22-05-2022 18:12 - [Photos] Mobilisation contre un projet de loi qui « acte l’inégalité culturelle » dans le système éducatif

[Photos] Mobilisation contre un projet de loi qui « acte l’inégalité culturelle » dans le système éducatif

En Mauritanie, la bataille pour l’enseignement des langues nationales dans le système éducatif s’est à nouveau invitée dans le moulin du gouvernement depuis qu’un projet de loi d’orientation a été annoncé décembre dernier par le ministère de l’Education nationale. Depuis, ce projet de loi est devenu un marqueur du mécontentement de l’Organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN).

Vendredi 20 mai, à 11 heures TU, devant l’Assemblée Nationale, des dizaines de personnes brandissaient des pancartes appelant à l’officialisation des langues nationales en l’occurrence le poular, le wolof et le soninké et au rejet du projet de loi d’orientation porté par le ministère de l’Education nationale et de la Réforme du système éducatif.

Le rassemblement était organisé à l’initiative de l’Organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN) qui milite pour l'égalité culturelle et linguistique en Mauritanie.

Parmi les porteurs, il y’avait Salimata, lycéenne, qui brandit ce slogan : non au projet de loi d’orientation porté par le ministère de l’Education nationale et de la Réforme du système éducatif.

« Je suis là pour faire entendre mon refus par rapport à la volonté du gouvernement de nous imposer unilatéralement la langue arabe ». «Il est hors de question d’exclure les langues nationales du système éducatif. On doit léguer à nos enfants un système d’enseignement inclusif. Les langues nationales doivent avoir droit au chapitre », renchérit Thilo Touré, lycéenne.

Pour rappel, ce projet de loi d’orientation, dont font allusion Salimata et Thilo, s’appuie sur les conclusions des assises de concertation nationale sur la réforme du système éducatif qui ont eu lieu en décembre 2021.

Les 500 participants à ces assises avaient adopté une feuille de route intitulée «L’école que nous cherchons », mettant en relief la situation du secteur de l’éducation nationale et des leçons tirées des précédentes réformes et les motifs de la réforme.

Dans ce document, la position de l’arabe est renforcée notamment au niveau des matières scientifiques qui se faisaient en français. Pour ce qui concerne les langues nationales, il est recommandé "la création d’un organe chargé d’expérimenter leur enseignement en vue de leur généralisation".

Pour les initiateurs de l’Organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN), le projet de loi d’orientation porté par le ministère de l’Education nationale et de la Réforme du système éducatif s’inscrit dans le sillage de la relégation des langues nationales « à un statut inférieur ».

« Ce projet de loi, que différents acteurs espéraient qu’il puisse corriger les injustices, affirme, sans complexe aucun, sa volonté de parachever l’imposition de l’arabe sur les autres langues du pays et d’acter l’inégalité culturelle de façon juridique. Ainsi, à l’école, l’enfant locuteur du Hassanya aura un droit garanti par une loi d’être favorisé devant le non locuteur de cette langue », souligne l’Organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN).

Pour ce mouvement, sur des centaines de milliers d’enfants, le biais de sélection sera sans appel.

« Il devient mathématiquement prédictible qu’au niveau aussi bien de la quantité que de la qualité, les futures générations dirigeantes du pays seront issues d’une seule communauté ethnique et les subalternes des autres. Ce procédé de domination multidimensionnelle est dangereusement bien réfléchi et s’il arrivait à être garanti par la loi, comme le prévoit le projet de loi que nous dénonçons, on serait en face d’une dynamique irréversible d’effacement pur et simple des langues et les cultures qu’elles véhiculent et de la dévaluation intellectuelle, citoyenne, culturelle et humaine de leurs locuteurs », explique OLAN dans une déclaration qui a été lue publiquement.

Une des figures emblématiques de l’opposition mauritanienne, Kadiata Malick Diallo, par ailleurs, député à l’Assemblée Nationale, était présente :

« Comme c’est une manifestation qui se tient devant l’Assemblée Nationale, je suis obligée de venir voir les citoyens qui manifestent et savoir les raisons de leur manifestation. Ceux qui manifestent ici réclament l’officialisation des langues nationales (poular, wolof et soninké) et réclament aussi que ces langues soient aussi des langues d’enseignement.

Je suis venue d’abord pour voir. Leur combat est le mien. C’est un combat qui est juste. Ce sont des revendications qui sont justes que j’ai porté depuis très longtemps, que les associations culturelles ont porté depuis des décennies. C’est juste une continuation de la lutte sous d’autres formes ».

