11-11-2024 09:12 - Après la réélection de Trump, la COP29 s'ouvre à Bakou par un appel à la coopération mondiale
Le Figaro - La 29e conférence climatique de l’ONU s’est ouverte lundi en Azerbaïdjan par un appel à la coopération mondiale, six jours après la réélection de Donald Trump, alors que des centaines de milliards de dollars d’aide sont réclamés par les pays en développement.
«Il est temps de montrer que la coopération mondiale n’est pas au point mort. Elle est à la hauteur du moment», a lancé le patron de l’ONU Climat, Simon Stiell, en ouverture de l’énorme conférence à Bakou, sur les bords de la mer Caspienne, sans jamais mentionner le pays dont le nom est ici sur toutes les lèvres : les États-Unis.
L’enjeu principal de cette COP, qui durera jusqu’au 22 novembre, est de fixer le montant de l’aide climatique des États développés pour les pays en développement afin qu’ils se développent sans charbon ni pétrole, et puissent affronter plus de canicules et d’inondations.
Aujourd’hui de 116 milliards de dollars par an (en 2022), le nouvel engagement doit se chiffrer en milliers de milliards annuels, réclament les pays pauvres. Mais les Occidentaux jugent cet ordre de grandeur irréaliste pour leurs finances publiques.
Le président de la COP29 Moukhtar Babaïev a évoqué des «centaines de milliards» dans son discours d’ouverture lundi, mais aucun négociateur n’a dévoilé ses cartes. Des délégués ont négocié jusqu’à 4 heures du matin dans la nuit de dimanche à lundi. «La COP29 est un moment de vérité pour l’accord de Paris», a lancé Moukhtar Babaïev, ministre azerbaïdjanais de l’écologie, et ancien cadre la compagnie pétrolière nationale, Socar.
De grands absents
Il ne faudra qu’une signature à Donald Trump, à son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, pour rejoindre l’Iran, le Yémen et la Libye hors du texte adopté par les pays du monde entier en 2015. Cet accord est le moteur qui a permis d’infléchir la trajectoire de réchauffement mondial depuis dix ans aux alentours de 3°C ou moins d’ici 2100, selon les calculs.
Le texte engage le monde à limiter à 2°C le réchauffement et à poursuivre les efforts pour le contenir à 1,5°C, par rapport à la fin du 19e siècle. L’année 2024, diluvienne pour de nombreux pays, sera quasi-certainement à ce niveau. Si cela se maintient sur le long terme, la limite climatique serait considérée comme atteinte.
Depuis mardi dernier, les Européens jurent qu’ils redoubleront d’efforts pour compenser le retrait américain, mais peu iront à Bakou. Ni Emmanuel Macron, ni Olaf Scholz ne participeront au sommet d’une centaine de dirigeants mardi et mercredi. «Tout le monde sait que ces négociations ne seront pas simples», a lâché la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Le Brésilien Lula, hôte de la COP30 l'année prochaine, est absent aussi. Le Colombien Gustavo Petro a annulé en raison d'inondations dans son pays, et le Premier ministre néerlandais après les violences contre des citoyens israéliens à Amsterdam. Mais les talibans ont envoyé une délégation.
Environ 51.000 participants sont accrédités, selon l'ONU Climat, moins que lors de l'extravagante COP28 de Dubaï l'an dernier. Nombre d'ONG critiquent par ailleurs la tenue de la conférence dans un pays qui célèbre le pétrole, et où les autorités poursuivent et ont arrêté plusieurs militants environnementaux.
L'accord de Paris engage le monde à limiter à 2°C le réchauffement et à poursuivre les efforts pour le contenir à 1,5°C, par rapport à la fin du 19e siècle. L'année 2024, diluvienne pour de nombreux pays, sera quasi-certainement à ce niveau. Si cela se maintient sur le long terme, la limite climatique serait considérée comme atteinte.
L'Ougandais Adonia Ayebare, président d'un bloc de négociations appelé G77+Chine, qui regroupe les pays en développement, prévient que les négociations de deux semaines seront difficiles sur l'enjeu premier de cette COP: à combien de milliards d'aide climatique les pays riches voudront-ils bien s'engager? «Dès qu'on parle d'argent, tout le monde se montre sous son vrai jour», confie le diplomate à l'AFP.
«Mettez de l’argent sur la table»
Il y a 15 ans, lors du fiasco de la COP de Copenhague, les pays développés avaient sauvé les meubles en promettant 100 milliards de dollars d'aide annuelle d'ici 2020 pour les pays en développement. Cet argent, en grande majorité des prêts, permet de construire des centrales solaires, améliorer l'irrigation, de construire des digues ou d'aider les agriculteurs face aux sécheresses. L'heure est venue d'augmenter cette aide Nord-Sud, mais de combien?
«Mettez de l'argent sur la table pour montrer votre leadership», dit à l'AFP, à l'adresse des Européens notamment, le négociateur des 45 pays les moins développés, Evans Njewa, du Malawi. Mais l'ambiance dans les pays riches est l'austérité (en Europe) ou le désengagement international (aux États-Unis). Beaucoup réclament que la Chine et les pays du Golfe contribuent davantage. Ce à quoi le négociateur chinois a répondu qu'il n'était pas question de «renégocier» les textes onusiens, qui stipulent clairement que seuls les pays développés, selon une vieille définition onusienne, ont l'obligation de payer.
Sensible aux réticences des Occidentaux, le patron de l'ONU Climat, Simon Stiell, souligne qu'il est dans leur intérêt de payer davantage pour sauver le climat: «Aucune économie, pas même celles du G20, ne survivra à un réchauffement mondial effréné, et aucun ménage n'échappera à l'inflation sévère qui en découlera». Mais seuls quatre dirigeants du G20 avaient confirmé dimanche soir leur présence à Bakou (Royaume-Uni, Italie, Turquie, Arabie saoudite).
Par Le Figaro avec AFP