19-12-2015 15:51 - “Colloque de sociolinguistique: « Langues, arts et métiers »
Tunivisions - “Les colloques et les rencontres scientifiques se suivent et ne se ressemblent pas dans les départements de français de l’Université tunisienne. Nous avons, récemment, pris part aux travaux de l’une de ces manifestations académiques qui avait pour thème : « Langues, arts et métiers : Domaines des langues, langues des domaines ».
Il s’agit d’un colloque international organisé par les membres co-fondateurs, en Tunisie, du Réseau Maghrébin des Technolectes (REMATE)*, à savoir Melle Raja Bouziri, de l’Institut Supérieur des Langues de Tunis (ISLT), Mmes Inès Ben Rejeb, de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba (FLAHM) et Raja Chenoufi-Ghalleb de l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis (ISSHT).
C’est un colloque en quatre grands volets : Le premier est socio-didactique, et il a donné lieu à plusieurs réflexions socio-terminologiques et socio-didactiques portant sur des domaines divers tels ceux des textiles et du tissage dans la région lyonnaise.
Il a été également question de prendre en considération et d’associer plusieurs dimensions entre autres ethnographiques, historiques, sociolinguistiques, didactiques et pédagogiques.
Par ailleurs, certains travaux ont porté sur la collecte des données et sur l’analyse des besoins au profit des enseignants concepteurs du programme Français sur Objectif Spécifique (F.O.S.) Le deuxième volet a été consacré aux Langues et à la création artistique ; Les intervenants ont soulevé des questions relatives à la diversité des genres musicaux (comme le patrimoine artistique des Ouïghours, une minorité chinoise, ou le raï, la chanson kabyle, la musique arabo-andalouse, le rap français et le rap tunisien).
Plusieurs points ont été développés en rapport avec les expressions artistiques étudiées : analyse du discours, études lexicales et sémantiques des différents corpus, et repérage des procédés et des modalités véhiculant une identité à la fois musicale et sociale.
Un troisième axe a porté sur l’onomastique, et a été centré sur l’étude scientifique des noms propres, et sur la présentation des catégories onomastiques que sont les toponymes (noms de lieux) et les anthroponymes (noms de personnes).
Les communications portant sur le paysage onomastique maghrébin mettent l’accent sur la présence de strates linguistiques que l’on retrouve dans les noms propres ; il en est de même des patronymes formés à partir de noms d’activités professionnelles, lesquels fonctionnent comme des marqueurs d’identité professionnelle et des indicateurs de l’organisation sociale (stratification du travail, partage des tâches, pratiques professionnelles liées à une époque déterminée, etc.)
D’autres travaux s’inscrivant dans ce même axe furent consacrés à la toponymie à travers les noms de métiers dans l’environnement de la Médina de Tunis. Le débat qui s’en suivit fut riche et enrichissant pour tous les chercheurs présents à la séance.
Le quatrième axe est d’ordre sociolinguistique : l’intérêt des communicants s’est concentré sur les pratiques et les usages linguistiques en fonction des différents domaines et secteurs d’activités (comme par exemple les technolectes** propres aux marchés en Mauritanie, ou les technolectes savants et ordinaires propres aux domaines maritime, médical et agricole).
Il a été également question de problématiques propres au domaine de la traduction, et qui impliquent la prise en compte des facteurs typologiques, stylistiques, poétiques et techniques propres aux textes à traduire. Dans leur synthèse des travaux du colloque « Langues, arts et métiers : domaines des langues et langues des domaines », les organisatrices de la rencontre considèrent que celle-ci marque une étape importante dans les recherches en sociolinguistique en Tunisie et au Maghreb, et qu’elle privilégie ainsi les études et les enquêtes de terrain à partir desquelles les chercheurs vont pouvoir tirer des résultats.
Raja Bouziri, Inès Ben Rejeb et Raja Chenoufi-Ghalleb, estiment, dans ce sens, que l’objectif premier des prochains rendez-vous académiques du Réseau REMATE sera la mise en place des données relatives aux technolectes. ”
“Notes *
Le réseau REMATE a été créé le 7 décembre 2012, à l’Université Ibn-Tofaïl de Kénitra (Maroc), sous la directeur du Professeur Leïla Messaoudi. Ce réseau regroupe des chercheurs marocains, algériens, tunisiens et mauritaniens dont l’objectif est d’observer des pratiques et des usages de technolectes et d’étudier tous types de productions linguistiques orales ou écrites appartenant à des domaines spécialisés partiellement ou totalement dans les langues en présence. ** Technolecte : jargon, vocabulaire particulier propre aux représentants d’une profession ou d’une activité commune. C’est un sociolecte.
B. Ben Henda”