03-11-2014 18:16 - Licencié sans droits, un ex-délégué de l’ENFVA accuse : "Le directeur de l’école réfute les décisions judiciaires et l’injonction des autorités"

Licencié sans droits, un ex-délégué de l’ENFVA accuse :

L'Authentique - « L’ENFVA m’a été donnée par Mohamed Ould Abdel Aziz et j’en fais ce que je veux ! » Telle serait la réponse que Sidi Aly Ould Deïda, directeur de l’Ecole nationale de formation et de vulgarisation agricole (ENFVA) de Kaédi, aurait opposé à Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, ex-délégué du personnel et membre du Conseil d’administration de l’établissement lorsqu’il vint chercher ses droits, muni d’une ordonnance d’exécution forcée de la Cour Suprême rendue en sa faveur. Cette décision faisait suite à son licenciement sans droit le 18 octobre 2010.

Il venait de boucler la première étape d’un long processus administratif pour le recouvrement de certains droits du personnel de l’ENFVA, lorsque Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, délégué du personnel et membre du Conseil d’administration, se vit signifier, le 18 octobre 2010, son licenciement sans droits par le nouveau directeur de l’ENFVA, Sidi Aly Ould Deïda.

Un licenciement qu’il trouva d’emblée abusif au regard du Code du Travail et de son article 160/93, après vingt ans de carrière.

« Un personnel licencié comme de vulgaires domestiques ! »

Selon Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, recruté en janvier 1991 par l’ENFVA, son licenciement le 18 octobre 2010, est intervenu au moment où il venait de signer avec l’actuel Ministre du développement rural (MDR), Brahim Ould MBareck, un accord relatif à l’affectation d’une enveloppe de 24.181.000 UM correspondant à des arriérés dus aux travailleurs (SMIG, avancements, augmentations, etc.).

L’accord faisait suite au travail de la Commission restreinte mise en place par le MDR et présidée par le conseiller juridique du ministre, Dieh Ould Sidi Haïba, avec comme membres, Tandia Moussa, Inspecteur général, Sow Lamine, représentant le ministère des Finances et Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, représentant le personnel de l’ENFVA.

Après un mois de travail, la Commission rendit son rapport au Ministère des Finances accompagné d’une lettre de virement. C’est en ce moment que Cheikhna Ould Sidi Mahmoud affirme avoir reçu la notification verbale de son licenciement.

« Toutes les personnes que le nouveau directeur a mis à la porte, tous des employés ayant totalisé vingt ou trente ans de carrière, ne disposent d’aucune notification écrite de licenciement », affirme Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, qui ajoute que « le directeur se contente d’un renvoi verbal comme s’il avait affaire à des domestiques ». Ce fut le cas, cite-t-il en substance, de Nagi Ould Ahaimed (gardien), Yacoub Ould Lemana (employé), Ely Ould Cheikh Tourad (planton), plus trois femmes.

Ainsi, selon lui, « Sidi Aly Ould Deïda qui venait d’être nommé à la tête de l’ENFVA pour reconstruire l’école et la remettre sur les rails après six années de fermeture (1995-2011), aurait commencé sa mission par la chasse aux anciens employés de l’ENFVA ».

Cheikhna Ould Sidi Mahmoud affirme avoir engagé un processus administratif et judiciaire qui commença par l’Inspection du travail. « Le directeur de l’ENFVA avait refusé de répondre à la convocation de l’inspecteur, poussant ce dernier à transmettre le dossier à la Chambre administrative ». Le 1er jugement rendu dans cette affaire fut favorable à l’employé.

« Sidi Aly, au lieu de prendre un avocat, chargea un de ses employés, Di Ould Sidi Lemine, pour faire appel » souligna Cheikhna Ould Sidi Mahmoud qui déclare avoir perçu dans cette démarche un mépris du directeur par rapport à l’institution judiciaire du pays. Le deuxième jugement devant la Cour d’Appel confirma la décision prise en première instance et fut également favorable à l’employé.

Le directeur introduit alors une cassation. Le 29 janvier 2014, la Cour Suprême émet l’ordonnance 008/2014 portant exécution forcée rendue en faveur de Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, intimant l’ordre à l’ENFVA de verser à ce dernier le montant de 1.399.914 UM correspondant à ces droits. Le directeur de l’ENFVA aurait déclaré n’être pas concerné par la décision judiciaire et que cela concerne le ministère des Finances.

Les 24 Millions d’UM détournés

Dans la réponse à la lettre formulée par l’huissier de justice chargé de l’exécution forcée, le Directeur général du Budget, par lettre n°099 de mai 2014, répond que la prise en charge des droits dus à Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, telle que contenue dans l’ordonnance d’exécution forcée de la Cour Suprême, doit être prise en charge sur les crédits de l’ENFVA.

L’établissement jouit en effet d’une autonomie administrative et financière avec un budget annuel de 100 Millions d’UM. Lorsqu’il reçut le courrier du DG du Budget, le Directeur de l’école aurait répondu qu’il n’est concerné par aucune correspondance, qu’il ne reçoit d’ordre de personne, ni du Ministre des Finances, ni de la Justice, ni du MDR, qu’il est seul maître à bord. Puis de déclarer « l’ENFVA m’a été donnée par Mohamed Ould Abdel Aziz et j’en fais ce que je veux ! »

Saisies par Cheikhna Ould Sidi Mahmoud, qui ne savait plus à quel Saint se vouer pour recouvrer ses droits, les autorités administratives du Gorgol, le Wali en tête, n’aurait pas pu faire plier le directeur de l’ENFVA, malgré leurs injonctions et leurs appels pour le respect des décisions de l’Etat, selon Ould Sidi Mahmoud. « Il campa sur sa position, faisant savoir à qui voulait l’entendre, qu’il a été nommé par Mohamed Ould Abdel Aziz et que si ce dernier lui demande de payer mes droits, il le fera, puis démissionnera », poursuivit-il.

Analysant le comportement du directeur de l’ENFVA, Cheikhna de déclarer que « ce comportement reflète son bas niveau intellectuel et son absence de toute référence académique, car son seul background est un vague diplôme de fleuriste obtenu en Libye ! » Et de s’interroger « Sidi Aly Ould Deïda est d’ailleurs un contractuel qui ne doit pas coiffer des fonctionnaires ».

En conclusion, Cheikhna Ould Sidi Mahmoud demande aux autorités, à commencer par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, à veiller à l’application de la loi, qui est le seul facteur stabilisateur de la paix sociale et de la cohésion nationale. Avant de terminer, il a cependant révélé avoir obligé le directeur de l’ENFVA à avouer, devant le Procureur de la République de Kaédi, le détournement de l’enveloppe (24.181.000 UM) qui était destinée aux travailleurs.

C’est le ministre du développement rural, Brahim Ould MBareck, qui aurait remboursé l’argent à sa place, après le grand déballage qui eut lieu lors de son passage à l’ENFVA. Cheikhna Ould Sidi Mahmoud dit travailler aujourd’hui à la Sonader, un emploi qui lui aurait été offert en 2011 pour le faire taire.

Cheikh Aïdara



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Commentaires (2)

  • simballa (H) 04/11/2014 09:22 X

    ENFVA m’a été donnée par Mohamed Ould Abdel Aziz et j’en fais ce que je veux ! » c'est un aquarium de la gabegie Aziz ma donné le feu vert de faire des pauvre pour qu'il puisse gouverné car sa mission primaire c de faire des pauvre. Miskine la mauritanie

  • lelion (H) 03/11/2014 23:22 X

    Courage camarade! La lutte!