15-07-2025 11:54 - Ahmed Ould Samba face au pouvoir : un procès politique qui divise la Mauritanie

Ahmed Ould Samba face au pouvoir : un procès politique qui divise la Mauritanie

POINTS CHAUDS - La justice mauritanienne vient de franchir une nouvelle étape dans l’affaire Ahmed Ould Samba. Jeudi dernier, la Chambre criminelle de la Cour suprême a ordonné le renvoi de l’activiste devant le tribunal correctionnel de Nouakchott Ouest.

Il est accusé d’« outrage et injure au président de la République » ainsi que d’« atteinte intentionnelle à la vie privée via un système d’information ».

Cette décision clôt des mois de rebondissements judiciaires, mais relance le débat sur les limites de la liberté d’expression dans le pays.

Une affaire aux multiples revirements

Tout commence mi-janvier 2025, lorsque l’Unité spéciale de lutte contre la cybercriminalité arrête Ahmed Ould Samba. Placé en détention le 16 janvier sur ordonnance d’un juge d’instruction, il reste incarcéré pendant trois mois et demi. Son équipe juridique dénonce dès le départ une « détention arbitraire », pointant du doigt des retards « injustifiés » dans la procédure, malgré un dossier qualifié de « flagrant délit ».

Le 10 février, le juge de la sixième Cour chargée des crimes de droit commun rend une ordonnance partagée : Ould Samba est renvoyé en jugement pour outrage et atteinte à la vie privée, mais échappe aux accusations d’« incitation au racisme » et d’« atteinte à la cohésion sociale ».

Le parquet conteste cette décision partielle et saisit la Chambre d’accusation, qui valide le renvoi le 3 mars. Le ministère public persiste et porte l’affaire devant la Cour suprême, sans succès : la plus haute instance judiciaire confirme à son tour le renvoi devant le tribunal correctionnel.

Trois mois de détention et des appels ignorés

Pendant son incarcération, les avocats de l’activiste multiplient les prises de parole, dénonçant une instrumentalisation de la justice. Dans des déclarations publiques, ils affirment que les retards procéduraux visent à « prolonger une punition illégale ». L’équipe de défense révèle aussi avoir alerté en vain la Commission nationale des droits de l’homme et d’autres instances, sans obtenir de réaction.

Si le tribunal correctionnel doit désormais trancher, l’affaire dépasse le cadre juridique. Pour les soutiens d’Ould Samba, ce procès symbolise un rétrécissement de l’espace démocratique, où la critique du pouvoir est criminalisée. À l’inverse, les autorités justifient leur fermeté par la nécessité de protéger « l’ordre public et la dignité des institutions ».

Alors que le pays attend le verdict, une question persiste : la Mauritanie saura-t-elle concilier sécurité d’État et droits fondamentaux, ou ce procès marquera-t-il un tournant autoritaire ? La prochaine audience au tribunal correctionnel promet d’être scrutée bien au-delà des frontières nationales.





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