant le ministre de la défense. L'Armée ne peut être responsable de l'agissement de quelques cas isolés de bavure, perpétrés par quelques militaires. Cela n'engage que ces quelques militaires qui ont commis ces bavures. Le ministère de la Défense devrait porter plainte contre Biram Dah Abeid. Mais il ne l'a pas fait , pourquoi?

Parce que jusqu'à présent le Maure blanc a toujours tendance à vouloir infantiliser les agissements des Haratines, soit par culpabilité historique, soit par condescendance déplacée. Nous sommes désormais dans un Etat moderne et c'est le droit pour tous qui en est l'expression ultime. Et c'est cette attitude qu'a exprimée le président de l'UFP, et son staff, Mohamed Ould Mouloud, lorsque Biram a accusé son parti d'avoir empoché une donation du banquier Mohamed Ould Bouamatou, estimée à 500 millions d'ouguiya. Ould Mouloud a saisi cette diffamation pour porter plainte contre Biram Dah Abeid.

L'affaire qu'on ne peut commenter est entre les mains de la justice mauritanienne. Et Biram, s'il est reconnu coupable, risque une condamnation qui pourrait l'empêcher de se porter candidat à la prochaine présidentielle de Juin 2024. Il faut encourager des citoyens comme Mohamed Ould Mouloud et son ami, l'avocat Gourmo Lô qui incitent à la manifestation de la justice dans notre pays. Si Biram parle de manière récurrente de justice pour tous, son égo surdimensionné doit prendre garde au retour de manivelle./.

ELY SIDAHMED KROMBELE, FRANCE





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Source : Ely Krombele
Commentaires : 3
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Commentaires (3)

  • Belphegor (H) 14/03/2024 18:58 X

    Excellent résumé de la fourberie et de la cupidité de Biram qui a capitalisé sur la frustration des franges marginalisés que pour son agenda personnel, quand à sa duplicité et sa compromission lors des échéances électorales sous le régime Aziz elle n'est plus à démontrer sauf pour ceux qui se voilent encore la face à son sujet.

  • activiobservat (H) 14/03/2024 14:36 X

    Diaspora--- Merci Monsieur ELY SIDAHMED KROMBELE pour vos analyses toujours avec style subjuguant, agréable à lire. Votre visage nous inspire Socrate ou Ibn Khaldoun.. et il nous inspire aussi Sentenza (Lee Van Cleef, dans le film The Good, the Bad and the Ugly) seulement pour la physionomie mais pas pour le rôle joué dans le film. Pour la physionomie il vous suffit de mettre un chapeau mexicain pour l’être, et nous sommes presque certains que vous êtes un tireur infaillible, tout prête à croire que votre gâchette devrait être comme votre plume.

    L’analyse que vous faites sur l’honorable communauté Haratine et sur le griot de l’Iguidi Biram est une analyse objective et vraie qui peut éclairer une opinion mauritanienne devenue insensible, traumatisée par la prévalence d’élites irresponsables, traumatisée par les séquelles des blessures subies pendant la décennie précédente qui avaient touché profondément la chaire et l’âme de la société mauritanienne. Mais c’est normal, la société peut secréter des fils qui la glorifient comme parfois elle secrète certains fils qui l’insultent et lui font honte. Donc notre société a secrété la décennie précédente qui l’a profondément insulté, les insultes de Biram ne sont qu’une expression de la décennie précédente. L’analyse dans votre article est extraordinaire sauf sur un point.

    Si le régime de la décennie précédente avait permis l'ascension fulgurante de Biram Dah Abeid, ce n’était pas pour "crédibiliser" le scrutin, les candidats pour "meubler" le scrutin ne manquaient pas. Non, le régime de la décennie précédente voulait un candidat griot comme Biram pour une mission bien définie qui est d’assouvir les désirs du régime en insultant les Beidanes autant que possible, à défaut de pouvoir leur faire mal autrement.

