02-02-2015 18:45 - Interview de M. Hussein Dieng, Ex-Secrétaire General d’IRA- Mauritanie à propos de la situation actuelle en Mauritanie

Elhourriya - Il est connu, M. El Hussein Dieng Ex Secrétaire Général de l’IRA- Mauritanie, comme un homme qui ne « mâche pas ses mots » et qui ose dire tout haut ce que les autres murmurent tout bas.
Membre fondateur, il est le premier militant à oser dire non à Biram Dah Abeid en pleine assemblée. Ainsi, l’histoire retiendra qu’il a donné le courage à ses autres frères et sœurs de savoir dire non et pour certains de quitter le mouvement Ira.
Un oui n’a de sens que si l’on peut dire non. Dans l’interview qu’il a accepté qu’il a accorder à El hourriya.net, le militant des droits de l’homme se prononce sur quelques grandes questions relatives à la situation actuelle de la Mauritanie.
Quelle analyse faites-vous de la situation politique du Pays après l’élection présidentielle de juin dernier ?
H.Dieng : Permettez moi de saluer les lecteurs et les nombreux encouragements que je reçois de partout pour la vision de rassembler et de poser dans son homogénéité les problèmes de tous les mauritaniens dans leur intégralité. Sur le plan politique, je pense que la Mauritanie est à un tournant important de son histoire qui lui exige de nouvelles stratégies (choix) et une communication adaptée au contexte en prenant en considération les vraies préoccupations de l’heure.
Les orientations du gouvernement doivent être davantage redirigées vers les préoccupations des populations avec une descente des ministres sur le terrain pour plus de communication et d’écoutes. Au moment où je vous parle de graves disfonctionnements existent entre les points proposés par le pouvoir central dans le cadre du dialogue et la réponse apportée par l’opposition dite radicale.
Cette situation ne peut qu’inquiéter. Il s’y ajoute que ceux qui ont toujours dirigé les partis politiques n’ont pas encore l’intention de développer l’alternance démocratique pour donner une chance à une autre élite.
Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz est à son dernier mandat avez-vous une lecture de ce qui va arriver prochainement?
H.Dieng : Ce dont je suis sur c’est qu’à la fin de son deuxième mandat, le président de la République, pour le respect qu’il accorde à la constitution, au jeu démocratique et au respect de son engagement rendra le tablier sans chercher à tripatouiller. Maintenant la volonté d’aller au bout de ses propres chantiers et l’engagement de servir son peuple doit amener la majorité présidentielle à réfléchir sur un choix consensuel pour ne pas perdre le pouvoir. C’est un calcul politique qui n’est pas seulement l’apanage de la Mauritanie.
Certains pensent même que la Medvedev est en voie d’être exploitée (mauritanisée) avec la nomination de l’ex-premier ministre comme secrétaire général de la présidence car dit-on l’homme ne traine aucun problème et serait même bien apprécié au sein de l’opposition. Et même si tel est le cas, ne sommes nous pas en jeu démocratique ? Je pense qu’il sera épargné par la déchéance du pouvoir et échapperait aussi aux contestations car je le vois sortir la tète haute et par la grande porte d’une démocratie bien portante.
La jeunesse Mauritanienne et la politique ?
M. Dieng : Là aussi, je trouve qu’il ya une question fondamentale. On ne peut pas changer fondamentalement la situation de ce pays avec les pratiques, systèmes et hommes du passé qui ont déjà donné le meilleur d’eux-mêmes. Ne voyez vous pas que tous les partis politiques sont presque dirigés par des leaders qui ont atteint la limite du troisième âge ?
Il faut une rupture fondamentale dans ce pays qui prend toutes les préoccupations du moment pour construire une Mauritanie autrement. Je pense que cela est un défi pour la jeunesse actuelle qui doit s’engager pour le changement en traduisant sur le terrain sa ferme volonté de jeter les bases d’une Mauritanie de toutes et de tous (communautés) dans une parfaite harmonie.
C’est une question importante qu’il faut résoudre, si l’on veut vraiment permettre à ce pays de partir sur de bons pieds en renouvelant la classe politique Mauritanienne.
Que pensez-vous du dialogue entre le pouvoir et les partis de l’opposition ?
H.Dieng : IL faut remarquer qu’il y’a une opposition participative et celle dite radicale regroupée au sein du FNDU. Etant partisan du système de dialogue, je considère qu’il est un élément important pour toute situation. C’est un dispositif et un maillon essentiel de la démocratie.
Mais, il est bon de savoir qu’un dialogue a des préalables sans lesquels, il sera difficile d’aboutir à un consensus et des conclusions que l’on juge dans l’intérêt supérieur de la nation. Il faut que les parties intéressées sentent d’abord la nécessité et croient sincèrement à leur disposition de dépassement, de céder sur des questions importantes pour un rapprochement des positions.
