01-07-2014 14:13 - Manuscrit d'auteur : « Ils travaillent pour manger et mangent pour travailler » (Suite et fin)
Adar-Info - Classements théoriques et discours sur les artisans (m’allemîn) de la société bidân de Mauritanie - Les discours des m’allemîn sur leurs propres origines.
La soumission idéologique et pratique largement attestée chez les dominés, peut cependant s’accompagner d’autres perceptions identitaires plus valorisantes. Pour clore cette section et cet article, je voudrais faire état de quelques traditions des m’allemîn sur leurs propres origines.
Il faut préciser d’abord, qu’un grand nombre de m’allemîn considère que leurs origines sont les mêmes que celles des autres Bidân et se donne des ancêtres Arabes, Arabo-berbères ou Kwâr. Gabus (1976 : 8) cite par ailleurs une tradition recueillie à Walâta selon laquelle l’ancêtre des m’allemîn de cette ville se trouvait parmi les cinq personnages légendaires qui, venant de Bagdad, fondèrent Walâta au IIè siècle de l’Hégire.
Il s’agit de Yahya al-Kabir, son fils Mhamed, un maçon, un muezzin, un m’allem et un étudiant; des personnages qui font figure de Héros civilisateurs, bâtisseurs de cités. D’autre part, la majorité des familles des m’allemîn rattachées aux Ahl Sîdi Mahmûd considèrent avoir des ancêtres araboberbères qui se consacrent depuis longtemps aux métiers de l’artisanat. Néanmoins, d’autres traditions parallèles font état de l’idée que les m’allemîn ont des origines nobles et antiques, car ils sont issus de la descendance de Dâwûd, le prophète musulman. Ainsi, d’après Gabus :
“Eux-mêmes {les m’allemîn} se disent d’origine noble, puisque selon la légende, leurs outils de base, marteau, enclume, pinces, leur furent apportés par le “Père Adam” lorsqu’il descendit du ciel sur la terre et le prophète Daoud leur apprit à tailler la pierre, couteau, silex, moule, mais aussi la préparation du fer. Puis les Ehel Balhamar (gens du diable) leur enseignèrent la magie sans laquelle ils ne pourraient lutter contre l’influence maléfique du fer.” (Gabus 1976 : 19).
Cette tradition recueillie à Walâta fait intervenir un autre personnage coranique (et biblique), Adam le père des hommes, et rappelle aussi les liens que les m’allemîn durent établir avec les forces maléfiques qui leur permirent de dompter le fer. En fait, Casajus (1987 : 294-295) rapporte des traditions proches concernant les Touareg : “Many Inadan claim descent from King David (ennebi Dawda, the ‘prophet’ David); some even produce genealogies which trace their families back to him.
Conclusions have thus been drawn somewhat hastily in the literature as to the Inadan being of Jewish origin (see, for ex. Lhote 1955: 110). This is not impossible, but it can hardly be deduced from the different traditions concerning King David. In many para-Koranic traditions, King David is described as the first blacksmith who learnt his craft from God.
In addition, Tuareg legends mention Biblical figures who are, however, not necessarily perceived as Jews, but rather as Moslems who lived after the time of the Prophet Mohammad. The Inadan may indeed be of Jewish origin. Other more reliable traditions depict them as descendants of Moroccan Jews who fled to the Sahara following Almohad persecution.”
Précisons d’abord que les traditions des nobles sur les “origines juives” des m’allemîn n’ont pas de rapport avec les traditions de ces derniers d’être descendants du prophète Dâwûd. On peut noter en effet —avec Casajus— que ce personnage n’est par perçu comme “Juif” mais simplement comme un prophète musulman —qui ne doit pas être confondu avec David, le “roi des Hébreux”.
Deuxièmement, on peut suggérer que cette tradition propre aux artisans sahariens a dû être directement inspirée par les écrits coraniques. Plusieurs versets attribuent en effet la paternité de l’industrie du fer au prophète Dâwûd (cf. sourate 34. 10-11; voir aussi la sourate 21.79-80). Adam apparaît également dans le Qur’ân comme le père des hommes et le “donneur des noms”, c’est à- dire comme le “maître” des choses qui en étant nommées sont appropriées (voir la sourate 2.31, aussi la sourate 7.11).