    Les Haratines en Mauritanie sont une communauté respectable qui possède par nature un grand potentiel de qualités, de travail, de religion et de morale. Autrefois, sa principale caractéristique et son rôle était le travail, mais depuis les années 70 sont apparus en elle de grands hommes qui ont affirmés la place de cette communauté dans la société et dans l'Etat et lui ont apporté gloire et respect, ils resteront une fierté pour les Haratines et pour les Bidhane en général, et pour les mauritaniens. Ces grands hommes sont Boidiel Houmeid, Mohamed Oul Boilil, Mesaoud Boulkheir, Sghair Mbareck, Boubacar Mesaoud, Cheikh Ahmed Zahaf, Ashour Sambe, Sidi Oul Salem.

    Par contre, malheureusement, il y a d'autres Haratines qui gâchent cette gloire à cause de leur trahison de l'Etat et de la patrie. Quelques personnes, comme Biram Oul Dah et le ministre Ould Merzoug, donnent à la société mauritanienne une mauvaise image des Haratines et en fait ils vivent aux dépens de la cause Haratine. Le député Biram a été le premier à brûler des livres et à déformer l'image du pays de l'étranger et à conspirer avec l'extérieur.

    Quant au ministre Oul Merzoug, il a été le premier responsable mauritanien arrêté et emprisonné dans un pays étranger, au Sénégal, On lit souvent dans les médias que le ministre Oul Merzoug avait trahi l'Etat mauritanien après avoir été nommé par l'ancien président Maaouiya à l’OMVS où Oul Merzoug avait été utilisé par l’ex président sénégalais Abdoulaye Wade pour ses intérêts dans la mauvaise gestion de l’Organisation OMVS, et Oul Merzoug avait été rattrapé par sa mauvaise gestion plus tard au temps du président Macky Sall où il avait été arrêté, emprisonné à Dakar jusqu’à ce que l’Etat mauritanien intervienne pour le libérer et le ramener en Mauritanie, bien qu’il avait trahi la patrie pendant sa gestion de l’organisation OMVS.

    On lit aussi dans les médias que le ministre Salem Ould Merzoug avait enlevé les mots qui étaient écrits en langue arabe sur le logo de l’OMVS, il avait changé le logo de cet organisme en 2005 pendant qu'il en était en charge, et il avait préparé un nouveau logo écrit en français seulement, bien que ce logo, depuis la création de cette organisation au temps de l’ex haut-commissaire Moctar(Cheibany) Oul Heiba, portait le nom de l'organisation écrit en arabe à côté du français, et aucun des responsables du Sénégal ou du Mali n'avait jamais osé supprimer l'écriture arabe. Il parait que Oul Merzoug avait supprimé les mots arabes pour satisfaire certaines parties étrangères et d'autres pour l'aider à prolonger son mandat. Donc la prolongation du mandat de Oul Merzoug à l’OMVS était le fruit de plusieurs hautes trahisons de son pays.

    Heureusement pour lui, notre pays, la Mauritanie, ne punit pas encore sévèrement ces hautes trahisons. D’autres pays comme la Guinée ou le Mali appliquent la peine capitale – par voie de droit ou par voie de fait- à ce genre de haute trahison manigancée avec une partie étrangère, dans l’exercice de fonctions dans des organisations internationales ou régionales. Le fait que Oul Merzoug ait supprimé les mots écrits en langue du Coran, en arabe, du logo de l’OMVS indique qu'il n'a aucune honnêteté ni jalousie nationale, sauf pour son ventre et son apparence, et qu'il est un vil esprit qui reflète un instinct qui n'existe plus que dans certains groupes primitifs. Le sort de ce ministre Oul Merzoug est forcément une malédiction et une mauvaise fin. ...

    La différence entre Biram et le ministre Salem Oul Merzoug est que Biram n'est pas complexé, a de l'éloquence et a une large connaissance de l'arabe, du français et de l'islam, et si l'État veut l'utiliser dans l'opposition, il est capable de discours politiques, alors que le Ministre Oul Merzoug est bégayant et complexé et n'a pas de compétences suffisantes sauf de s'appuyer sur la discrimination positive comme cadre Haratine.

  • Bertrand (H) 14/03/2024 14:14 X

    LY SIDAHMED KROMBELE Agréable à lire, avec des idées fortes, une analyse des réalités bien assise, un courage a exprimé la vérité, une très bonne culture civile bien armée