21-11-2015 18:00 - Le mariage précoce éloigne les filles de l’école au Mali

Le mariage précoce éloigne les filles de l’école au Mali

DuneVoices - Le mariage précoce est désormais un phénomène fréquent au Mali. C’est l’une des principales causes de la déscolarisation des filles surtout en milieu rural. Selon l’enquête démographique et de santé (EDSM-V) publiée en 2014, 20% des filles sont mariées avant leurs 15 ans, alors que 50% se marient avant d’atteindre 18 ans.

Hawa avait 13 ans quand ses parents ont voulu la marier. C’est une adolescente qui aime beaucoup l’école. La nouvelle de son mariage l’a fait fondre en larmes. « Mes parents ne me l’ont même pas annoncé à l’avance» témoigne-t-elle.

ET d’ajouter «je l’ai appris au retour de l’école par des amies. J’étais triste de savoir que je n’irais plus à l’école et que j’allais me marier ». Hawa a pu s’échapper la veille de son mariage. «J’ai pu m’enfuir pour aller à Abidjan. Une tante m’a appelé par la suite pour me conseiller de revenir et de m’inscrire à l’APDF (association pour le progrès et le développement des femmes).

Ainsi, je suis revenue et grâce à dieu et l’APDF, j’ai pu continuer mes études. Aujourd’hui, je suis en première année secrétariat à l’ECICA (Ecole Centrale d’Industrie et Commerce Administratif )».

L’APDF dispose, en effet, de centres d’accueil et d’encadrement à Bamako et dans toutes les régions du Mali.

«L’association L’association a déjà aidé beaucoup de femmes et de jeunes filles. Huit personnes sont actuellement logées chez nous. On leur apprend la coiffure, la couture et plein d’autres choses. Elles restent tout le temps qu’elles veulent sous notre protection », indique Mme Diarisso Mariam Keita conseillère juridique de l’APDF soulignant que l’association agit pour venir en aide aux femmes et filles victimes du mariage précoce.

Au Mali, le mariage précoce est un fait socio-culturel pratiqué pour des raisons de tradition et de religion. Selon l’imam de Banankabugu Mr. Moussa Diarra le mariage n’a pas d’âge.
En revanche, Mr. Haidara, directeur de l’école de Banankabugu à Bamako pense que la scolarisation est la clé pour lutter contre le mariage précoce.

Il ajoute :
«il y a une moyenne d’un abandon sur cinq filles scolarisées car elles ne peuvent pas concilier travaux ménagers et école ».

Dans ce contexte, le responsable éducatif souligne l’importance d’organiser des campagnes de sensibilisation pour cibler notamment les parents et changer leurs mentalités.

Malgré cette conscience des dangers encourus, force est de constater que les filles sont encore victimes de multiples formes de violences.

Mme. Samaké Rokia Konaté, sage-femme dans une clinique à Bamako, explique :les

Pour sa part, docteur richard qui travaille à l’hôpital Grabril Touré pense que :
« le mariage précoce est une forme de violence faite aux jeunes ; il est à la base de nombreux désagréments comme la déscolarisation des filles, le traumatisme post-natal, la fistule, la mortalité maternelle et néo-natale.

Il a des conséquences catastrophiques sur les filles allant des abus sexuels jusqu’aux complications pour la santé en passant par les violences domestiques, l’exclusion sociale et l’extrême pauvreté »


Pour lutter contre ce phénomène, docteur Richard indique que le ministère de la santé plaide auprès du gouvernement pour fixer l’âge minimum du mariage à 16 ans.

Mr. Illiass touré est juge au tribunal de Kati, ville proche de Bamako. Pour lui :
« L’âge légal du mariage étant fixé à 15 ans pour les filles est en contradiction avec le protocole de la charte Africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique qui fixe l’âge minimum du mariage à 18 ans dans son article 6 et auquel le Mali adhère ».

Le juge estime que les autorités doivent afficher une plus grande volonté d’application des lois relatives au code du mariage et de la famille afin de réduire les risques liés à cette union.

A noter que selon l’enquête (MICS) réalisée en 2010, le taux de mariages précoces au Mali s’élève à 73,60% à Kayes, 73,20% à Gao, 71% à Koulikoro et 67%à Tombouctou.




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