Or l’actualisation de ces traditions populaires en milieu saharien, notamment chez les artisans, ne semble nullement associée aux attributions des “origines juives” dont ils sont l’objet des groupes dominants. Elle exprimerait plutôt les traces des traditions plus anciennes des Héros civilisateurs décrits par Eliade (1977 : 72-81), qui enseignèrent les métiers originels aux hommes, retrouvables aussi bien dans les traditions de l’Arabie ancienne que dans les traditions locales sahariennes. Dans les deux cas, Dâwûd ou Adam ont du remplacer des Héros civilisateurs locaux antiques.
Enfin, la question de la véracité historique des origines juives des m’allemîn —ou des inadan chez les Touareg— est une question distincte, que l’on ne doit pas confondre avec les discours et les traditions actuelles et passées. Dans son livre Les Juifs au Sahara, Oliel Jacob (1994) s’efforce d’apporter des preuves historiques de l’installation des Juifs du Tuat marocain dans les contrées sahariennes, y compris dans la ville ancienne de Walâta. Il rapporte l’idée que les m’allemîn seraient d’origine juive parce que dans le sud marocain ils étaient aussi nommés Yohoud, Juifs.
A cet égard, il rappelle que les métiers manuels étaient laissés aux Juifs et que, de tout temps, dans les Etats musulmans du Maghreb, les Juifs excellaient dans les petits métiers, notamment le travail des métaux. Pour Jacob (1994 : 124) “il semble bien que les Juifs aient toujours été présents en Mauritanie, et ce, depuis la période pré-islamique”. Ainsi, il considère avec attention l’hypothèse de Mauny (1949) sur l’expansion des Juifs dans le Sahara occidental à partir du sud marocain; et celle de Monteil (1951) sur les origines juives des “Bafor”, réputés être des anciens habitants d’origine mystérieuse, de l’Adrar et du Tagant de la Mauritanie actuelle (Jacob 1994 : 124, 182).
Les inadan de la société touareg sont aussi évoqués dans cet ouvrage, et l’auteur mentionne l’idée qu’ils “seraient descendants des Juifs de Touat chassés de Tamentit” (ibid. supra : 125). Or, comme il le dit, il est fort probable que des groupes de Juifs (des artisans, mais surtout des commerçants transitant sur les routes transsahariennes menant à Tombouctou, tel le rabbin Mardochée Aby Serour (m. 1886, Jacob 1998), aient pu s’installer dans les contrées sahariennes, y compris en Mauritanie —même si cette possibilité soulève des réticences idéologiques importants chez de nombreux Bidân.
Cependant, cela ne signifie pas que tout groupe ayant des “origines incertaines” était d’origine juive. En tout état de cause, et dans l’état de la recherche actuel, je pense que l’on peut accepter l’hypothèse de Jacob (ibid. supra : 125) et considérer que si des Juifs se sont installés au Sahara occidental, au sud du Maroc et de l’Algérie, actuellement ils ont disparus, “sans doute absorbés par les populations parmi lesquelles ils ont voulu se réfugier.”
Conclusions
Dans la première section de cet article, j’ai tenté de montrer que les groupes de musiciens-poètes (îggâwin) et des artisans (m’allemîn) de la société bidân de Mauritanie peuvent être classés comme de groupes péripatétiques d’un type particulier. Deux autres groupes, les pêcheurs imrâgen et les chasseurs nmâdi pourraient être classés comme péripatétiques, mais de recherches approfondies sont encore nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
J’ai suggéré également que le terme “caste” ne semble pas pertinent pour désigner ces groupes spécialisés, et que l’usage de ce terme devrait être circonscrit à la seule société hindoue, dont la hiérarchie sociale de jâti (états hiérarchisés) et de varna (groupes statutaires par naissance) est organisée en fonction du critère religieux et cosmogonique du pur et de l’impur, et de la suprématie du religieux sur le politique.
