21-12-2017 10:30 - La ministre des affaires sociales répond à une question orale sur la mendicité
AMI - L’Assemblée nationale a tenu mercredi une séance plénière sous la présidence de M. Mohamed Ould Kherchi, son premier vice- président consacrée à la réponse, faite par la ministre des affaires sociales, de l’enfance et de la famille, Mme Maymouna Mohamed Taghi à une question orale adressée par le député Dane Ould Ahmed Ethmane portant sur les stratégies et politiques de son département pour faire face au phénomène de la mendicité.
Le député a précisé dans sa question que la mendicité est un véritable phénomène de société qui sévit chez nous de façon inquiétante.
Des hordes de mendiants mineurs ou majeurs handicapés ou non infestent dit-il, les principaux carrefours de la capitale et rendent la circulation infernale pour ne pas dire impossible.
Quelles sont les stratégies et politiques que votre département mettra en œuvre pour endiguer ce phénomène qui porte atteinte à l’image de notre pays, s’interroge le député ?
Le phénomène poursuit-il, s’est développé ces dernières années en milieu urbain notamment à Nouakchott conduisant à se demander quelles sont les causes de son aggravation et la responsabilité du département de tutelle par rapport à son ignorance, relevant l’absence d’une approche sérieuse pour l’endiguer.
Il a ajouté que l’Etat a annoncé depuis des années un programme national de lutte contre la mendicité et les mendiants ont été recensés à Nouakchott, certains d’ailleurs ont bénéficié d’appuis (des montants financiers mensuels), mais très vite on n’a plus parlé officiellement de ce programme. L’opération en question a –t- elle atteint ses objectifs ou a –t- elle échoué questionne M. Dane Ould Ethmane?
Le député a précisé que le phénomène prend parfois des dimensions nouvelles en se professionnalisant, ce qui impose davantage de vigilance vis-à-vis de réseaux qui s’activent dans le domaine avec le risque de leur exploitation par les gangs de la drogue et du crime, ajoutant qu’on ne peut toutefois nier l’existence d’une frange de nécessiteux qui sont conduits par la pauvreté ou le handicap à la mendicité. Mais le ministère de tutelle doit opérer un diagnostic du problème, en étudier les dimensions et lui trouver des solutions appropriées.
La ministre a, dans sa réponse indiqué que le phénomène de la mendicité s’est avéré difficile à régler dans la plupart des sociétés et il a été constaté récemment l’augmentation des mendiants dans les avenues et places publiques dans les carrefours et entre les files de voitures, ce qui présente des risques pour la vie même des mendiants et gêne la circulation routière.
Elle a relevé que plusieurs ressortissants d’autres pays augmentent les rangs des mendiants sur les grands axes de Nouakchott dont des réfugiés conduisant au rassemblement de groupes de mendiants sur la voie publique et entre les véhicules exposant des enfants innocents à tous les risques. La ministre a expliqué la forte présence de ces mendiants à Tevragh Zeina par le fait que sa population appartient en général à la classe moyenne proche de la richesse et englobe la majorité des sociétés et entreprises publiques et privées, des administrations et des banques ainsi que des centres commerciaux.
Mme Maymouna Mohamed Taghi a souligné que de nombreuses importantes mesures ont été prises pour lutter contre ce phénomène sur la base d’études centrées sur les causes de la mendicité au cœur de la capitale. Ainsi les autorités ont –elles, dans ce cadre, créé un programme de lutte contre le phénomène en 2000 dans le cadre du programme du commissariat en charge des droits de l’Homme, de la lutte contre la pauvreté et pour l’insertion sous la supervision, à cette époque d’une commission multisectorielle présidée par le ministre de l’intérieur avec comme membres les départements de la santé et des affaires sociales ; de l’orientation islamique ; du secrétariat d’Etat à l’alphabétisation ; le commissariat à la sécurité alimentaire et celui en charge des droits de l’Homme de la lutte contre la pauvreté et de l’insertion.
“L’exécution de ce programme est supervisée par une ONG, dénommée commission des Mosquées et des Mahadras, a un coût estimé pour la période précitée à plus d'un milliard d’ouguiyas”, a-t-elle indiqué, rappelant que les activités du commissariat aux droits de l'homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion, avaient été transférés, à partir de 2006 jusqu’à la fin de 2008, au commissariat à la sécurité alimentaire.
“Les structures de gestion de ce programmes ont été mises à niveau, après l'élection de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz en 2009, notamment à travers l’introduction, sous la supervision du commissariat aux droits de l'homme et des relations avec la société civile jusqu'en 2011, d’importantes réformes, la création de centres d'hébergement et d'accueil, chargé de loger et d’orienter la population mendiante ainsi qu’à assurer un séjour confortable pour les sans-abri”, a-t-elle ajouté.
“Un recensement des mendiants au niveau de Nouakchott avait été organisé au cours de cette période, avant que le programme ne soit transféré au ministère de l’intérieur et de la décentralisation, qui a chargé la Wilaya de Nouakchott, après la mise en place de ses nouvelles structures -, de sa gestion conformément à la décision 1373 Publié le 17 juin 2012”, a-t-elle poursuivi.
“Plusieurs acquis avaient été réalisés dans ce cadre dont, entre autres, l'allègement du fardeau à travers la diminution volontaire des salaires des employés du projet, le départ du personnel non nécessaire, après avoir perçu ses droits, la réouverture des centres d'hébergement et la quête de sièges au niveau de Sebkha, El Mina, Arafat et Riyad”, a précisé la ministre.
“Certains obstacles entravent la mission du projet dont la nature de la catégorie ciblée, (les mendiants eux-mêmes)”, mettant en exergue la nécessité de changer les mentalités ancrées dans cette population, d’origines sociales et culturelles diverses et très attachée à la pratique de la mendicité.
“Les pouvoirs publics examinent actuellement une révision du programme national de lutte contre la mendicité et la prise de nouvelles mesures pour contrer la résurgence de ce phénomène dans les rues, en organisant une campagne médiatique de sensibilisation sur l’interdiction de la mendicité sur la voie publique et devant les centres commerciaux, à travers les organes audiovisuels et les prêches dans les Mosquées pendant les prières du vendredi”, a-t-elle dit, soulignant le rôle de premier plan dévolu aux organisations de la société dans cette campagne, en plus de la conception et la mise en place d’un programme pour la formation et l'insertion des membres aptes à produire de cette population, avec par ailleurs l'interdiction formelle de mendier dans les rue.
“Ces mesures comportent aussi la mise à jour de la base de données existante, en parachevant le recensement des mendiants, à l'aide d’un questionnaire portant la photo de la personne et ses informations personnelles et en mettant en vigueur les sanctions contenues dans l’ordonnance relative à la protection pénale des enfants contre la mendicité (article 42, de 1 à six mois d'emprisonnement et d'une amende de 100 à 180 mille ouguiyas).
Les députés ont exprimé, dans interventions leurs remerciements à la ministre et à son staff, ainsi que le député pour cette importante question orale, eu égard à la nécessité de lutter contre la mendicité, qui s’étend de manière alarmante, particulièrement dans les milieux urbains.
Ils ont demandé de mettre terme à ce phénomène vil et étranger à notre société, appelant à mettre en place des projets sérieux pour lutter contre la pauvreté et à former les mendiants aptes ainsi qu’à promulguer des lois strictes sanctionnant ceux qui la pratiquent.