18-05-2022 07:00 - Les ravages de l’industrie de la farine de poisson

Les ravages de l’industrie de la farine de poisson

Le Calame - « Je n’ai jamais vu d’aussi effroyable», ces mots ont été prononcés par M. Philip Lymbery, Directeur du CIWF International quand il a observé les effets dévastateurs de l’industrie de la farine de poisson au Pérou.

Dans ce pays, les espèces d’oiseaux marins disparaissent massivement. Les enfants des alentours sont victimes de maladies provoquées par l’extrême pollution et des écosystèmes entiers sont détruits pour produire des aliments à moindre coût destinés aux élevages industriels.

J’ai, à dessein, commencé mon propos par cette citation forte et inquiétante pour alerter l’opinion sur les similitudes entre ces formes de dégâts environnementaux et écologiques et de privations des populations au Pérou et ceux constatés chez nous en Mauritanie.

Le rapport de synthèse de la FAO, évaluant les petits poissons pélagiques au large le l’Afrique de l’Ouest 2019, note que ces ressources halieutiques sont surexploitées et nécessitent une réduction de l’effort de pêche de 50%.

Danger pour la ressource

L’ONG Zakia et les Fédérations criaient déjà: « vos investissements nous privent de nos ressources halieutiques, vos investissements nous affament, vos investissements menacent notre stabilité, vos usines nous rendent malades. Il est temps de mettre un terme à tout cela. »

Dans cet ordre d’idées, l’ONG Greenpeace Afrique appelait les entreprises et les décideurs à cesser de prélever du poisson propre à la consommation humaine en Afrique de l’Ouest pour alimenter la demande de farine et d’huile de poisson pour l’Union Européenne et le reste du monde (Chine, Europe et Turquie).

Par ailleurs, j’invite nos chers lecteurs à consulter le rapport final du 13 Septembre 2017 sur le thème « La production de farine de poisson : enjeux pour les communautés côtières Ouest Africaine ».

En effet, ce rapport met en avant les dangers liés à l’implantation croissante des usines de production de farine de poisson dans notre pays, au Sénégal et en Gambie.

Il sonne l’alarme sur :

• La surexploitation de la sardinelle

• L’insécurité alimentaire

• Les répercussions sur l’emploi

• Les nuisances écologiques et les menaces liées à la santé publique.

Ce même rapport évoque notre pays en ces termes: « On recense en Mauritanie, un nombre impressionnant de malades riverains des usines, atteints d’allergie, de gastrites, de brûlures de la bouche et d’œsophagites». Ces malades se consument à petits feux.

L’ONG Greenpeace et la FAO ont alerté le monde sur les impacts de l’industrie de farine et d’huile de poisson en Afrique de l’Ouest.

Les rapports et les enquêtes de ces organisations spécialisées appellent les Etats Ouest Africains à se passer de ces industries destructrices et à prendre « leurs responsabilités afin de préserver la sécurité alimentaire, les emplois et bien être des populations».

Constat affligeant

Des actes forts ont été réclamés comme l’interdiction de l’utilisation du poisson entier par les usines de farine et d’huile de poisson et la fermeture des usines de farine et d’huile de poisson utilisant du poisson frais propre à la consommation humaine.

Un constat affligeant, qui a amené les organisations spécialisées (FAO, Greenpeace) à sonner le tocsin en appelant les pays Ouest Africains à donner la priorité aux consommations humaines des produits de pêche.

Selon Greenpeace, la production de farine est passée de 13.000 tonnes en 2010 à 170.000 tonnes en 2019 compromettant ainsi, « la sécurité alimentaire des communautés Mauritaniennes, Sénégalaises et Gambiennes ».

Enfin, je suis persuadé que les pouvoirs publics ont pris les mesures de ces menaces graves pour nos Populations et pour notre Economie et je fonde beaucoup d’espoirs sur une politique appropriée qui mettra fin à ces ravages inacceptables. Je suis optimiste avec le Ministre actuel des Pêches Dr. Maayif qui connait le Secteur mieux que quiconque et qui a une moralité jamais soupçonnée. Il y va de l’intérêt de notre pays, de sa sécurité alimentaire, de la préservation et du développement des emplois ô combien salutaires pour nos populations côtières.

M. Ibrahima Cissé, Responsable de la Campagne Océans de Greenpeace Afrique disait : « L’assiette des africaines doit passer devant les intérêts des élevages industriels ». Je crois qu’il a tout à fait raison.

Abidine Sidaty, Secrétaire Général Usiniers et Exportateurs de Nktt FNP





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Commentaires (2)

  • LA VERITE SUR LA MAURITANIE (H) 18/05/2022 14:43 X

    Certains travaillent 24h/24 même le week-end et arrivent à peine à survivre, contrairement à d’autres qui n’ont jamais au grand jamais travaillé et qui se sont enrichit dans un laps de temps. La police doit convoquer certains individus présents ici à Nouadhibou pour leur demander des informations concernant l'origine et la provenance des fonds qu’ils détiennent. Nous avons une liste des personnes impliquées dans des activités illicites qui pourra non seulement intéresser la police mauritanienne mais également Interpol

  • LA VERITE SUR LA MAURITANIE (H) 18/05/2022 09:55 X

    Derrière l’industrie de la farine de poisson se cache un marché de blanchiment d’argent. des trafiquants venant du Ghana, Maroc, Guinée, Portugal, Nigeria et Mali continuent d’investir de l'argent sale à Nouadhibou en investissant dans les usines de farines de poisson en connivence avec des affairistes mauritaniens afin de blanchir l’argent sale sans se faire repérer par les autorités et notamment Interpol qui surveille les transactions frauduleuses ou suspectes. Pour blanchir de l'argent à Nouadhibou, c'est finalement très simple souligne ‘’un gérant d’une usine de farine de poisson à NDB’’ ça peut paraître surprenant. ‘’Certains montages de blanchiment peuvent être très complexes mais c'est rarement le cas dans le crime organisé, notamment le trafic de drogue à Nouadhibou. "On a affaire à des sommes d'argent en liquide et les mécanismes qui sont à l'œuvre pour blanchir cet argent, pour l'exfiltrer, sont des mécanismes très anciens qui existent depuis des décennies ", note-t-il. "L'idée consiste à avoir un ensemble de courtiers ‘’tchebtchaba’’ a, disposés un peu partout au port artisanal de Nouadhibou et au port autonome de nouadhibou et qui sont connectés entre eux et à qui on peut s'adresser pour remettre des sommes en liquide pour l’achat de poissons à un prix plus cher que ce que valent réellement , de manière à récupérer des sommes faramineuses , une fois la farine de poisson vendue à l’étranger - moins les commissions de courtiers ", explique le gérant de l’usine de farine .. ‘’C'est finalement aussi simple de rendre propre de l'argent sale’’ ajoute-t-il .