Contrairement à ce système, la société bidân est fondée sur un double principe d’égalité statutaire et de hiérarchie sociale dont les fondements sont éminemment politiques, et les valeurs sociales reposent sur les codes de l’honneur des anciens groupes segmentaires guerriers (‘arab) et sur les codes religieux islamiques.
Comme d’autres sociétés pastorales et (anciennement) nomades, telle la société touareg, la société bidân possède en son sein de groupes segmentaires ayant deux statuts collectifs, les guerriers et les religieux. La distinction hiérarchique centrale concerne ici la séparation entre les groupes libres et nobles et les groupes de statut ou d’origine servile.
Dans ce contexte global, on trouve des groupes libres mais non-nobles spécialisés dans l’exercice des activités indispensables à la vie matérielle et symbolique, les péripatétiques îggâwin, artistes, chantres des valeurs de l’honneur et du pouvoir politique, et les péripatétiques m’allemîn, artisans, transformateurs des matières premières; les deux groupes étant par ailleurs rattachés aux qabâ’il bidân non pas par des liens généalogiques, mais par des liens de clientèle et de patronage, autrement dit par des relations de protection.
Le cas n’est pas spécifique aux péripatétiques, mais concerne également des groupes libres et nobles qui, affaiblis par diverses circonstances, s’intègrent à une qabîla comme clients, partageant une même identité segmentaire globale (‘asabiyya), et conservant parallèlement des identités restreintes (‘asabiyyat). Les péripatétiques de la société bidân présentent néanmoins des traits distinctifs eut égard aux critères qui définissent les péripatétiques dans la modélisation théorique proposée, notamment, par Aparna Rao (1987 : 1-32). Ainsi, chez les Bidân, les groupes tel les artisans m’allemîn ne sont pas caractérisés prioritairement par les critères d’endogamie vraie (ou obligation de se marier à l’intérieur d’un groupe défini) et d’ethnicité différentielle, et ils ne sont pas non plus une minorité ethnique vivant au sein d’une société hôte.
Si l’on considère leur situation structurelle, nous devons reconnaître qu’ils ne sont pas des “étrangers”, mais bien des membres de la société bidân, culturellement et linguistiquement des Bidân à part entière. Leurs rattachements segmentaires et leurs identités peuvent cependant changer, or le cas n’est pas exceptionnel mais au contraire fréquent dans cette société. Au sein de la hiérarchie statutaire propre aux Bidân, les péripatétiques m’allemîn occupent la place des groupes protégés, clients, ou dominés, vivant de la vente de leurs biens et de leurs services.
Si jadis ils nomadisaient avec leurs patrons, de nos jours leur mobilité spatiale s’est vue considérablement réduite et ils sont majoritairement sédentaires. Leurs activités spécialisées restent traditionnelles (la transformation du fer, des métaux, du bois et du cuir), mais elles évoluent et se diversifient en s’adaptant remarquablement aux nécessités de la vie moderne. Ils peuvent ainsi développer des activités productives (l’élevage, le commerce ou l’agriculture), et des métiers divers, tout en privilégiant leurs rapports d’échange de biens-services avec leurs patrons.
Enfin, les m’allemîn restent préférentiellement endogames. Néanmoins, le fait doit être associé non pas à une “imposition” des groupes dominants, mais bien plutôt, d’une part, aux préférences des mariages proches chez les Bidân et, d’autre part, à la transmission — forcément restreinte— de leurs savoir-faire. Or si la “naissance” marque pour une large part l’appartenance aux groupes péripatétiques, il faut souligner que la mobilité sociale est forte dans cette société, ainsi des groupes affaiblis par diverses causes sociales ou climatiques, de statut libre et noble, ont pu et peuvent toujours “devenir” des péripatétiques m’allemîn.
A l’inverse, la promotion statutaire concerne de nos jours quelques personnalités issues des familles de m’allemîn. Toutefois, d’une manière générale, les m’allemîn “traditionnels” seraient caractérisés par leur spécialisation professionnelle et par leur rôle d’intermédiation sociale —deux traits identifiables aussi bien dans des sociétés soudanaises qu’amazigophones, dont les Touareg. J’ai tenté en effet de relever l’importance de leur rôle social traditionnel et moderne d’intermédiation.
