12-02-2015 15:51 - Grève à SNIM : Le mouvement se radicalise

RMI Biladi - Le mouvement de grève des travailleurs de la SNIM à Zouerate entre dans sa seconde semaine sans qu’aucun règlement ne pointe à l’horizon. Au contraire, on s’achemine plutôt vers un durcissement de la position des grévistes qui réclament désormais la tête du DG de la SNIM. A Nouadhibou, plus des 2/3 des délégués des travailleurs ont convenu de déposer un préavis de grève. Retour sur une crise qui s’étend et se complique.
La grève des travailleurs de la SNIM à Zouerate n’a presque pas de précédent dans l’histoire de la société minière. Il faut remonter à la fin des années soixante, au temps où le minerai de fer était exploité par la société française Miferma, pour rencontrer un mouvement de grève des travailleurs de la mine.
C’était exactement en 1968, quand les travailleurs mauritaniens déclarèrent un mouvement de grève qui fut réprimé dans le sang. Il provoqua la mort de plusieurs grévistes et la naissance du mouvement des Kadihines, un mouvement d’opposition au régime du président Moktar Ould Daddah.
Depuis lors, la grève n’a jamais été déclarée dans la mine de fer, exploitée, depuis sa nationalisation en 1975, par la société nationale industrielle et minière (SNIM). Cette société fonctionnait plutôt comme une secte au sein de laquelle l’administrateur directeur général est craint et adoré.
Aujourd’hui, cette image a radicalement changé. Pis. Les grévistes de Zouerate réclament désormais le départ de l’actuel patron de l’entreprise : Mohamed Abdellahi Ould Oudea. Dans leurs marches quotidiennes dans la cité minière, ils ont brandit, lundi, des banderoles sur lesquelles étaient inscrites des phrases telles que : ‘’DG dégage’’, ‘’DG casse toi’’.
Les femmes, les enfants, les commerçants, les profs et les enseignants…, tout le monde à Zouerate soutient le mouvement de grève des travailleurs. Ce qui a, au moins, un effet positif sur le moral.
Seule une délégation du parti-état, UPR, conduite par son SG Omar Ould Matalla, fait le porte à porte afin de dissuader les travailleurs de la société d’aller en grève. Leur entreprise parait être un échec cuisant, tant il est clair que toute la population de Zouerate prend fait et cause pour les grévistes.
Pourtant, jamais les conflits sociaux au sein de la SNIM n’ont atteint ce degré où la rupture est totale entre la direction et les travailleurs qui réclament simplement l’application d’un protocole d’accord signé et entériné par cette même direction quelques mois auparavant.
Pourtant la production est presque totalement arrêtée. L’unique site qui continue de fonctionner à l’aide de retraités et du personnel non qualifié est celui appelé ‘’TO14’’. Un petit site, explique-t-on auprès des travailleurs, par rapport à Mhawdatt et la Kédia Djil où le travail est complètement bloqué. Il semblerait même que le personnel non qualifié a déjà provoqué la panne d’au moins un concasseur et une roupille. Des pièces qui coûtent chères. Très chères.
En plus de cela, les travailleurs de la SNIM à Nouadhibou ont déposé, mardi, un préavis de grève illimitée. Ce qui n’arrange certainement pas les affaires de la direction de la SNIM toujours drapée dans son refus catégorique de négocier avec ses travailleurs. Unique motif de cette position : l’état des finances de l’entreprise durement affecté par la chute drastique des cours du fer sur le marché international.
Un argument qui parait insuffisant pour convaincre les grévistes de la SNIM qui expliquent à qui veut les entendre que la direction devrait se préparer à cette conjoncture pendant la période faste où elle ne faisait qu’investir dans des domaines peu porteurs et loin de sa spécialité. Et s’il y a faute, ajoutent-ils, c’est celle du DG…
Au moment où la crise au sein de la SNIM se développe et se radicalise, beaucoup d’interrogations posées par rapport à l’absence du gouvernement qui donne l’impression de laisser faire. Une attitude qui s’expliquerait par le fait que ni le PM, ni les ministres concernés, ni le gouverneur de la région ne partagent la position du DG de l’entreprise qui se fout de toute l’administration et ne traite qu’avec le ‘’grand boss’’, Mohamed Ould Abdel Aziz. Celui-ci ne parait pas encore agacé par la situation de crise que vit la société minière. Et le laisse faire. Jusqu’à quand ?
Mohamed Mahmoud Ould Targui