27-08-2020 21:00 - Guerre du Sahara: L’embuscade d’Aghweinit

Guerre du Sahara: L’embuscade d’Aghweinit

Le Calame - Le 01 juin 1978, des traces de véhicules ont été relevées à Ezaig Bedrag, au cours de la mise en place du dispositif de l‘opération LESSIVE.

Le Sous-Groupement 1 de la 2eme Région militaire dont Attih venait de prendre les consignes avec le capitaine Salem Ould Memmou, communément connu sous le nom de Baron Unité (Baron 1) et composé de deux escadrons, l’un Commandé par le S/Lt Mohamed Cheikh Ould El Hady et l’autre commandé par le S/lt M’Baye N’Diaye Fall et d’un peloton d’AML commandé par le S/Lt de la Gendarmerie Jemal Ould Vahfou, en plus d’un élément de commandement et de logistique, au total 39 véhicules, est engagé pour la recherche et l’interception de cet ennemi.

Le 3 juin au matin, un ennemi de 26 véhicules est repéré en bivouac à Lechouaf. Vers 14:00 , Baron 1 arrive sur les traces de l’ennemi et engage la poursuite. A 16:00, les traces deviennent plus récentes annonçant la proximité de l’ennemi.

Baron Unité accélère le rythme de sa progression et à 16:30, le contact visuel est établi avec l’ennemi qui se trouvait à Aghouenit. Aghouenit est un fort situé entre deux falaises à l’est et l’ouest.

L’ennemi, qui visiblement avait décelé le mouvement de Baron 1 au loin, avait mis en place une embuscade sur le côté ouest avec un élément d’arrêt composé de combattants débarqués, postés sur les hauteurs dominant le canyon, un élément d’assaut et de destruction motorisé, un dispositif classique type école.

A 17:00, canalisé à son insu, l’escadron de tête et le peloton d’AMLs continuent leur mouvement vers l’ennemi. La première roquette ennemie atteint une citerne de carburant en plein dans le mille. L’épouvantable explosion qui s’en suit et la dispersion des éclats métalliques en feu est suivie par une terrible boule de feu qui fit voler en éclats, les premiers véhicules engagés.

Sang froid remarquable

Surpris par le feu nourri qui les accueille, les équipages cherchent des positions favorables du terrain pour s’y accrocher, mais le dispositif ennemi est tel qu’aucune opportunité de protection ne leur a été laissé. Les équipages tournent en rond pris dans une nasse à la merci de l’ennemi bien installé.

Dès le déclenchement de l’embuscade, un élément ennemi contourne l’élément de tête sur les arrières pour s’interposer entre les deux échelons, coupant l’échelon d’attaque de celui d’appui et de soutien.

Le cdt de Sous-groupement et le deuxième échelon seront fixés et se trouveront dans l’incapacité de rompre le contact avec cet ennemi pour envisager une manœuvre. Complètement à la merci de l’ennemi qui tenait les hauteurs, les éléments engagées de Baron 1, cueillis à froid, n’ayant pu s’accrocher au terrain et sous l’effet de la formidable puissance feu de l’ennemi, paniqueront et subiront de lourdes pertes.

L’escadron de tête était au bord de l’anéantissement, n’eut été la bonne réaction du peloton des AMLs et l’efficacité de ses canons de 20 m/m et de ses mitrailleuses coaxiales qui limiteront les dégâts.

Le Peleton des AMLs, tenu d’une main d’acier par le S/lt Vahfou, qui fit preuve d’un sang-froid à la dimension de la situation, arrive à ouvrir une brèche dans le dispositif de l’embuscade, qui constituera une bouffée d’oxygène, permettant momentanément aux rares véhicules ayant échappé à la destruction de s’exfiltrer du dispositif ennemi dans un mouvement désordonné.

Le peloton des AMLs continuera à tenir tête à l’ennemi pendant plus de deux heures. Tout en gardant sa cohésion pendant tout l’accrochage, Il assurera les arrières des véhicules en esquive, tiendra en échec l’ennemi jusqu’au crépuscule et constituera une bouée de sauvetage pour les éléments des unités motorisées abandonnés sur le terrain qu’il regroupera sous sa protection et qu’il continuera à couvrir en tenant en respect l’ennemi.

Vers 18:30, deux Defenders arrivent sur la zone de combat, mais la confusion était telle qu’aucun appui aérien n’a pu être mis en oeuvre. A 19:30, six Land Rover, deux camions 11/13 et un 19/24 arrivent à F’dérick.

Profitant de la pénombre du crépuscule, le peloton des AMLs s’esquivera et passera la nuit à Areib Errag avec les rescapés des unités. L’ennemi ne décrochera de la zone de combat que vers 22 heures. A 02:00, il est signalé à Selaourij, à 02:30 à 10 kms à l’ouest de Guelb Azouazil et à 07:00 il passe à l’est d’Aghzumal.

Le lendemain de l’accrochage, vers 9 heures du matin, le peloton des AMLs et les rescapés des unités recevront la visite du Lt-Colonel Hamoud Ould Naji Commandant la 2eme Région militaire.

Mohamed LemineOuld Taleb Jeddou

Extrait de “La Guerre Sans Histoire”



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Commentaires (3)

  • Terrier (H) 28/08/2020 16:01 X

    11 X Même aveugle un chef sur les traces d’une colonne motorisée ennemie ne s’introduisera pas de la sorte dans un canyon ! L’amateurisme des officiers chefs d’escadron a joué fort sur le moral de la troupe à l’époque et a occasionné énormément de dégâts humains et matériels ! Moukhabatatt (H) vous voulez probablement parler de la bataille de Boujertala ou Haidala dit-on s’est particulièrement illustré .

  • moukhabarat (F) 27/08/2020 21:41 X

    Aller à l'aveuglette à la poursuite d'un ennemi aussi redoutable relève de l'amateurisme. Merci pour la qualité du travail d'historien. Parlez-nous de l'attaque de Ain Bentelli par l'armée algérienne et de l'opération conjointe franco-maroco-mauritanienne (dans une région montagneuse transformée en base de repli du Polisario et dont je ne me rappelle plus du nom) et dans laquelle s'est particulièrement Haidalla et ses hommes se sont particulièrement illustrés.

  • hamaodo (H) 27/08/2020 21:41 X

    alors pas de blesses pas de morts? et du cote ennemi rien du tout?.