Dans ce sens, les m’allemîn ne peuvent pas être considérés comme un groupe “marginal”, mais bien plutôt comme les intermédiaires privilégiés des nobles, aussi bien dans le domaine domestique (dont les relations hommes-femmes et les arrangements des mariages), que dans le domaine politique (dont les négociations des alliances politiques).
En dernière analyse, leur situation statutaire inférieure ne doit pas être placée —comme il est fait couramment— dans un cadre simple de “mépris” associé à leurs métiers non honorables. Personnages du “dedans et du dehors”, au cœur de la société et en dehors de celle-ci, les m’allemîn jouent un rôle d’intermédiation sociale important, assigné par les nobles et adopté par eux comme stratégie de reproduction sociale.
Or, pour bien remplir ce rôle d’intermédiation, il semble nécessaire que deux conditions idéologiques et pratiques soient remplies : qu’ils soient perçus comme “étrangers” ou/et comme groupes “distants statutairement” des nobles; et qu’ils ne soient pas tenus de respecter le code de l’honneur et l’éthique des nobles.
En conséquence, il convient de comprendre que ces discours expriment la vision légitime et légitimée des divisions et des hiérarchies sociales (Bourdieu 1982 : 137) que l’élite noble tente d’imposer au reste de la société. Et, parallèlement, reconnaître que d’un point de vue structurel, les m’allemîn remplissent un rôle central dans le système social, économique et politique des Bidân.
C’est pour marquer cette distance des rôles socialement adoptés et acceptés par les m’allemîn que les membres nobles de la société bidân ont forgé des idéologies et des discours qui soulignent la différence éthique, morale et statutaire qui les sépare d’eux. L’examen de trois récits recueillis auprès des nobles Bidân a permis d’expliciter l’ambivalence idéologique qui est toujours associée (ici comme ailleurs) au métier des m’allemîn.
Cependant, ces discours ne sont plus homogènes, mais présentent deux courants contemporains. Ainsi, l’on reconnaît toujours une double valorisation (négative et positive) pour l‘exercice de leurs spécialisation et des services qu’ils procurent à la société. Mais les préjugés de mépris, de crainte associés aux liens que les m’allemîn sont censés avoir avec le monde surnaturel et à leurs origines (supposés) étrangères—, sont plus répandus en milieu traditionnel.
Alors qu’en milieu citadin, les nobles ont tendance à considérer attentivement les évolutions récentes des valeurs égalitaires de la société mauritanienne, soulignant la nouvelle place politique et sociale acquise par les m’allemîn citadins, modernes, éduqués et pouvant occuper de hauts postes dans l’administration nationale.
Dans ce discours des nobles Bidân “éclairés”, la situation des m’allemîn ordinaires pourra se transformer véritablement lorsqu’ils ne rempliront plus leurs rôles sociaux assignés et qui restent, dans tous les cas, perçus comme non honorables. Bref, les transformations de l’évolution statuaire des m’allemîn sont bornées par une demande impossible : les m’allemîn seront bien considérés lorsqu’ils cesseront de développer des activités de m’allemîn en devenant simplement des Bidân nobles.
Nous touchons là une question cruciale dans la Mauritanie actuelle, celle des luttes de classement entre les groupes statutaires libres, nobles et non-nobles, qui se place au sein d’une autre lutte, concernant une part plus large de la population arabophone, celle entre les groupes libres et ceux d’origine ou de statut servile.
En tout état de cause, les revendications politiques récentes des m’allemîn, qui demandent une “meilleure place” au sein de la société, semblent montrer une évolution importante des idéologies et des pratiques traditionnelles associées à leurs métiers, à leurs rôles sociaux et à leurs origines dites “étrangères”. J’ai rapporté en effet une idée tenace et répandue dans les régions saharo-sahéliennes, selon laquelle les m’allemîn seraient des Juifs islamisés ou des Kwâr, voire d’un mélange des deux. Or il semble évident qu’il s’agit là d’énoncés performatifs propres au groupe dominant de la société qui exerce, par là, leur dominance idéologique sur un groupe dominé, en lui assignant des origines ethniques stigmatisées.
