04-06-2012 01:29 - Site d’accueil des refugiés de Rosso Lycée : « En attendant le bonheur… » [Maxi Rep. Photos].
Au site Rosso Lycée, les familles revenues du Sénégal après vingt ans d’exil gardent espoir de lendemains meilleurs malgré les difficultés. Reportage.
Samedi 26 mais 2012. Rosso Mauritanie, capitale du Trarza, située au bord du fleuve Sénégal.
A 500 mètres de Tounguen, a la périphérie de la ville, non loin l’ISET (Institut Supérieur d’Enseignement Technologique), une dizaine de maisons en dur, entourées de hangars en zinc, des hangars en majorité vides. C’est le site d’accueil des refugiés mauritaniens revenus du Sénégal après une vingtaine d’année d’exil. Première impression : n’habitent dans ce site que femmes et enfants. Une exception.
Devant l’un des hangars, un homme d’une cinquantaine d’années. La solitude se lit sur le visage de Mamadou Dieng. C’est de Nouadhibou, au nord de la Mauritanie ou il était fonctionnaire contrôleur des PTT qu’il a été déporté vers le Sénégal. Il était dans le camp de refugiés de Dagana.
Tous les membres de la famille Dieng, sauf un des enfants, ont recouvré leur état civil. Ce n’est pas le cas pour les 180 familles qui habitent le site d’accueil. Beaucoup, selon Dieng, ont encore des difficultés à recouvrer leur état civil. « Ils ont été recensés a leur retour, sur la base de ce recensement, les autorités devaient leur établir des papiers, mais jusqu’ici rien. »
Les vaches sont mortes
De retour du Sénégal, les refugiés ont reçus, pour leur insertion, des vaches. « Traditionnellement, je suis avec beaucoup d’autres ici, issus d’une famille de cultivateurs et non d’éleveurs. Les vaches sont mortes et les gens, pour survivre, s’en vont ailleurs » dit Dieng.
Au site Rosso lycée, s’alignent plusieurs hangars, vides. Les propriétaires, faute d’activité génératrices de revenus, sont allés ailleurs. Certain à Rosso, d’autres à Nouakchott. Les écoliers du site vont à Touguen ou les classes ont été augmentées par l’État pour les accueillir. Les lycéens et collégiens vont à Rosso ville.
Le site n’est pas relie au réseau d’électricité. Il compte deux bornes fontaine financées par l’ANAIR (agence national d’accueil et d’insertion des refugiés) et le HCR à travers l’ONG Gret. « Pour l’eau c’est assez bien » dit Mamadou Dieng. Il y a également un marché construit par la coopération espagnole. Un marché qui accueille des clients et vendeurs du site, de Tounguen et de Jedida pour faciliter la cohabitation entre les populations. Le site Rosso Lycée compte aussi une mosquée construite par l’ANAIR ; une décortiqueuse, un jardin maraîchers…
Ndogalou Yalla
Avez-vous espoir que ce camp, un jour, va devenir une localité « normale » qui ne ressemble pas a un site d’accueil de refugiés ? « Tant qu’il y a la vie il y a espoir, ce quartier est aménagé ; chacun a son numéro… » répond Dieng. « On est dans la débrouille » est la réponse de Dieng quand on lui demande quelle activité il fait. Dieng fait partie des nombreux oubliés du programme de réintégration des fonctionnaires revenus de déportation.
C’est pendant qu’il servait l’État mauritanien que Dieng a été déchu de sa nationalité et envoyer avec sa famille de l’autre coté du fleuve. Il y est resté pendant 20 ans. Il est revenu chez lui. IL a recouvré sa nationalité. A-t-il des ressentiments ? « Nous sommes musulmans, c’est dur, on a l’impression souvent que l’on est toujours en déportation, mais ndogalou yalla la, c’est le destin, c’est la foi qui nous permet de supporter » dit-il
Après l’entretien, Dieng nous raccompagne. A la sortie du camp, une grande concession en dur est en construction. Elle ne ressemble pas aux chambres construites pour les premiers habitants. « Cette maison appartiens à un habitant du site qui travaille actuellement dans une société minière… » nous dit Dieng.
Khalilou Diagana