Par Babacar BAYE NDIAYE
Pour Cridem

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Commentaires : 13
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Commentaires (13)

  • Buwuelm (H) 25/05/2022 01:01 X

    (7.830.000.000 multiplié par 0,061) divisé par 100 égal 4.776.300. Un sans-faute indéniable. Je ne sais pas si Toutou est têtue, mais Salem Vall l’est, à coup sûr.

  • Salem Vall (H) 24/05/2022 23:30 X

    4millions/8milliards=0,0005

  • Buwuelm (H) 24/05/2022 21:43 X

    Salem Vall, votre acrobatie ne peut pas prospérer. Il y a des « têtes » parmi ceux qui lisent vos commentaires. Vous jouez avec les mots en utilisant des termes comme « à peu près » et « dépassent ». Ceci démontre votre tâtonnement. En 2021, la population mauritanienne est estimée à 4 millions 702 mille habitants, de source sûre, et la population mondiale est évaluée à 7 milliards 830 millions de personnes. Je vous renvoie à https://fr.statista.com. Appliquez la règle de trois, si vous la connaissez, je suis certain que vous reviendrez sur terre avec vos 10 milliards prévus pour l’an 2050.

  • Salem Vall (H) 24/05/2022 19:41 X

    @mystere1: on est en phase @buwuelm: je vous suggère de revenir fondamental pour apprendre la division. On est à peu près 4 millions de mauritaniens, les Hommes sur terre dépassent les 10 milliards.

  • Buwuelm (H) 24/05/2022 12:43 X

    Salem Vall, votre pourcentage équivaut à moins de 78 personnes pour toute la Mauritanie. La règle de trois est un casse-tête pour certains. Vous devez utiliser les bons nombres, et pour cela, je vous propose 0,061% de la population mondiale.

  • mystere1 (F) 24/05/2022 10:59 X

    Exactement, @Salem Vall, je rejoins ton avis, j'ajoute, que cette manisfestation, ne sert à rien, même si nos concitoyens, vus en images, ont le droit, et souhait, que ce voeux culturel, se réalise, tout comme nous tous, oui,il est important, qu'un pays, enseigne culturellement, ses langues nationales, qui lui servent beaucoup, et c'est très interessant, surtout encore plus, si chaque ethnie, connait d'autres langues de ses concitoyens, cela renforce, les liens sociaux, en harmonie, contrairement, à si on ne se comprend pas !, et comme tu as, dit, si on ouvrait, des classes, pour donner des cours, de langues nationales, alors, les amateurs, et/ou disciples, se feront peu, ne perdons pas de temps, à vouloir livrer cette, bataille, car ce sont nos autorités, qui décident de cela, à moins, que chaque communauté, veuillent enseigner spécialement sa langue en profondeur, pour faire connaitre surtout à la jeunesse, de la culture, mais hélas, malheureusement, la vraie maladie, se trouve, dans les mentalités, or, si ces mentalités, ne seront pas changées, donc, rien, ne pourra avancer, sur de bonnes bases, le reste c'est des détails polémiques, et inutiles, creusant, plus un fossé social entre toutes les composantes, parlant de l'arabe, s'en est une langue, d'une part, et s'en est une Autre Langue, Révélée spirituellement, ainsi, beaucoup à l'esprit tordu, confondent, culture et religion.

  • Salem Vall (H) 23/05/2022 23:45 X

    Vous savez, les mauritaniens ne représentent pas 0,000001% de la population mondiale et on essaie toujours de nous créer des problèmes. Si nous prenons l’exemple de la France, le français est la langue nationale, elle est obligatoire dans l’enseignement. Après l’étudiant doit choisir une ou deux langues et le reste de son temps, travailler les matières scientifiques, artistiques…personne n’est disponible à perdre son temps. L’état aussi, non seulement, n’a pas les moyens ni d’intérêt à mettre des moyens dans des formations que très peu de personnes seraient demandeuses. Je reste persuadé que si la Mauritanie ouvrait des classes pour enseigner le pular, le wolof, le sarakole et pourquoi le hassaniya, tres très peu de personnes vont s’y inscrire. Cela n’a aucun intérêt sur le plan professionnel. Après sur le plan personnel, on peut s’intéresser à tout qu’on veut mais demander à un État aussi pauvre que la Mauritanie de mettre le peu de ressources dont elle dispose dans une information sans intérêt aucun relève de l’inconscient et de beaucoup d’autres qualificatifs que je ne puis prononcer. Par ailleurs, la majorité de ceux qui marchent pour de cinéma n’inscriront jamais leurs enfants dans ce type d’écoles. Pour une raison claire et simple

  • Buwuelm (H) 23/05/2022 21:41 X

    Cher ahznar, merci pour le compliment. Pour ce qui est de l’inscription sur la « pancarte », elle exprime un souhait de faire du tamazight une langue nationale en Mauritanie. Ceci est tout simplement absurde. Maintenant, je suis d’accord avec vous, que tous les dialectes et toutes les langues sont défendables, même minoritaires. Il y va de la richesse culturelle d’une nation.