Ceci est plus évident dans le cas des Juifs, qui représentent les “infidèles” du point de vue islamique, ou “l’Autre absolu” du point de vue identitaire, dans tous les pays d’islam. Cependant, et même s’il est probable que des Juifs se soient installés dans la future Mauritanie, rien ne nous permet d’affirmer qu’ils pourraient être les ancêtres des m’allemîn.
Le cas des Kwâr est différent et ambivalent. Une certaine idéologie arabe et bidân considère que les Kwâr sont “proches de la nature”, ou “non civilisés”, mais ce préjugé se place dans un cadre de différence culturelle et non directement “raciale”. Voilà pour l’idéologie, dans la réalité sociale l’on peut observer qu’en raison des intermariages anciens ou récents un certain nombre de familles m’allemîn ont des origines ethniques kwâr. Mais en fait ceci n’est pas une particularité à eux; de nombreux Bidân nobles ont, eux aussi, des origines kwâr.
D’où l’on peut conclure en affirmant que la mise en avant des origines kwâr des m’allemîn est destinée à souligner leur situation statutaire inférieure par rapport aux nobles Bidân qui, même en ayant des origines kwâr, restent des nobles. Les m’allemîn eux-mêmes se considèrent —et sont considérés par de nombreux Bidân nobles— comme des Bidân au sens culturel et linguistique, ayant les mêmes origines historiques que les autres.
Cependant, de manière parallèle circulent encore des traditions sur les origines de l’apprentissage de leurs métiers, associées aux personnages coraniques tels Adam ou Dâwûd, qui ont remplacé, probablement, des anciens Héros-civilisateurs locaux. Des recherches plus détaillées, menées au sein des m’allemîn eux-mêmes s’avèrent cependant indispensables pour mieux cerner leur situation matérielle et symbolique passée et présente.
En 1987, F. Barth posait la question de savoir comment certains groupes péripatétiques “minoritaires”, ayant des rôles proches de ceux des m’allemîn (créateurs de la culture matérielle et artistique des Bidân), pouvaient être les interprètes et les médiateurs de la culture dominante.
Je pense qu’en fait il faudrait considérer que certains groupes péripatétiques tels les m’allemîn sont avant tout des groupes dominés qui ont adopté des stratégies de vie sociale particulières, classées comme non honorables, mais qui non seulement sont indispensables dans la société, mais qui de plus leur permettent de se reproduire socialement et, par là, de s’assurer une protection sociale efficace contre les oppressions qui caractérisent les formes extrêmes de dépendance.
Autrement dit, les nobles savent bien qu’il existe une société idéale (fondée sur l’éthique de l’honneur) et une société réelle (il faut bien des outils, des intermédiaires dans les relations hommes-femmes et dans les affaires politiques). Les m’allemîn se situent précisément en ce lieu de tension entre société idéale, désirée, imaginée, et société réelle, nécessaire, incontournable.
Étant dans ce lieu, ils l’exposent au grand jour : ils sont donc haïs et admirés, méprisés et pourtant adoptés. On ne peut pas vraiment haïr ce qui nous est nécessaire, on ne peut pas vraiment aimer ce qui marque la limite de nos rêves et de nos aspirations.
Mariella Villasante Cervello. Dr en anthropologie sociale (EHESS, Paris). Chercheuse associée/ Investigadora asociada Instituto de democracia y derechos humanos de la Pontificia Universidad Católica del Perú (IDEHPUCP), Institut Français d’études andines (IFEA, Lima, Pérou), Centre Jacques Berque (Rabat, Maroc)
Articles précédents : http://cridem.org/C_Info.php?article=657721 ; http://cridem.org/C_Info.php?article=657746; http://adrar-info.net/?p=25556; http://adrar-info.net/?p=25568 ;http://adrar-info.net/?p=2558 ; http://adrar-info.net/?p=25595 ; http://adrar-info.net/?p=25611
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