Rapide Info - Depuis plusieurs mois, la réforme du baccalauréat en Mauritanie suscite débats et interrogations. Portée par le ministère de l’Éducation et de la Réforme du Système d’enseignement, cette réforme vise à moderniser un système jugé obsolète, améliorer la qualité de l’enseignement secondaire et mieux préparer les élèves à l’enseignement supérieur. Retour sur les principaux changements et les enjeux qui les accompagnent :

Une volonté de « rationalisation » du système

Le baccalauréat mauritanien, dans sa forme antérieure, était régulièrement critiqué pour sa lourdeur administrative, son manque de fiabilité et les fraudes récurrentes qui en entachent la crédibilité. La réforme engagée depuis 2023 entend rompre avec ces pratiques en introduisant des changements structurels majeurs.

Parmi les mesures phares, figure la réduction du nombre de matières examinées. Désormais, seuls les enseignements fondamentaux liés à chaque série seront évalués, une décision censée alléger la charge des élèves et recentrer les efforts sur les compétences clés.

La fin du « tout ou rien » : le système de compensation

Autre innovation notable : l’instauration d’un système de compensation entre les matières. Jusqu’ici, l’échec dans une discipline pouvait coûter l’ensemble de l’examen. Dorénavant, une note faible pourra être compensée par une autre plus élevée, à condition d’atteindre une moyenne générale suffisante. Ce mécanisme vise à mieux refléter les acquis globaux des candidats et à réduire l’échec massif.

Des sessions plus sécurisées et digitalisées

Le ministère a également mis l’accent sur la sécurisation de l’examen. Un effort particulier est fait sur la digitalisation des convocations et la codification des copies. Le but : limiter les fuites de sujets et renforcer la transparence. Des caméras de surveillance ont été installées dans plusieurs centres, une première dans le pays.

En parallèle, les corrections seront davantage centralisées et anonymisées afin d’éviter toute tentative de favoritisme ou de manipulation des notes.

Une réforme critiquée, mais nécessaire ?

Malgré son ambition, la réforme ne fait pas l’unanimité. De nombreux enseignants dénoncent un manque de concertation et une mise en œuvre précipitée. Certains syndicats estiment que les nouveaux barèmes ne tiennent pas compte des réalités des établissements publics, souvent sous-équipés.

Du côté des élèves, l’inquiétude domine. « On ne sait plus à quoi s’attendre », confie Aicha, candidate en série scientifique. « On change les règles en cours de route, sans explication claire. » Des séances d’information ont été annoncées par les académies régionales, mais beaucoup jugent ces efforts tardifs.

Un tournant pour l’éducation mauritanienne ?

En dépit des critiques, les autorités défendent une réforme « indispensable » pour relever le niveau du baccalauréat et le rapprocher des standards internationaux. La ministre de l’Éducation et de la Réforme du Système d’enseignement avait déclaré que cette réforme s’inscrivait dans une refonte plus large du système éducatif national.

Reste à voir si ces ajustements porteront leurs fruits sur le long terme. Le taux de réussite au bac 2025 sera observé de près, autant par les autorités que par les citoyens, comme un premier indicateur de l’impact réel de ces mesures.

Rédaction Rapide info