27-01-2015 18:45 - La chasse à la vie - 16ème épisode - Départ vers Nouadhibou
Cheibou - Je m’embarquais ainsi par une matinée dans le train minéralier devant se rendre à Nouadhibou, en compagnie d’un groupe de passager allant vers des horizons différents, Nouadhibou, Atar, et Nouakchott, j’étais accompagné d’un sénégalais qui partait à Nouadhibou. Le train s’ébranlait alors vers Nouadhibou.
Une longue nuit dans le train de minerais s’est poursuivie sous le bruit des wagons où nous étions ensevelis par une poussière ocre et rouge qui se dégageait des wagons.
Un premier arrêt a été opéré à Toijil à une centaine de kilomètre de Choum, chantier et point de jonction où le train ayant quitté Nouadhibou à la même heure que le nôtre devait se croiser avec celui-ci à Choum et ainsi de suite pour le second train qui pointera plus tard à Choum, c’est aussi le point de chute de tous les véhicules allant au Nord de la Mauritanie.
Notre randonnée se poursuivie tout le long de la voie ferrée, en effectuant des arrêts à Temeymichatt, Inal et Boulenouar.
Aux environs de 05 heures du matin, nous approchâmes de la ville de Nouadhibou, qui se réveille lentement, les premières lueurs matinales nous dévoilent les quartiers de la ville de Nouadhibou, qui jonchent la voie ferrée jusqu’au Point Central.
Notre randonnée se terminât au petit matin glacial au Point Central (Port Minéralier de Port Etienne) de la MIFERMA se trouvant sur la Baie du Levrier, en face du Cap Blanc.
Dès notre arrivée, je fus surpris par les installations gigantesques de la Miferma, des chantiers partout où des centaines d’ouvriers y travaillent.
Par ci, la culbuteuse qui sert à basculer les wagons minéraliers à l’intérieur de son attelage par un poussoir électronique, maintenu de telle sorte que la culbuteuse est actionnée pour renverser le wagon afin que le minerai se verse sur un tapis roulant en dessous de la culbuteuse qui l’achemine vers une manutention qui le glisse sur le tapis jusqu’au navire minéralier en rade dans le port minéralier où il est déversé dans les gigantesques caves du navire.
Par là , des bus transportant des ouvriers qui viennent et partent après la relève des équipes, des camions robustes, haulpack, buldozer, et autres engins de minerais se déplacent de temps en temps pour acheminer des outils où des machines d’un point à un autre.
Après avoir pris nos bagages et quitté le train, mon ami et moi, nous quittâmes le lieu pour aller nous doucher dans les vestiaires des ouvriers, un endroit que connaissait bien mon compagnon, car ce n’était pas sa première venue à Nouadhibou.
Ensuite à notre sortie nous nous dirigeâmes vers le lieu où des taxis nous attendaient pour nous déposer en ville.
Nous fûmes envahis par les taximen qui se bousculèrent à la recherche des clients devant se rendre en ville, particulièrement à Gherane, ou Lareguib, quartiers chics de la ville de Nouadhibou.
En route pour Nouadhibou, nous empruntâmes la route qui passe devant les forteresses baptisés « LES TOURS BLEUES » anciennes casernes militaires française du temps colonial, aux allures de bâtiments hantés.
Nous abordâmes la corniche à la jonction du port de Nouadhibou et de la SIGP ainsi que les SOFRA TP, pour enfin déboucher sur LAREGUIB, et allant par l’avenue MEDIANE vers le centre ville où nous devrions nous présenter au Commissariat de Police pour les formalités.
Ensuite, mon compagnon sénégalais et moi nous nous dirigeâmes vers le domicile de son compatriote pour y élire domicile, un jeune sénégalais, qui nous accordât une attention particulière dans un esprit de la TERANGA sénégalaise.
Quelques jours après mon installation à Nouadhibou, je recevais un courrier de ma mère et quelques jours après cela, je recevais une autre lettre m’annonçant que ma sœur venait de mettre au monde une fille, j’étais heureux de la savoir en bonne santé après son accouchement.
En octobre, le Centre "MAMADOU TOURE" du nom d’un ancien ministre de l’époque de feu le Président Mokhtar Ould DADDAH devait ouvrir ses portes aux candidats désireux d’acquérir un métier.
Je dus m’inscrire pour passer les examens.
Le 15 octobre 1968, je faisais mon entrée au Centre, en qualité de matelot avec un groupe de jeunes mauritaniens ayant réussi en même temps que moi, le concours d’entrée.