  • ahznar (H) 23/05/2022 16:58 X

    Buwuelm merci encore votre opinion sur la problématique en Question. Elle est pertinente. Mais encore je parle de votre remarque sur la porteuse de pancarte. Je trouve qu'elle a le droit de défendre sa langue comme...les autres

  • Buwuelm (H) 23/05/2022 12:50 X

    ahznar, il me semble avoir constaté une certaine incompréhension de votre part, au sujet de ma remarque. Le Tamazight (berbère), le mandarin, le swahili, le ouïghour et comme tous les autres moyens de locution sont les bienvenus dans l’espace communicatif de la Mauritanie. Ce brassage des cultures, tant souhaité, est un facteur de stabilité nationale. Dans mon raisonnement précédent, il n’est nullement apparu un quelconque sentiment de mise à l’écart ou de stigmatisation de telle ou telle autre entité. Ce qui doit nous intéresser pour le moment, vous et moi, ce sont les quatre langues nationales classées par ordre alphabétique (arabe, pulaar, soninke wolof). Elles sont reconnues par la Constitution de 1991. Ce sont elles qui sont à l’ordre du jour, pas la langue berbère.

  • Chenguitien 2019 (H) 23/05/2022 12:40 X

    1) Si le berbère est amazigh alors personne ne le parle en Mauritanie. Ceci dit j'aimerais bien qu'on l'enseigne pour l'histoire et pour comprendre l'origine de certains mots en hassaniya et aussi pour beaucoup de personnes maures d'origine des peuples berbères.

    2) quand à la prononciation de l'arabe c'est une fasse raison; les nègres mauritaniens n'ont aucun problème avec le coran et sa prononciation. Il y a des centaines d'intellectuels et hauts diplômés en arabe.

    Ce qu'il faut faire c'est de s'accepter tous, de s'aimer pour ce que nous sommes (citoyens et musulmans) , tout le reste suivra.

    Oui, il faut enseigner les langues nationales. Je dirai même que en plus de la langue officielle, tout ministre, gouverneur, préfet une ou deux langues nationales est obligatoire.

  • ahznar (H) 22/05/2022 23:14 X

    Buwuelm je trouve votre remarque sur la porteuse de pancarte '' le berbère langue nationale '' pas logique encore moins démocratique. Nous sommes un pays multipluraliste. Toute ethnie doit défendre sa langue. Pourquoi exclure le berbère ? A mon avis ttes les langues se valent. Comme disait Jean Michel Kankan appelez mon nom au pluriel, auusi vs devez parlez au pluriel. Merci surtout votre raisonnement.

  • Buwuelm (H) 22/05/2022 21:43 X

    Je suis, et ce depuis très longtemps, pour l’intégration du pulaar, du soninke et du wolof dans les manuels scolaires et permettre ainsi, aux enfants et personnes âgées issus de ces populations, de recevoir une éducation adaptée à leur mental. L’enseignement et l’éducation par les langues locales est la meilleure façon d’inculquer à l’individu, le chemin le plus rapide pour son développement psychique et intellectuel. Le combat mené par l’OLAN ne sera pas facile, mais mérite d’être poursuivi par tous ceux-là qui ont compris que le salut d’un peuple dépend de son degré d’enracinement dans ses cultures. Personnellement, je ne rejette pas systématiquement l’arabe que je considère comme une langue parfaitement modelée, et très riche dans son ensemble. Seulement, il n’est pas donné à tout le monde de la parler pour des raisons de phonétique innée chez les maures, et difficilement assimilable pour certaines couches. Pour l’égalité des chances, il faut permettre à tout un chacun de choisir la voie de développement conforme à son psychisme. Pour avoir survolé les photos qui accompagnent l’article, mon attention s’est portée sur une femme tenant un papier sur lequel est inscrit : LE BERBERE LANGUE NATIONALE. Ceci est un dérapage inadmissible, qui pourrait inciter le bambara, le mandingue ou quelques familles ancrées en Mauritanie, à étaler la même revendication linguistique. Ce qui serait dommageable pour tout le monde.