19-12-2013 14:57 - Al Ahmady : Histoire d’un hôtel qui ne veut pas mourir
Hôtel Al Ahmady ou, plus familièrement pour les Nouakchottois de ma génération, Hôtel Didi du nom de son propriétaire, connu aussi pour être l’un des premiers journalistes mauritaniens.
Si j’en parle aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un établissement fréquenté par les touristes – d’ailleurs très rares en Mauritanie depuis que le pays a été classé dans la zone rouge, en 2007, par le Quai d’Orsay – mais pour raconter l’histoire d’un hôtel qui refuse de mourir. Bien qu’il soit fermé depuis près de trente ans !
Comme je le fais chaque vendredi ou samedi, jours de repos en Mauritanie, je roule doucement sur la route reliant le Wharf de Nouakchott à la Plage des pêcheurs, le regard rivé sur les centaines de Nouakchottois qui, comme moi, ont fui le tumulte de la ville pour passer un moment de tranquillité sur ce qui est pour tout habitant de la capitale « La plage ».
Une appellation qui date sans doute de l’époque des premiers hôtels de Nouakchott : Al Ahmady (hôtel Didi), bien sûr, situé à quelque deux kilomètres à l’ouest du Wharf de Nouakchott, hôtel Diama (ou Diamant, je ne sais plus comment on prononçait le nom de cet établissement dont ne reste plus aujourd’hui que les vestiges) et hôtel Sabah, à deux cents mètres à peine de la Plage des pécheurs où la Coopération japonaise a construit un marché de poisson devenue une sorte de « bourse alimentaire » et de moyen de survie pour beaucoup de jeunes mauritaniens sans emplois.
Arrivée au niveau de l’hôtel Didi, mon attention est attirée par le nombre impressionnant de personnes qui entrent ou sortent dans un établissement qui avait fermé ses portes depuis plus de trois décennies. Cela ramena en moi des souvenirs du « bon vieux temps », comme on dit.
Un ado m’informe que les Nouakchottois venus en familles ou en groupe de jeunes apprécient ce côté de la plage où un bateau échoué sur les sables fin, on ne sait ni quand ni comment, avait acquis le surnom de « titanic » du nom du film mythique de James Cameron, sorti en 1997.
J’ai alors voulu, pour la première fois, visiter cette plage, et pas une autre, en me dirigeant vers la grande porte d’entrée de l’hôtel. Mais à ma grande surprise, un homme se précipite et place un bidon d’huile vide au beau milieu de la porte, m’obligeant à m’arrêter. Et sans attendre, il me dit d’une voix autoritaire : « 200 UM ». J’ai failli éclater de rire à l’annonce de ce péage inattendu. Moins d’un euro pour accéder à la plage « privée » d’un hôtel abandonné ! Décidément, les Mauritaniens ont le sens des affaires.
Je sais pourtant moi que ce n’est pas Didi, le propriétaire de l’hôtel, qui a imposé ce « droit de passage » vers la plage. L’homme est connu pour sa générosité légendaire. Je me rappelle que, venu en 2005 dans son imprimerie pour demander le prix de fabrication d’un tabloïd de 12 pages, il m’avait accordé le prix du premier numéro, soit à l’époque 70.000 UM (175 euros).
C’est donc probablement « le gardien du temple » qui, voyant que ce côté de la plage étai très prisé, a voulu faire son propre business. Et, ma foi ça doit rapporter chaque week-end un joli magot.