06-04-2012 14:18 - La Mauritanie vue par un Ariégeois amoureux des grands espaces - [Video]
Jacques Jany, mécanicien à la retraite, est animé par deux passions, le vol en ULM pendulaire et la photographie, qu’il arrive à cultiver à travers l’association Partag’Air dont le siège et la piste de décollage sont basés à Troyes d’Ariège.
Ce sportif de l’extrême est également un voyageur intrépide qui n’a pas hésité à parcourir l’Antarctique, l’Amérique du Sud et à présent l’Afrique où il est littéralement tombé sous le charme de la Mauritanie. Un pays de 3 millions d’habitants, grand comme deux fois la France, charnière entre le Maghreb et l’Afrique Occidentale.
L’hiver dernier, notre Ariégeois a mené une expédition «touristico-humanitaire», la seconde du genre, dans le nord du pays où il a apporté aux tribus nomades plus de 500 kg de vêtements, des médicaments (déposés dans les dispensaires des ONG françaises) et des produits de première nécessité (lunettes loupes de correction, briquets, couteaux, etc...).
Partant du principe qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est lui qui veille à la distribution de son précieux chargement.
Des liens se sont créés depuis 2009, date de son premier voyage, si bien que Jacques peut voir évoluer ce pays qui souffre selon lui d’un «mauvais battage médiatique»: «je voyage toujours seul et il ne m’est jamais rien arrivé ! Mais il et vrai que j’ai le meilleur des laissez-passer, Cacahuète, une Goélette Renault 1960 modifiée en 4x4 des années 60»
Les anciens qui ont connu l’influence française reconnaissent la marque de cet engin plutôt sympathique qui devient vite l’objet de toutes les attentions.
Jacques Jany de retour de son expédition africaine, des images et des souvenirs plein la tête, nous a accueilli sur le site de Partag’Air où il a repris son activité d’ULM (quand la météo le permet).
«Là -bas, il y 11heures de jour, j’ai pu réaliser des photos animalières extraordinaires mais il y a souvent du vent, l’Armatan, un vent du nord qui souffle en permanence, il faut souvent attendre des jours pour pouvoir voler»
Car malgré ses près d’une tonne de surcharge, notre aventurier n’a pas hésité à prendre dans ses bagages un paramoteur. Ce qui lui a permis de voler au-dessus du Guelb er Richat et d’immortaliser cet accident géologique de plusieurs dizaines de millions d’années, unique au monde avec un diamètre de 45 km, d’où son surnom: l’œil de l’Afrique: «un paysage lunaire de toute beauté, un vol magique»
Et puis il y a eu toutes ces rencontres avec les tribus nomades, tous ces sourires échangés, ces moments de convivialité autour d’un verre de thé. Ces éleveurs de chèvres n’ont pour toute richesse que quelques maigres animaux et une table, l’unique mobilier de leur habitation de fortune (des tentures tendues pour les protéger du vent, des tapis au sol pour les isoler du sable) qui sert également une fois fixée sur le dos du chameau, retournée les pieds en haut, à amarrer tous les paquetages et les transporter d’un lieu à l’autre.
«Ils tirent leur nourriture des chèvres (lait, viande, fromage) qu’ils élèvent, des bêtes souvent amaigries par le manque d’eau et de nourriture […] à El Beyed, il n’avait pas plu depuis cinq ans, la végétation s’accroche aux moindres interstices pour puiser l’humidité de la nuit»
Ce petit village situé à 600km au nord-est de la capitale Nouakchott fait partie des plus beaux souvenirs de Jacques Jany: des familles nomades sont éparpillées sur une dizaine de kilomètres, un puits souvent saumâtre, le seul bâtiment en dur est une école édifiée par une ONG espagnole, jamais ouverte par manque d’enseignant:
«Souvent les ONG installent des puits, les pompes fonctionnent avec du solaire mais elles ne prennent pas le temps de former les autochtones en cas de panne […] je leur ai donné un coup de main, cela tient souvent à peu mais l’eau c’est la vie !»
El Beyed c’est surtout un site archéologique majeur avec des vestiges du paléolithique, des outils mais aussi des gravures rupestres.
Yeslem, le chef du village, a beaucoup prospecté avec le scientifique Théodore Monod. Celui-ci lui avait conseillé de collecter les plus belles pièces afin de créer un musée: «les touristes viendront un jour et ils paieront pour visiter ton musée»
Yeslem l’a écouté, dans une case fermée par une corde et un cadenas, différentes corbeilles à même le sol, à l’intérieur des bifaces, des pointes, des haches polies ou des grattoirs… un trésor que Yeslem espère un jour pouvoir partager.
«Mon souci majeur, poursuit Jacques, outre ce patrimoine à ciel ouvert qui peut aiguiser toutes les convoitises, c’est le manque d’eau, il y a en ce moment une grosse sécheresse en Mauritanie et je crains le pire»
A peine de retour au pays, ce voyageur au long cours pense déjà à repartir, l’hiver prochain ou dans deux ans, inch'allah, si dieu le veut... Retrouvez les photos du voyage de Jacques Jany sur: http://partagair.jimdo.com/récits-de-vol/paramoteur-vol-sur-la-lune-ou-l-oeil-de-l-afrique-en-solitaire