01-12-2024 12:01 - Le Grand Pillage: La Mauritanie Saigne

Le Grand Pillage: La Mauritanie Saigne

Essada - « Comptez les camions », murmure Sidi, ouvrier portuaire, pendant que les navires chinois chargent le minerai de fer à minuit. « Comparez avec les registres officiels. Les chiffres ne correspondent jamais.»

Jeudi dernier, j’ai observé 32 camions déverser leur cargaison rouge. Les documents portuaires n’en mentionnaient que 18.

Cet écart reflète dix ans de pillage du secteur minier mauritanien. En fouillant les archives poussiéreuses des ministères, en écoutant les lanceurs d’alerte terrifiés, en suivant les pistes des morts, nous avons découvert une vérité brutale. Les pertes minières ont explosé:

2014: 320 millions d’euros évaporés. Cinq affaires de corruption majeures.

2018: 780 millions disparus. Dix-huit scandales étouffés.

2023: 1,5 milliard volé. Vingt-huit dossiers. Aucune condamnation.

« Creusez plus profond », insiste l’ancien inspecteur Ahmed, aujourd’hui exilé. Ses dossiers révèlent l’ampleur du désastre.

Les exportations non déclarées ont grimpé en flèche. Les navires chinois partaient lourds, arrivaient légers. Les traces administratives s’évaporaient.

2014: 15% des minerais manquants

2023: 42% volatilisés

Total détourné: 8,67 milliards d’euros. De quoi reconstruire chaque hôpital, école, route du pays.

« Mon village boit de l’eau empoisonnée », témoigne Mariam, malade du cancer. « Leurs pots-de-vin ont tué ma famille. »

2023, année noire. Trois constats accablants:

La fraude maritime explose. Les registres portuaires mentionnent des navires à moitié vides. Les photos satellites les montrent surchargées.

Les permis miniers bradés. Valeur réelle: des milliards. Prix de vente: des millions. L’argent disparaît offshore.

Les amendes environnementales s’évaporent. Les entreprises polluent librement. Les villages meurent lentement.

Certains résistent. La jeune avocate Aminata risque sa vie pour rassembler des preuves. Sidi compte les camions à minuit. L’ancien ministre Ahmed écrit ses mémoires depuis l’exil.

Leurs propositions:

Traçage numérique des minerais. Contrôle villageois des mines. Protection des lanceurs d’alerte. Emprisonnement des corrompus.

Coût? 120 millions d’euros.

Économies? Plus d’un milliard par an.

« Le changement ou la mort », dit Mariam, serrant ses factures d’hôpital. « Nos enfants méritent mieux. »

Ce soir, d’autres camions roulent vers le port. D’autres mensonges remplissent les registres. D’autres richesses saignent.

Nous connaissons désormais la vérité. La question demeure: Qui arrêtera le pillage? Depuis les champs de la mort minière mauritanienne!

Enquête Spéciale De ESSADA





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Commentaires (2)

  • ELTIEMPO (H) 02/12/2024 14:31 X

    L’impunité qui a prévalu dans l’affaire TAAZOUR et le bradage du foncier de la zone cabanon à Nouadhibou par l’Autorité de la zone franche de Nouadhibou a bien ouvert la boîte de pandore pour le régime Ghazouany qui se débat, chaque jour, dans les scandales financiers. L’argent public est détourné au grand jour sans que les contribuables mauritaniens ne sachent qui en sont les auteurs. Les différentes enquêtes ouvertes pour déterminer les coupables ont été, souvent, sabotés par le gouvernement lui-même sous le regard ébahi d’un peuple meurtri. Le président Ghazouany , qui a juré de ne plus laisser personne s’enrichir impunément sur le dos des Mauritaniens, assiste aujourd’hui en spectateur au festival des brigands.

  • LA VERITE SUR LA MAURITANIE (H) 01/12/2024 22:03 X

    La Mauritanie a véritablement souffert, ces dernières années, de corruption et détournements de deniers publics. Des irrégularités ont été constatées notamment à la SNIM, SOMELEC , SNDE , Ministère de la Santé , Port Artisanal, Port Autonome NDB, Ministère de l’équipement et transport, Autorité Zone Franche Nouadhibou, Port Tanit , Port de l’Amitié, …etc. Par ailleurs, des milliards mro se sont volatilisés, de caisses de TAAZOUR. Près de 320 milliards de dépenses non conformes, et personne n'en parle. Pourquoi le Président Ghazouany , le PM Ould Ndjay ferment les yeux sur toutes ces dérives qui ont été pointées dans les rapports de l’IGE .