09-01-2016 14:30 - Lagouira, pomme de discorde entre Nouakchott et Rabat
L'Authentique - En battant à la retraite en 1979 et en signant la paix avec la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) après plusieurs années de guerre fratricide et lourdement hémorragique pour l’économie du pays, l’armée mauritanienne qui avait écarté le président fondateur de la République, Mokhtar Ould Daddah, voulait mettre fin à la guerre contre le Polisario.
Elle avait abandonné toutes ses anciennes possessions du Sahara Occidental, qui seront vite récupérées par le Royaume du Maroc. Seul hic, elle n’avait pas négocié le cas de Lagouera, cette petite cite stratégique encastrée presque dans Nouadhibou, capitale économique et deuxième ville de Mauritanie.
Lagouera est en effet situé à un jet de pierres des installations de la SNIM, de son port minéralier et du Port Autonome. Sa rétrocession au Royaume du Maroc constitue, selon plusieurs observateurs, une véritable bombe à retardement.
Conscients de la sensibilité de cette question, les Marocains n’ont jamais cherché à précipiter leur mainmise sur ce bout de territoire du Sahara Occidental, librement abandonné par la Mauritanie et qui fait aujourd’hui partie intégrante de leur territoire.
Le dossier de Lagouera serait aujourd’hui à la source d’une tension silencieuse additionnelle sur la ligne Nouakchott-Rabat, tension qui vient s’ajouter à d’autres fâcheries liées à la présence sur le sol marocain d’opposants d’envergure que le pouvoir de Nouakchott voudrait bien voir extrader ou tout au moins, empêcher de toute manœuvre tendant à sa déstabilisation.
Une question qui plombe déjà les relations entre les deux pays depuis plusieurs années et qui explique l’abaissement tacite de la représentation diplomatique mauritanienne au Maroc réduite à un simple conseiller depuis le rappel du dernier ambassadeur.
Ainsi, la présence le 12 décembre 2015 à Nouakchott d’une imposante délégation marocaine conduite par le Ministre des Affaires Etrangères Sallahedine Mezouar et composé du commandant en second des Forces armées royales, le général Arroub et le patron du contre-espionnage Mohamed Yassine Mansouri, aurait essentiellement concerné le dossier de Lagouera.
L’inquiétude du Royaume du Maroc aurait été motivée par la tentative des autorités mauritaniennes de changer le statut de cette commune marocaine en y plantant leur drapeau et en y construisant un mur.
L’Etat mauritanien a récemment expliqué ces mesures par son souci de lutter contre les trafiquants qui passent par Lagouera pour investir une ville de Nouadhibou désormais érigée en Zone franche industrielle.
Pourtant, que de rumeurs folles ont couru pendant la visite de la haute délégation marocaine à Nouakchott et son audience avec le président Mohamed Abdel Aziz !
Ce fut une semaine de ragots sur l’extradition d’un puissant opposant au régime mauritanien en contrepartie de la reprise des relations diplomatiques et de facilités que le Maroc aurait offert pour introduire la Mauritanie auprès des pays du Golfe, dans le cadre de l’Alliance islamique antiterroriste conduite par l’Arabie Saoudite.
JOB