19-05-2014 07:39 - La Chasse à la vie : 13ème épisode - La chasse à la sorcière
Cheibou - Dès que la situation s’est stabilisée, une chasse à la sorcière s’est vite installée dans la cité, surtout à l’encontre des jeunes qui sont les plus visés par cette opération que conduisait le Commissaire de Police de Zouerate.
Les policiers traquaient les ouvriers et les meneurs de troubles sous la conduite d’un Brigadier Chef, et d’un agent de Police du nom de Ghassem, d’autres, ont pendant des journées entières pourchasser les jeunes qui comme moi étaient des commissionnaires, je fus l’un des premiers à être arrêté en compagnie d’autre compagnons.
Nous avions été amené au Commissariat de Police qui se trouvait en ces temps-là au sud-est de Dumez, car c’était là que les taxis brousses en provenance de la Gare de Tazadit et transportant les passagers en provenance des trains, doivent y effectuer les formalités d’entrée ou de départ de Zouerate.
Nous subsistâmes aux supplices que nous infliger les policiers pour nous obliger à leur fourniture des renseignements sur les meneurs de trouble ou les noms des individus qui avaient brûlé les véhicules ou cassé les logements des expatriés et durant notre détention dans les geôles de la Police, nous avons subis beaucoup de mauvais traitement.
Je me souviens que sans la volonté et la détermination de nos parents, à prouver notre innocence, rien n’augurait notre libération par les Autorités d’alors.
‘’En effet, nous étions innocents, car notre présence sur les lieux des escarmouches était dictée en premier lieu par la curiosité et le manque de conscience en ce qui concerne les retombées de cette présence sur ces lieux lors de ces moments aussi gravissimes.
Mais, la détermination des travailleurs et le courage par lequel ils ont convaincu les populations à se mouvoir au sein du mouvement étaient salutaires.
Ces populations-là avaient une volonté de fer et une cohésion totale.
Au sein de ces rangs, noirs et blancs, étaient tous comme un seul homme, face à un drame qui n’avait pour objectif que la servilité, l’exclusion et l’exploitation de l’homme par une Entreprise dont les visées et les objectifs, démontraient ainsi sa velléité à l’égard du travailleur mauritanien et africains de l’Entreprise.’’
C’étaient-là également, ma conclusion de ces évènements de Mai 1968, alors que je n’étais qu’un jeune mauritanien, encore frais, et qui cherchait à s’assurer un espace dans la fibre de la liberté, loin de l’injustice qui se manifestait tout autour de moi depuis mon propre refuge parental à celui d’un autre monde plus attaché à la liberté et à la dignité humaine.
Naturellement, je méditais beaucoup au sort des familles expatriés, leurs enfants, les pauvres femmes et même les animaux qui vivaient sous le toit de ces expatriés.
Ces hommes et ces femmes encastrés qui vivaient dans des conditions de détentions inexpugnables, cela me faisait mal, c’est naturellement une mauvaise appréciation de la qualité de l’hospitalité légendaire des mauritaniens.
C’est aussi une forme d’injustice de l’Entreprise vis-à -vis des ces expatriés, qui manifestement, ont été soumis à des injonctions de la part de la société pour les obliger à subir le forfait commis par elle, au détriment de ses employés mauritaniens ; Car si la société avait pris des mesures justes et équitables pour régler les revendications des ouvriers de la mine, on n’en serait pas là . Hélas….
L’injustice que j’ai vécue au sein de ma famille, celle des ouvriers qui ont subi au sein de la puissante société (MIFERMA), ont marqué à jamais dans mon esprit, la ferveur de la liberté, de l’amour du prochain, du caractère indéniable du droit humain, de l’entraide et surtout de l’amour de la PATRIE.
En effet, dans mon entendement à moi :
‘’L’homme à une dignité et cette dignité est un socle réel, et une parcelle solide, à savoir qu’il est venu au monde en homme LIBRE, et cette même dignité se résume également par la liberté de mouvement, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, son honneur, le tout comme une source pure et intarissable, et non sous la répression, le bâillonnement, la torture, sous toutes ses formes, l’exclusion, le racisme et l’esclavagisme, comme source d’humiliation humaine’’.
A la Miferma, l’homme a été instrumentalisé pour subir les atrocités de l’exploitation de l’homme par l’homme, l’objectif de la société est de sucer le sang de l’ouvrier, du mécanicien, du conducteur d’engins, en un mot de l’autochtone mauritanien et surtout de l’africain.
Elle a voulu réduire à néant l’existence de cette économie (le fer) par une exploitation inexorable, insensible et partant, de réaliser ainsi son rêve de soumettre l’homme à ses caprices dans ces lointaines contrées.
Devant une telle atrocité, les travailleurs ont voulu démontrer aux dirigeants de la Miferma que ces objectifs-là ne seront jamais atteint, qu’ils lutteront jour et nuit pour défendre leurs intérêts, leur honneur, leur dignité et surtout qu’ils étaient déterminés à parvenir à ses aspirations-là .
A suivre ....
Alioune ould Bitiche
auteur de : "la chasse à la vie"
tél : 46785732
émail : bitiche@gmail.com
Nouakchott