Mieux, il faut une préparation psychologique qui permet de comprendre que c’est l’intérêt supérieur de la nation qui est en jeu et non les intérêts égoïstes et partisans. Il y’a aussi le fait que le dialogue doit reposer sur les aspirations du peuple et non sur des calculs politiques qui vont à la conquête du pouvoir.
Les populations mauritaniennes, toutes couches confondues aujourd’hui attendent des solutions à la cherté de la vie (le panier de la ménagère, le loyer, l’eau, l’électricité, l’éducation, la santé, l’emploi, un revenu minimum pour chaque citoyen ou famille) et le droit à l’égalité de toutes et de tous pour une Mauritanie apaisée ou il fait bon d’investir sans crainte aucune.
Tout dialogue qui ne prend pas en considération ces données essentielles ne va pas de pair avec les préoccupations du peuple.
Vous êtes ex secrétaire général d’IRA-Mauritanie, aujourd’hui votre ex président est en prison pour deux ans qu’en dites-vous ?
H.Dieng : j’œuvre depuis très longtemps pour une Mauritanie de toutes et de tous ou tous les problèmes des citoyens doivent être pris en considération et posés sur la table pour des solutions durables. Cependant, je pense que nous devrons tous œuvrer pour la paix et la sérénité afin d’avoir la force commune de faire face aux défis lancés à la Mauritanie.
Cela passe par une réconciliation de toutes et tous les fils du pays sans exception. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Les discours et les insultes envers une seule communauté ne peuvent constituer une source de solutions pour une autre communauté même si cette dernière est confrontée à de sérieux et préoccupants problèmes. Il faut certainement attendre que les nerfs se calment après tout ce qui s’est passé pour que des initiatives puissent aller dans le cadre de la libération de tout le monde dans l’intérêt supérieur de la nation.
Son excellence Mohamed Abdel Aziz est un partisan de la démocratie et du droit qui n’a jamais souhaité emprisonner qui que ce soit dans le pays, surtout quand il s’agit de libertés sous toutes ses formes garanties par la constitution.
Qu’est que vous pensez de la situation des droits de l’homme aujourd’hui ?
H. Dieng : Le président de la République Islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, en 2014, avait appelé les mauritaniens à s’unir contre l’extrémisme contre toutes ses formes et d’où est e qu’elle vienne. Il avait souhaité que chacun apporte son aide à l’éradication des mauvaises pratiques contraires aux préceptes de la sainte religion. Il avait déclaré bannir la violence, l’extrémisme et tout ce qui porte atteinte à l’homme. Notre religion, prêche la tolérance, la fraternité et la solidarité.
Seule la faiblesse de la foi induit parfois des gens à commettre des erreurs ou à adopter des discours et comportements regrettables. Aujourd’hui 28 cas d’esclavagisme ont été traités dans le pays dont 18 à Nouakchott et 8 autres dans l’intérieur du pays. C’est une volonté du Chef de l’Etat de poursuivre dans leurs derniers retranchements ceux qui s’adonnent encore à cette pratique.
Une haute cour a été mie en place pour cette raison. Une feuille de route, qui a une durée de vie de deux ans (02) ans presque imposée par le système des nations unies (haut commissariat des nations unies pour les droits de l’homme) pilotée par le premier ministre (comité interministériel) est mise branle avec une implication de plusieurs acteurs dont des victimes.
La situation des droits de l’homme n’a jamais été mieux que sous le régime de Mohamed Abdel Aziz même s’il est demandé mieux. Des efforts ont été certes consentis dans le cadre du passif humanitaire mais il faut toujours arriver à écouter le reste des plaignants dans un souci d’apaisement.
Mieux, pour que les discours, lois, conventions et autres soient concrétisés sur le terrain pour que nous abordions la vraie cohésion (paix des braves), il faut promouvoir le mariage mixte entre les communautés (recommandation de l’islam) en primant les couples déjà existants (offre de maison, salaire, ration mensuelle ou autres formes de traitements) et ceux qui auront franchi cette étape.
Maintenant la situation des droits de l’homme dans le pays n’est pas tout simplement l’affaire de l’Etat, elle exige que les populations s’approprient de la volonté du gouvernement pour dénoncer sous toutes ses formes l’injustice, l’inégalité et le traitement de demi-mesure.
Dans la circulation comme dans l’administration ou ailleurs le citoyen ne doit pas se laisser piétiner et doit toujours exiger le droit. La marche vers le droit à l’égalité exige de tous un comportement permanent et un engagement sans commune mesure de tous.
M Dieng : Quel est votre dernier mot ?
C’est le lieu et l’occasion pour moi de lancer un appel à tous les partenaires au développement du pays d’appuyer les efforts du gouvernement pour une Mauritanie réconciliée avec elle-même. Les initiatives tendant à rapprocher les positions sont les bienvenues mais celles qui tenteront de diviser les filles et fils du pays seront combattues d’où est ce qu’elles viennent et avec la plus grande fermeté.
Propos recueillis par
Ibrahim Idriss