22-11-2021 14:49 - Remous fonciers en Mauritanie : les bords du fleuve en terres troubles de Trarza à Brakna

Remous fonciers en Mauritanie : les bords du fleuve en terres troubles de Trarza à Brakna

Afrique Midi - Des populations en colère, manifestant désarmées face à des forces de l’ordre lestées de gaz lacrymo et matraques pour protéger des opérations foncières au profit de riches entrepreneurs. Les uns arguent la légalité d’autorisations dûment signées, les autres la légitimité d’une occupation plusieurs fois séculaires.

Le synopsis qui peut se filmer dans toutes les zones du continent africain, se trame à Ngawlé dans la Wilaya de Trarza, en Mauritanie. et l’opposition ne détonne pas : des riverains contre des étrangers voulant s’approprier leurs terres cultivables.

David vs Goliath

La situation est sous tension à Ngawlé où des habitants qui, ce 3 novembre 2021, s’opposaient pacifiquement à l’installation de gros engins envoyés par de riches entrepreneurs à la solde de nababs qui veulent s’approprier des terres.

En lieu et place d’une posture d’arbitre, les autorités locales, le parti-pris flagrant, ont fait cavalièrement intervenir les forces de l’ordre qui, non contentes de gazer les manifestants, ont procédé à l’arrestation musclée de quelques notables détenus au commissariat de Lexeiba II, envenimant la situation et suscitant la colère de toute une contrée laissée à elle-même et délestée de la seule richesse vivrière qui lui restait : ses terres.

Pis, des oiseaux de mauvais augure y ont mêlé leur langue provocatrice, mettant dos à dos des communautés qui ont longtemps cohabité dans la paix et la cohésion.

Laisser-aller étatique

C’est à croire que le gouvernement ne perçoit pas l’enjeu vital de la terre pour des autochtones qui, face aux crises multiformes et l’absentéisme étatique du quotidien des populations, pour se prendre en charge, cultivent leurs terres.

Aussi laisser des promoteurs et autres nantis de la République envahir ces terres pour imposer leurs sous sonnants et trébuchants, relève-t-il d’une cécité programmatique et d’une surdité aux clameurs des peuples défavorisés.

Vigie citoyenne

C’est tout le sens de l’appel de politiques et autres activistes ou membres de la société civile qui, dans cette opposition entre les populations Ngawléennes et le richissime homme d’affaires Ould Wedi’a, rappellent au Wali de Trarza, Moulaye Brahim Ould, que la solution ne doit pas qu’être policière. Et pour cause, l’expropriation de terres de cultures communautaires et ancestrales est foncièrement illégale et la revendication des populations légitimement établie.

Ils en veulent pour preuve l’injustice des travaux d’aménagement au profit de l’usurpateur qui n’a que le soutien du Wali face aux documents légaux brandis par les populations de Ngawlé attestant leur propriété des terres en litige.

Dar el Barka

Tout comme à Ngawlé, la région du Brakna dans sud mauritanien bruit aussi de bottes policières chargeant des peuplades qui n’ont que le recours à la manifestation pacifique pour contrer la cession par l’Etat de leurs terres de culture de céréales à un investisseur arabe du Golfe qui, depuis 2015, s’acoquine avec deux hommes d’affaires mourabitounes en possession de permis fonciers pour mettre en valeur 3200 ha de terres agricoles. Une initiative louche en passe d’être évitée grâce à la vigilance citoyenne des populations autochtones.

C’est dire que la diplomatie intérieure gagnerait à disposer de ses lettres de nobles créances pour éviter que la grenade foncière ne se dégoupille, car les ondes de la déflagration pourraient éclabousser d’autres secteurs et induire d’autres crises pas facilement apaisables.

Par Mamadou LY



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Source : Afrique Midi
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Commentaires (2)

  • diaw631 (H) 23/11/2021 16:16 X

    NOUS AVONS MARRE DE CES VIRUS VORACES QUI VEULENT COUTE QUE COUTE S'ACCAPARER DES TERRES MILLE FOIS MILLENAIRES. CETTE AVANIE NE PASSERA PAS. LES POPULATIONS SONT SUR LE QUI VIVE. CES POPULATIONS SE SENTENT ABANDONNES PAR LES DEPUTES CENSES LES REPRESENTER.LE MINISTRE DES DEVELOPPEMENT PRODUCTIFS DOIT SAISIR LE PRESIDENT GHAZOUANI POUR ARRETER CETTE ESCALADE VERS UNE VIOLENCE INARRETABLE. LES POPULATIONS SONT FRUSTREES. L'ETAT NE LEUR GARANTIT RIEN : PAS D'ECOLE [S'ILS TROUVENT UN DIPLÖME A LA FIN DE LEURS ETUDES PAS DE TRAVAIL], PAS DE DISPENSAIRE[LES FEMMES ENCEINTES ET LES ENFANTS NE SONT PAS SOIGNES] ET PAS D'INFRASTRUCTURES. LE SEUL BIEN QUI LEUR RESTE EST LEURS TERRES. LE PRESIDENT M. GHAZOUANI A PRIS L'ENGAGEMENT QU'AUCUNE TERRE NE SERA PLUS EXPLOITEE SANS L'AVAL DES POPULATIONS LOCALES. OU EST-CE QU'ELLE EST CETTE DESICION. UN WALI DOIT SE PLIER AUX ORDRES DU MINITRE DE L'INTERIEUR POUR EVITER L'HISTOIRE RECENTE DE LA VILLE DE RKIZ.L'ADMINISTRATION DOIT EVIETER DE FRUSTER LES POPULATIONS.

  • etudiant (H) 22/11/2021 15:48 X

    Ce sont les negres de services qui sont derriere tout cela. Personne d'entre eux n'ose pas lever la voix pour dennoncer cette injustice par ce que tout simplement ils ont participer a leurs manieres au pillage du pays et ils ont peur d'aller en prison.