21-12-2015 12:35 - Parti Ehel Moine : Nouvelle facette de la guerre des clans Yahya-Moulaye
L'Authentique - Parce que le RFD d’Ahmed Daddah, dont il était membre actif et ancien député, rejette tout dialogue non négocié avec le pouvoir, que Yacoub Ould Moine a clapé la porte du parti.
Il vient de présenter un projet de formation politique dont l’objectif non déclaré serait, selon plusieurs observateurs, d’appuyer le ministre Secrétaire général de la présidence de la République, Moulaye Mohamed Laghdaf, dans la gestion de l’important dossier du dialogue politique.
Une démarche qui ne plairait sans nul doute pas au clan adverse, celui de l’actuel Premier ministre Yahya Ould Hademine.
L’information fait actuellement la boucle des principaux sites et organes d’information. La défection de Yacoub Ould Moine, ce jeune premier du RFD, vedette incontestable du parloir de l’Assemblée Nationale dans sa version antérieure, est perçue par certains comme une saignée de taille au sein du principal parti de l’opposition.
Selon des sources proches de ce parti, Yacoub Ould Moine faisait partie de ceux qui ne partageaient pas l’intransigeant refus du RFD face au dialogue politique. Or, les Tejakanet d’une manière générale, tribu de la famille Ehel Moine, ont une dette de reconnaissance envers l’ancien Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.
Il est dit que ce dernier, du temps où il coiffait la Primature, avait nommé beaucoup de cadres de cette tribu et contribué au recrutement de la plupart de ses jeunes.
Aujourd’hui que le pilotage d’un dossier aussi difficile que le dialogue politique inclusif lui est confié par le président Mohamed Abdel Aziz, il appartient à ses alliés Tejakanet de lui venir en aide pour réussir la mission. Et ce serait là la principale raison de la défection de Yacoub Ould Moine qui d’ores et déjà a annoncé le début de ses activités. Les observateurs le voient déjà autour de la table du dialogue.
Ce nouvel épisode intervient dans un contexte marqué par une sempiternelle guerre des clans impitoyables au sommet de l’Etat. Les deux vedettes de cette saga politique ne sont autres que l’actuel Premier Ministre, Yahya Ould Hademine et le ministre Secrétaire général de la présidence de la République, Moulaye Mohamed Laghdaf.
Deux leaders qui se mènent une guerre sans merci pour arracher le leadership dans leur Hodh Charghi natal, avec chacun ses alliés et ses adversaires. Ce tiraillement dans les hautes sphères de la République semble faire les comptes du président Mohamed Abdel Aziz qui, dans son rôle d’arbitre, se plaît à « diviser pour régner », même au sein de son propre sérail.
Ce n’est pas pour rien qu’il a dégommé l’un pour le remplacer par l’autre à la tête du gouvernement, et ce n’est pas aussi pour rien qu’il a confié le dossier du dialogue politique à l’un avant de le lui retirer pour le refiler à l’autre.
Et ces deux hommes ne se font aucun cadeau, chacun gérant la carrière des membres de son clan, en comptant les points gagnés ou perdus, en fonction des chutes ou des promotions des uns et des autres.
Même si pour le moment, le Premier ministre Yahya Ould Hademine est mieux assis dans ses prérogatives de « donneurs d’ordres », son adversaire, Ould Mohamed Laghdaf, ne désespère pas de le décrocher de son piédestal, en faisant du dossier du dialogue politique, un viatique qui pourrait le faire revenir à la Primature.
Dans cette guerre de clans, chacun compte ses alliés. Le Premier ministre Yahya Ould Hademine pourra toujours compter sur des amis de taille, comme le Général Ghazwani, Chef d’Etat-major général des forces armées. Ce dernier en veut à Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, depuis le temps où il était Premier ministre.
Il serait à ses yeux, le principal responsable de la destitution d’un de ses protégés, en l’occurrence l’ancien président du parti au pouvoir, l’UPR (Union Pour la République), Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine.
Yahya compte également dans son clan, entre autres, l’ancien ministre du Développement Rural et actuel ministre de l’Hydraulique, Brahim MBareck, le ministre de la Santé, Ould Jelvoune, Coumba Bâ, ministre des Sports, Ahmedou Ould Abdallahi, ministre de l’Intérieur, ainsi que l’officier le plus influent de la République, El Ghotob, responsable du Palais des Congrès, mais aussi Ould Maham, le président en exercice du parti-Etat, l’UPR.
Quant à Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, il a comme allié, Isselkou Ould Izidbih, président de l’Autorité de régulation, le général Misgharou, Chef d’Etat-major de la Garde nationale, Ould Mohamed Rara, ancien ministre de l’Intérieur et aujourd’hui Commissaire à la sécurité alimentaire, et quelque part, le ministre de l’Education nationale, Bâ Ousmane.
Les entourages et les médias publics, ou proches du pouvoir, jouent également leur partition dans cette joute, permettant de lire, au gré des évènements, là où la boussole de la préférence présidentielle se penche.
Beaucoup ont remarqué que lors des festivités du 28 novembre dernier à Nouadhibou, la télévision mauritanienne est restée pendant plus de trente minutes à filmer les images des personnalités présentes dans la loge officielle, avant que Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, n’apparaisse brièvement à l’écran.
Plus récemment, on verra un Ould Maham recevant l’ancien président du Conseil de transition Burkinabé, passer sur la chaîne Watanya, juste après les activités du président de la République et avant les activités du Premier ministre, lors de la remise du Prix Chinguitty. De petits signes que peu d’observateurs remarquent et qui constituent autant de petits signes dans les intrigues qui animent la cour présidentielle.
Tel ce geste du conseiller à la Présidence de la République, Mohamed Salem Ould Merzough qui, en marge d’une manifestation politique au Palais des Congrès, mettra plus de trente minutes avant de répondre à Moulaye Mohamed Laghdaf qui le sollicitait.
Ou encore, la rentrée de ce dernier dans la salle de conférence, vingt minutes après l’arrivée de Yahya Ould Hademine. Et c’est avec ces humeurs diverses que se gèrent la République, avec beaucoup de népotisme, beaucoup de détournements, beaucoup de passe-droits.
Cheikh Aïdara