Il s’agit entre autres de Diakité Coco, actuellement armateur, Ahmed Ould SOUEIDI, Ould ABDEL FETTAH, certains, en provenance de l’intérieur de la Mauritanie où des recrutements ont été effectués par le Ministère de l’Enseignement Technique, et d’autres candidats furent recrutés, pour les filières mécanique, ajustage, plomberie et électricité.
Après la présentation de l’ensemble des stagiaires par le Directeur du Centre « Mamadou Touré » Monsieur BRUNE BARBE, en présence de Monsieur SY, économe du Centre, devant les bureaux administratifs du Centre et peu après la ventilation par section des candidats.
C’est ainsi que je rejoignis ma section "Marine Marchande".
Mes collègues et moi-même, nous nous dirigeâmes vers la classe destinée au cours de Pêche. C’est un bâtiment rectangulaire et divisé en deux parties ; Une partie servait de Salle de Cours où se trouvait des tables et des chaises, la seconde partie où sont dirigés les travaux manuels ; Notamment l’établissement des filets et des câbles.
Le bâtiment est orné d’anciennes gravures de bateaux, des cartes représentants des zones océanographiques les plus connues des siècles antérieurs.
Le professeur qui est un ancien Capitaine de la Marine Française, un originaire de DOUARNANEZ, dénommé Mr DERRIEN, qui m’avait beaucoup impressionné par la cigarette qu’il gardait singulièrement aux coins des lèvres et qu’il mâchait tout le long du cours ou de l’instruction en pleine mer.
Après avoir relevé les noms des neufs stagiaires affectés à son cours sur le registre de présence.
Il nous dirigeât d’abord vers l’historique de la marine.
Un exposé qui impressionna l’ensemble de l’assistance, nous étions flatté par l’étendu de ce métier et ses avantages, après avoir distribué des cahiers et des stylos ainsi que des règles.
Il nous a mis au tableau un schéma représentant une circonférence qu’il nous décrit plus tard en nous expliquant que c’était là , un instrument d’orientation et de stabilisation, il s’agissait de la boussole, les quatre points cardinaux indiqués aux différents points ne nous faisaient pas défaut.
Cette première rencontre, consista finalement à nous faire connaître la marine marchande, et prendre chacun en ce le concerne les dispositions nécessaires pour assurer d’abord une entente mutuelle et des engagements formels en ce qui concerne les études.
Le lendemain, les cours de stage démarrèrent avec une première distribution d’habits marins, et le premier chemin était la descente à la "THIARKA", où nous devons prendre connaissance avec notre bateau instructeur, une fois arrivée, le Commandant nous présenta les diverses parties du bateau, le tribord (côté droit), le bâbord (côté gauche), l’avant et l’arrière du bateau, ainsi que la description totale de tous les éléments composants ce bateau.
Après une heure de causerie et de fouille dans les diverses parties de ce chalutier, nous prîmes le cap, pour le large de la Baie du Lévrier.
Nous avons traversé le chenal de Nouadhibou en passant Dakhlet Nouadhibou, au loin on pouvait constater que les bâtiments du Port Autonome devenaient une image floue.
Les battements des vagues sur la coque du bateau et ses mouvements tangents nous secouaient à l’envie de vomir.
Il a fallu un quart d’heure pour rejoindre le port où les stagiaires ça et là , vomissaient et d’autres ayant des vertiges, tantôt des maux de tête. Nous étions désemparés.
Au retour de notre première sortie en mer au Centre "Mamadou Touré", je m’installais comme l’ensemble des élèves dans les dortoirs qui nous ont été affectés pour la durée de la scolarité.
Ainsi, nous allons chaque jour effectuer des cours de navigation en mer à bord du bateau "ALMORAVIDE" qui est destiné à la formation des futurs marins et matelots de l’une des premières générations d’hommes de mer que nous étions, nous sommes la 5ème promotion à être mise en place depuis la création du Centre ‘’Mamadou Touré’’.
De retour au Centre, où nous attendait, le surveillant général Monsieur SY, nous invitant à aller prendre nos repas dans le réfectoire du Centre en compagnie des autres stagiaires.
L’après-midi, nous nous dirigeâmes de nouveau à notre classe au Centre pour suivre des cours de théories en matière de pêche et d’utilisation des outils de la marine de pêche tels que la fabrication des filets, l’apprentissage de confection d’objets servant la pêcherie, le code international de la marine, les drapeaux de signalisation des dangers et des chenaux à travers les différentes destinations des grands ports.
