06-12-2025 11:47 - La Mauritanie accélère la transformation numérique de son système sanitaire

La Mauritanie accélère la transformation numérique de son système sanitaire

AGENCE ECOFIN - Le gouvernement mauritanien mise sur les TIC pour stimuler le développement socio‑économique. Il souhaite donc intégrer le numérique dans tous les secteurs, notamment dans le secteur de la santé.

Les autorités mauritaniennes accélèrent la numérisation du système sanitaire national. Mohamed Mahmoud Ely Mahmoud (photo, à droite), ministre de la Santé, a présenté, le jeudi 5 décembre, les priorités de la prochaine phase de la feuille de route lors d’une réunion avec son homologue de la Transformation numérique, de l’Innovation et de la Modernisation de l’administration.

Les priorités portent notamment sur la numérisation des informations épidémiologiques, la création d’une base de données nationale de vaccination, ainsi que la mise à jour des données relatives à la gestion des infrastructures sanitaires, des équipements et des fournitures médicales. Cela permettra d’assurer l’exactitude des informations, de faciliter la planification et d’améliorer l’efficacité des interventions sanitaires.

La semaine dernière, c’était le lancement des projets numériques de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM). Au cœur des innovations se trouve la plateforme E‑CNAM, qui permet la numérisation des demandes d’accord préalable, le dépôt électronique des documents médicaux et des factures, ainsi que le suivi du processus de remboursement. Elle offre également la digitalisation des procédures de prise en charge à l’extérieur et de la gestion interne de la Caisse.

Cette même semaine s’était également tenue la deuxième réunion du comité ministériel chargé de la réforme des hôpitaux, sous la présidence du Premier ministre, Moctar Ould Diay. La transformation numérique au sein de ces établissements fait partie des principales propositions et axes techniques visant à améliorer la prise en charge des patients.

Le 29 octobre, la Mauritanie a marqué une avancée stratégique avec le lancement de la Stratégie Nationale de e‑Santé 2024‑2030.

Selon l’Agence belge de coopération internationale (ENABEL), un des partenaires, cette feuille de route vise à transformer le secteur de la santé par l’intégration de solutions numériques pour offrir un accès équitable aux services de santé de qualité, étendre la couverture dans les zones reculées et faciliter les consultations à distance via la télémédecine.

Elle contribue également à la rationalisation des coûts et à une gestion optimisée des importations de médicaments et de l’approvisionnement des établissements de santé.

Par ailleurs, Ginger International, un cabinet français spécialisé en expertise et assistance technique en santé et environnement à l’international, a été mandaté par l’Union européenne pour mettre en œuvre un projet d’appui à la digitalisation du secteur de la santé en Mauritanie. L’initiative a été lancée début novembre.

Un potentiel reconnu face à des défis

Dans une dépêche publiée en juillet 2025, Afrobarometer indiquait qu’en Mauritanie, le système de santé fait face à de nombreux obstacles structurels. Parmi ces défis figurent la pénurie d’infrastructures, le manque de personnel médical qualifié, le coût élevé des soins et les ruptures fréquentes de médicaments ou de matériel médical.

Il ajoute que le pays ne compte qu’environ 26 médecins pour 100 000 habitants, un ratio largement inférieur à la norme recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À ces défis s’ajoutent un sous‑financement chronique du secteur et des problèmes de gouvernance, notamment liés à la corruption.

« Ces insuffisances ont des répercussions dramatiques sur la santé publique. La mortalité infantile, bien qu’en léger recul, reste élevée avec 46,35 décès pour 1000 naissances vivantes en 2024 […]. Quant à la mortalité maternelle, elle demeure l’une des plus préoccupantes au monde, atteignant 766 décès pour 100 000 naissances vivantes, soit plus de trois fois la moyenne mondiale », peut‑on lire dans la dépêche intitulée « La santé est la priorité des Mauritaniens, dont la plupart disent avoir manqué de soins médicaux ».

Selon le PNUD, la santé numérique pourrait constituer une chance pour relever les défis et développer les systèmes de santé africains, au vu par exemple du taux de pénétration de la téléphonie mobile en Afrique et de l’usage qui en est fait.

L’agence onusienne estime que le numérique permettra l’expansion de la couverture sanitaire universelle en faisant tomber certaines barrières comme les coûts, l’accès compliqué ou le manque de qualité des soins, tout en étendant la gamme des services proposés, en particulier dans les régions où les infrastructures et le personnel sont rares ou inexistants.

Ces efforts de transformation numérique soulèvent toutefois plusieurs questions, notamment celle de la solidité et de la disponibilité générale des infrastructures numériques. Si la Mauritanie a accéléré le développement des TIC dans le pays, les limites restent importantes.

Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), les réseaux 3G et 4G ne couvraient respectivement que 43,9 % et 34,7 % de la population mauritanienne en 2022, contre 97 % pour la 2G en 2023. Le taux de pénétration de l’Internet était de 37,4 %, contre 79,1 % pour la téléphonie mobile en 2023.

Au‑delà des infrastructures, d’autres défis persistent : le manque de compétences numériques, l’insuffisance des financements et la nécessité de renforcer la gouvernance du secteur. Ces limites pèsent sur la réussite de la stratégie nationale d'e‑Santé et façonnent la capacité du pays à transformer durablement son système sanitaire.

Isaac K. Kassouwi





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Source : Agence Ecofin
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