26-11-2014 10:35 - La Loupe du "Rénovateur" : 54 ans déjà , dans quelle Mauritanie sommes-nous ?
Le Rénovateur Quotidien - Nous voilà entrés dans la cinquante quatrième année de notre existence en tant que pays indépendant. Quatre décennies et quelques… d’une histoire nationale avec ses mille récits rapportés aujourd’hui avec toutes sortes de doses, de réinventions anachroniques que des aèdes mal inspirés tentent de traduire romantiquement à défaut de les romancer fidèlement dans les faits.
C’est d’ailleurs par là que l’indépendance de la Mauritanie mérite d’être fêtée autrement que par des témoignages taillés sur mesure d’une mémoire collective vidée de son contenu et dans laquelle on verse toutes sortes de décombres qui ont fini par troubler les sources de notre histoire commune si tant est que tous les mauritaniens se reconnaissent dans la vérités des faits qui ont présidé à l’accession à notre souveraineté nationale.
On ne doit pas se permettre de dire ce qu’on veut de cette Mauritanie sauf si on veut dénaturer sciemment l’histoire pour des intentions malhonnêtes. Depuis quelques jours c’est le rituel du rappel de « certains événements survenus au cours la marche historique de la Mauritanie » vers son émancipation qui occupent les programmes de nos médias.
Tels que relatés, il y a comme une volonté de gommer des pans entiers de notre patrimoine culturel que nous avons hérités de nos ancêtres mais que des pseudo-historiens sont en passe de détruire de manière forcée. Que reste-il aujourd’hui de la Mauritanie d’hier, celle où chacun se reconnait à travers une identité commune qui passe par le respect de nos différences sociales, linguistiques, etc.
Une Mauritanie où chacun doit regarder l’autre sans le mépriser dans sa manière d’être, sans projeter sur lui des préjugés de couleur, de famille, de caste de, tribu. En somme une Mauritanie plurielle fière de ses diversités et de ses origines historiques.
Si cette Mauritanie de 54 ans n’a pas pu se construire avec tous ses matériaux, c’est qu’on a cherché par tous les moyens à refuser un brassage solide entre les composantes de son socle culturel et historique. Nous avons non seulement échoué à édifier un pays fort de ses différences, mais aussi et surtout nous avons altéré les fondements de l’architecture pour y fourrer les sédiments d’ une œuvre jamais inachevée tenue par des poutres précaires.
Fêter notre anniversaire ne doit pas se limiter à des récits confus qui nous éloignent de l’essentiel ,d’une musique guerrière partielle à la gloire de certains symboles mais instaurer des échanges utiles sur ce que nous devons ensemble valoriser , sur des tares à soigner , des complexes à liquider , des ambitions plus claires à développer , un projet de société viable à consolider.
54 ans, c’est l’âge où un homme doit avoir accompli une grande partie de son œuvre, c’est la période où un bilan positif ou négatif doit inviter à améliorer, rectifier le tir et engager une course contre le temps pour ne pas rater le train de l’histoire. Si on devait faire ce bilan pour le temps parcouru, on se rend à l’évidence que la Mauritanie accuse encore un grand retard notamment dans l’édification de son unité, de la construction d’un destin commun où il n y aura de place que pour ceux qui veulent sortir ce pays de ses errements sans fin…
Cheikh Tidiane Dia