03-04-2016 00:00 - 5ème édition de la Ziarra annuelle dédiée à Cadi Mamadou Aladji Sow à Boghé
Le Terroir - La Ziarra annuelle dédiée à feu Mamadou Alhaji Sow, Cadi (juge) du Tribunal musulman de Boghé de 1980 à 1996 a été organisée le samedi 26 mars 2016 dans le domicile du défunt homme à Boghé Dow.
Les disciples du marabout sont venus de toutes les contrées du pays et du Sénégal pour se souvenir du saint homme et lui rendre hommage. Cette 5ème édition a été marquée par une veillée religieuse dans la soirée du 25 mars où des chants religieux à la gloire d’Allah et de son prophète Mohamed (PSL) ont été entonnés jusque tard dans la nuit.
Dans la journée du samedi, 26 mars, les fidèles ont lu le livre du saint coran avec des invocations et des prières pour le repos de l’âme du saint homme. Des prières ont été aussi formulées pour un monde juste et une paix durable. L’ex-capitane de l’armée, Ibrahima Sow a lu une biographie de Thièrno Cadi. Il a parlé des qualités morales, intellectuelles et humaines du saint homme.
C’est un homme pieux, un juge juste, égrainant son chapelet en permanence pour éviter de s’introduire dans les discussions et occupé à enseigner le coran et la Charia à ses disciples. C’est un exemple qui doit servir de référence pour les nouvelles générations en pertes de repères.
Abou Samba Bâ, journaliste et Directeur Général Adjoint de la TVM était l’un de ses élèves. Nous l’avons rencontré lors de cette Ziarra, voici son témoignage sur son maître :
« Je suis venu entre les mains de Mamadou Al Hadji à l’âge de 10 ans et il m’a enseigné et c’est un grand élève, Thièrno Mohamed El Ghaly de Pathé Galo qui s’occupait de nous.
Après avoir mémorisé le coran, nous avons appris un livre qui s’appelle Himlé et un autre Rasmou Taleb Abdallah. Il nous a beaucoup aidés et il s’est bien occupé de nous. C’est en 1974 qu’il nous a remis à chacun d’entre nous un certificat d’études, Hidiaz pour parler arabe. Et nous sommes partis à Boutilimitt et à Nouakchott poursuivre nos études. C’est un homme qui maîtrise parfaitement ce qu’il enseigne aux gens. Lorsque nous étions jeunes stagiaires dans son bureau, au tribunal du Cadi pour apprendre la Charia, il nous contrôlait de prés et observait scrupuleusement ce qu’on écrivait. A chaque fois, il nous remettait des papiers écrits.
C’est un savant pluridisciplinaire en Islam (Alim Koulli Fani), il maîtrisait très bien, le coran, le Fikh, la Charia, la langue et la grammaire arabe, il n’avait pas d’égale. Il a appris lui tout ça aussi en un laps de temps. Thièrno Abdoul Aziz Sy a appris avec lui à Aéré M’Bar auprès de Thièrno Demba Diombar. La plupart de leurs élèves venaient emprunter des livres auprès de lui et dès qu’ils lui posaient des questions sur ces livres, la réponse de Mamadou Aldji était prompte et juste. Mais s’il lui arrivait à son tour de leur poser des questions eux, ils ne répondaient pas.
Lorsqu’il a continué à Bababé auprès de Thièrno N’Diaye Ba, ce dernier ne faisait jamais de Tafsir du coran sans l’arrivée de Mamadou Alhadji qu’il qualifiait de Ghamousse (un dépanneur). Selon le témoignage de l’Imam Abdel Aziz, il a affirmé que Mamadou Alhadji a maîtrisé tout le Fikh en cinq mois. Il est parti à Kaédi pour écouter et à travers l’écoute seulement, il a fini par maîtriser. Il y’a un ouvrage qui s’appelle El Vit Ibnou Malik que l’on ne peut maîtriser qu’au bout d’une année, lui il l’a maîtrisé en une semaine.
A Cas Cas auprès de Thièrno Abdoul Malik pour apprendre le livre Wouldbouna qui s’apprend en trois ou quatre ans, un grand ouvrage que lui Mamadou Alhadji a contrôlé en deux séances après avoir rencontré un Maure blanc qui avait ce livre. Le Cadi Thièrno Ahmed Yéro Kiidé qui lui a succédé au tribunal du Cadi de Boghé après sa retraite a reconnu l’excellent travail qu’il a abattu et laissé derrière lui. Il n’a jamais rendu un jugement qui a été cassé et même ceux qui ont fait appel, n’ont jamais eu gain de cause.
En 1980 lorsque le président Haîdalla a aboli l’esclavage, il a consulté tous les Cadis du pays. Et le rapport de Mamadou Alhadji, c’est Oustas Ahmed Yéro Kidé qui l’a reçu. Dans ce rapport, Cadi Mamadou Alhadji a affirmé que si l’esclave a été capturé dans une bataille du Jihad, il le demeure et le reste jusqu’à preuve du contraire mais s’il a n’a pas été capturé dans une bataille du Jihad Islamique, c’est un otage et point besoin de légiférer pour des otages ou de leurs pseudos maîtres.
C’est pourquoi, le président Haîdalla n’a pas indemnisé leurs maîtres et il a décidé d’honorer Mamadou Alhadji qu’il nomma dans un grand poste où il coiffe les juridictions d’Aleg et de Kiffa. Il a décliné pour cette promotion et préféré rester dans son poste à Boghé avec aussi l’intervention des notabilités comme le Colonel Dia Amadou Mamadou. C’est un homme effacé, simple et mesuré. Nous ne l’avons jamais vu accepter d’être acclimaté par un éventail, ni être massé par des gens. Il fait pour lui-même son propre thé. Il n’oblige personne à lui rendre service. Il dispense l’enseignement Islamique partout, dans les rues, sous les ombres des maisons, entre Boghé Dow et Escale. Il n’a jamais refusé un livre ».
Daouda Abdoul Kader Diop