05-07-2025 00:00 - Mauritanie | SNIM : le défi de la diversification

(AFRIMAG) -
La Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) maintient toujours son statut de première entreprise du pays et de deuxième employeur après l’Etat.
L’entreprise qui exploite le fer de la Kédia d’Idjil, montagne située au nord de la Mauritanie, dans la région du Tiris Zemmour, bien avant l’indépendance du pays, quand elle portait encore le nom de MIFERMA (Mines de fer de Mauritanie), se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
Tout pour se hisser au rang de 5e producteur mondial de fer
L’exploitation de l’or, au niveau de la mine de Tasiast, puis la mise en service du champ gazier offshore de Grand Tortue Ahmeyim ont contribué à détourner l’attention de cette société qui ambitionne de devenir le cinquième grand producteur mondial de fer, malgré les difficultés qu’elle rencontre dans la mise en œuvre de ses stratégies d’extension et le dilemme de la diversification qui constitue, selon certains spécialistes, l’un de ses sérieux handicaps.
La SNIM, un touche-Ã -tout
Le Groupe SNIM compte aujourd’hui dix (10) filiales menant des activités dont certaines ont l’apparence de ne rien à voir avec la première raison d’être de l’entreprise : l’exploitation du minerai de fer. Du Tourisme, avec la Somasert S.A (Société mauritanienne de services et de tourisme) à la Générale de la promotion immobilière (GPIM), créée en 2021, en passant par la SAMMA (Acconage, Manutention et Transit), la SAMIA (Gypse et Plâtre), la SAFA (Fonderie), la M2E (Eau et Electricité), la GMM (Granit et Marbre de Mauritanie), la GIP (Gestion des installations pétrolières), la COMECA (Construction mécanique) et ATTM (Travaux publics, transport et maintenance), la SNIM est devenue un véritable touche-à -tout.
En plus de la Fondation SNIM que l’Etat sollicite de plus en plus pour faire du social dans le corridor Zouerate – Nouadhibou couvrant la ligne de chemin de fer longue de 600 km, la SNIM aura, probablement, du mal à gérer ce patchwork économico-financier, même si les données qu’elle publie depuis 2019 montrent qu’elle maintient encore une bonne santé de fer : un chiffre d’affaires de 1,37 milliard de dollars, 6 759 emplois directs, une contribution aux recettes du budget de l’Etat de 14%, et de 09% au PIB national, 37% du volume des exportations, 8,54 millions de dollars comme financements de projets sociaux et relations d’affaires avec 421 entreprises locales, créant plus de 4 121 emplois.
Exportations en hausse
La SNIM a réalisé un exploit historique en 2024 en dépassant, pour la première fois, le seuil de 14 millions de tonnes de ventes de minerai de fer, enregistrant un nouveau record de 14.226 millions de tonnes, avec des opérations de chargement et de livraison atteignant des niveaux sans précédent (14.3 millions de tonnes).
Malgré la baisse des prix mondiaux du fer, les revenus de l’entreprise ont atteint 1.15 milliard de dollars en 2024 (contre 1.37 milliard de dollars en 2023) avec un bénéfice net de 268 millions de dollars (contre 396 millions de dollars en 2023). Ces chiffres reflètent la résilience de l’entreprise face aux fluctuations du marché et à l’augmentation des coûts.
Dans le cadre de son vaste projet d’expansion de ses capacités logistiques, la SNIM a obtenu un prêt de 150 millions de dollars de la Banque africaine de développement pour financer un programme de 467 millions de dollars, visant à doubler la capacité de la ligne ferroviaire pour le transport du minerai de fer d’ici 2030, à développer la production de boulettes de fer (pellets), et à construire une centrale solaire de 12 mégawatts pour réduire l’empreinte carbone.
L’entreprise s’efforce d’adopter des technologies minières modernes et de réduire l’impact environnemental, y compris le projet d’énergie solaire et le développement d’opérations plus efficaces en matière de consommation de carburant.
Difficultés à maintenir le cap
Malgré la bonne tenue financière depuis la reprise post-Covid, la SNIM fait face à plusieurs défis, notamment la fluctuation des prix du minerai de fer, la nécessité de diversification de son activité et des enjeux liés à la gestion des ressources humaines.
Les prix du minerai de fer connaissent des fluctuations importantes, influencés par la demande mondiale, notamment en Chine, et par des facteurs tels que les variations de la production et les tensions géopolitiques. Les prévisions pour 2025 indiquent une tendance à la baisse, avec des estimations autour de 95 dollars la tonne, mais avec des variations possibles en fonction de l’évolution de la demande et de l’offre. La demande d’acier, étroitement liée à la demande de minerai de fer, est un facteur clé. Des ralentissements dans le secteur immobilier, par exemple, peuvent impacter négativement la demande d’acier et, par conséquent, celle du minerai de fer.
C’est sans doute pour faire face à de tels risques que la SNIM a adopté une politique de diversification qui se fait, parfois, dans la précipitation. Des projets de développement dans d’autres secteurs miniers, tels que l’or, le cuivre et les terres rares, sont en cours, mais leur mise en œuvre et leur rentabilité restent à démontrer.
La SNIM doit également faire face à des enjeux de gestion des ressources humaines, notamment en matière de recrutement, de formation et de gestion des compétences.
Il est important d’assurer une adéquation entre les compétences des employés et les besoins de l’entreprise. La capacité de l’entreprise à surmonter ces défis sera déterminante pour sa pérennité et sa contribution à l’économie mauritanienne.
Par Mohamed Sneïba, Correspondant Permanent - Nouakchott