05-02-2015 18:15 - SNIM : Le climat social se dégrade

RMI Biladi - Les travailleurs de la SNIM à Zouerate, la grande cité minière du nord, sont entrés en grève illimitée depuis vendredi, 30 janvier dernier. Ils exigent l’application de l’augmentation de salaire qui devrait entrer en vigueur depuis octobre de l’année dernière.
La direction de l’entreprise, évoquant la mévente du minerai, refuse tout dialogue avec les grévistes à propos des promesses non tenues par rapport à une revalorisation des salaires. Et affiche une fermeté jusqu’ici inaltérable.
Déclenchée par les délégués affiliés à la CGTM (Confédération générale des Travailleurs de Mauritanie), une centrale syndicale proche de l’UFP et bien implantée au sein de la SNIM, la grève des mineurs de Zouerate parait être bien suivie.
Des sources syndicales évoquent un taux de suivi de plus de 95%. Un chiffre exagéré aux yeux de la direction de la SNIM qui, sans communiquer ouvertement sur la question, distille des informations selon lesquelles le mouvement n’a pas affecté la production et que les trains chargés du minerai continuent de quitter Zouerate vers Nouadhibou.
Il semble bien vrai que la SNIM a pu charger un ou deux trains à partir de Zouerate en faisant recours à des retraités. Pourra-t-elle continuer à fonctionner de cette manière ? Certainement pas. Surtout que le mouvement de grève s’élargit jour après jour et pourrait même toucher Nouadhibou.
Déjà les travailleurs de la SNIM dans la capitale économique ont donné l’alerte en procédant, lundi, à un débrayage d’un peu moins de deux heures de temps. Tout porte à croire qu’ils finiraient par déclarer, eux aussi, la grève.
Cela est d’autant plus probable que la direction de l’entreprise ne fait rien pour contenir la crise. Au lieu de tenter de raisonner ses travailleurs, elle a plutôt procédé aux menaces, magouilles et brimades contre eux. Ce qui a produit l’effet inverse et a poussé d’autres gens à rejoindre le mouvement.
La CGTM, qui a appelé à la grève, note que : ‘’au lieu de chercher à trouver une solution juste et négociée pour une application de l’accord signé en Mai 2014 avec les travailleurs, la direction générale de la SNIM a multiplié et élargi les sanctions et les menaces créant volontairement un climat délétère et provocateur…’’.
Selon celle-ci, la direction générale de la SNIM ‘’a pisté et fiché tous les délégués dont la mission impartie par le Code du travail est de trouver des réponses aux doléances de leurs bases et non d’être à la solde de l’employeur’’. Le bras de fer est donc engagé.
Un bras de fer sans issue…
Le patron de la SNIM, qui parait bénéficier encore du soutien du grand boss Mohamed Ould Abdel Aziz, se montre inflexible. Et ne veut surtout rien entendre de la part des travailleurs. Une attitude qui a suscité frustration et colère chez les gens de la SNIM qui attendaient tranquillement la revalorisation de leur traitement…
L’histoire remonte, en effet, au 30 avril 2014 lorsqu’une grève spontanée s’est déclarée à la SNIM pour exiger une augmentation substantielle des salaires. A cette date, les cours du fer s’étaient pourtant déjà effondrés sur le marché international passant à moins de 100 dollars la tonne.
Mais cela n’empêchera pas la direction de la SNIM de signer, le 3 mai 2014, un accord relatif à l’augmentation des salaires des travailleurs. Une augmentation qui devrait entrer en vigueur le 1er octobre de l’année dernière. A cette date, la SNIM évoqua la conjoncture difficile et demanda à ses travailleurs de reporter le rendez vous jusqu’en début d’année 2015.
Cette nouvelle date coïncida avec la réunion du conseil d’administration de la société minière qui a décidé de n’évoquer la question des traitements des travailleurs qu’à sa prochaine réunion qui se tiendra au mois d’avril prochain. Aussitôt, les travailleurs s’énervent et décident d’observer quatre heures d’arrêt de travail.
Une menace qui n’a en rien impressionné la direction de la SNIM de plus en plus ferme et intraitable sur la question. Un véritable dialogue de sourd qui s’installe entre les deux parties. Surtout que les travailleurs ont mis à exécution leur menace de grève le vendredi dernier.
Pourtant, cette grève, selon les syndicats, ne cesse s’étendre et de se radicaliser. Et pourrait même toucher la société à Nouadhibou. Surtout que les grévistes demandent à ces derniers d’aller eux aussi en grève. Plus que cela, ils demandent aux autres professions de leur emboiter le pas.
Il est difficile d’imaginer une issue à ce mouvement de grève autre que le dialogue qui, parait-il, n’est plus possible tant que l’actuel ADG est à la tête de l’entreprise. Celui-là même qui ne traite qu’avec le président de la République et s’en fout éperdument du reste de l’administration.
L’intervention des pouvoirs ou plutôt de leur chef : le président Aziz parait nécessaire pour mettre un terme à l’escalade en ordonnant tout simplement à la SNIM d’entrer en dialogue avec ses travailleurs. C’est le moins qu’il puisse faire…
Mohamed Mahmoud Ould Targui