Nous étions encadrés par un grand timonier de la mer, j’ai nommé DERRIEN, le professeur qui traînait dans sa bouche une cigarette depuis la première de la journée jusqu’à la fin de la journée sans jamais l’éteindre, car à chaque fois que le mégot est consumé, il allumait une nouvelle cigarette sans arrêt.
Les cours s’effectuaient chaque après-midi en classe et nous quittions très tôt le matin pour aller en mer pour y effectuer des cours de navigation sur le bateau.
La nuit, nous rentrons à l’internat, ceux parmi les élèves qui ont leurs parents en ville s’y rendent à Ghérane ou à l’Areguib etc…
En général, le weekend, le stagiaires étaient autorisés à se rendre en ville pour changer d’air et se retrouvaient tous à la THIARKA, cité où toutes les distractions diffèrent.
On y trouvait des salles de fête pour se divertir et danser toute la nuit jusqu’au petit matin, notamment dans le bar de « aicha la marocaine » très connue des milieux de débauche à la Thiarka. Où des jeunes femmes françaises, espagnoles et même arabes se partagent les expatriés de la MIFERMA et des sociétés de Pêches, tel que GUELFI, SIGP.
Il y’a également le Cinéma MASTON où nous assistons régulièrement aux films Indous, américain, chinois etc…
D’autres préfèrent passer leur weekend aux CABANONS, au bord de la mer, où les gens s’y rendent pour bivouaquer et changer d’air.
D’autre par contre se rendent à LAGUERA, cité sahraoui sous domination espagnole, où le business est florissant, c’est aussi une zone franche, où vous pouvez avoir des radios de tout genre, des habits du dernier cri, des pantalons jeans de la meilleure qualité.
Au mois de juillet 1969, à l’issue des examens de fin d’année, lors de la remise des diplômes, j’ai pu apprécier le mien et je décidais alors de me rendre à Nouakchott pour y passer mes vacances avant de prendre le chemin du travail en mer.
Je me préparais donc aisément mon projet pour me rendre en vacance avec ma famille à Nouakchott.
Je prenais le premier vol de l’après-midi d’Air Mauritanie, où nous arrivâmes après deux heures de vol à bord d’un DC 4 de notre chère compagnie AIR MAURITANIE.
Ce fut mon premier voyage par avion, j’étais très heureux d’avoir emprunté un avion, c’est comme si je venais d’un pays étranger, je rêvais à l’idée que j’allais rencontrer des amis à l’aéroport et c’est un plaisir pour moi de les voir et de leur raconter mon aventure après ces années d’absence.
De l’aéroport, je me dirigeais vers la Capitale, en compagnie d’un ami d’enfance qui allait m’indiquer où se trouvaient mes parents.
Je pris un taxi qui s’ébranlait vers la Capitale passant par l’Avenue de la DUNE, en allant vers le Marché de la Capitale, poursuivant son chemin vers les bidonvilles où sont cantonnées des baraques en face de la Médina III tout près de la lisière de palmerais.
Mon ami m’indiquât l’enceinte de la cour, où j’ai aperçu ma petite sœur qui fut la première à me reconnaître, et se précipitât vers moi, tandis que les enfants la suivaient dans son élan, je rentrais dans la chambre, la maman se levât pour me prendre entre ses mains, tandis que le Vieux toujours crispé, me jetât un regard indescriptible et d’une haine farouche.
Je m’installais à côté de lui et le saluais, très poliment, mais je savais tout au fond de moi que son état d’âme ne me supportait pas, son visage se refermait, ce qui présage de mauvaise augure.
Je ne doutais nullement que ma présence dans cette demeure n’était pour lui qu’une plaie de plus dans son cœur, dans son état d’esprit.
Je sorti pour aller voir la demeure de ma sœur, où je m’installais pendant la semaine de vacances que j’avais pris l’engagement de faire avec ma famille, je n’étais pas venu dans l’intention de troubler le bonheur de ma mère, loin de là , mon objectif était de rendre visite à ma mère et ma sœur pour les saluer et leur apporter le peu d’économie que j’ai réalisé pendant mon séjour au Centre « Mamadou Touré » à Nouadhibou.
A suivre ....
Alioune Ould Bitiche
Romancier -
Auteur de : ''La Chasse à la vie''.
Tél 46785732 -36 43 54 56
Nouakchott