22-07-2018 00:30 - Pour des "Mélanges" à la mémoire du Professeur Ahmed Salem ould Boubout رØمه الله
Adrar Info - J’ai lu avec délectation, dans le journal le Calame, le brillant hommage rendu par l’éminent Professeur Mohamed Mohamed Ould Mohamed Salah à son collègue décédé, le regretté Professeur Ahmed Salem Ould Boubout rahimahou Allah.
Je pense que cet article, bien instructif, comme il se doit , annonce les couleurs d’ un ouvrage collectif que des universitaires devraient offrir à la mémoire de l’illustre disparu.
En effet, conformément à une certaine tradition bien établie dans les facultés de Droit, surtout en France, pays auquel nous devons, entre autres, l’art de la baguette de Pain et l’architecture originelle de notre système juridique, des études regroupées sous forme de "Mélanges" sont offertes aux grands professeurs qui ont marqué de leur empreinte l’enseignement du Droit, à l’occasion de leur départ en retraite ou après leur disparition.
Ces études offrent , généralement, l’occasion pour leurs auteurs de traiter en profondeur les thèmes de prédilection du dédicataire.
En somme, il s’agirait de lire la personnalité du Professeur distingué à travers ses divers centres d’intérêt . Dans ce sens , je crois savoir que l’œuvre du regretté disparu offre une matière voire des matières à réflexion.
En effet, outre son apport titanesque à la construction de l’édifice constitutionnel de notre pays, le Professeur AS Boubout a produit des précieuses contributions en tant que consultant et, aussi, en sa qualité de grand technicien qui maîtrise les subtilités du droit.
Je crois savoir aussi que les sujets de nombreuses études techniques dans lesquelles il fut impliqué et ceux des multiples articles qu’il avait publiés dans les revues spécialisées ainsi que les grands débats auxquels il avait contribué sont d’un intérêt capital pour les chercheurs en Droit.
Je pense notamment à un sujet tenant à la question de savoir si les "tribus" pourraient avoir la personnalité morale sur le terrain du Droit. Je me souviens avec bonheur de la découverte en 1987 dans la Bibliothèque universitaire Place Hoche à Rennes , de l’article consacré à ce sujet, toujours d’actualité, signé par mon compatriote et publié dans la revue "Penant".
Je me souviens, également, avec bonheur du débat des Titans dans lequel le regretté Professeur AS Boubout avait répondu, par un titre – verdict revêtant, en soi, l’autorité de la chose jugée selon lequel "le Processus démocratique est valable", à La véhémente contestation de son Ami et collègue le brillant publiciste et, par ailleurs, redoutable dialecticien Lo Gourmo. Ce débat mauritanien, aujourd’hui, dépassé a été, quelque part, consigné dans mes chroniques de sables mouvants.
A la veille du commencement de mes études en Droit, l’actuel Doyen de la faculté de Droit, mon Ami Moktar Fall Mohamedou ( lequel est, contrairement, aux apparences souvent trompeuses , mon aîné ) m’avait averti en citant l’un de ses professeurs que "le Droit mène à tout à condition de s’en sortir" … je crois que ces mélanges de Droit pourraient mener à traiter de nombreux sujets tenant à la production intellectuelle du défunt et qui seraient en relation avec des questions d’un intérêt certain pour le débat mauritanien.
Il pourraient être, par exemple, l’occasion de traduire en langue arabe, les grandes lignes de la pensée juridique du Professeur et d’être ainsi une passerelle du débat entre les juristes francisants et leurs collègues arabisants lesquels comptent, dans leurs rangs, d’éminents fughahas.
Ces mélanges pourraient, en plus être l’occasion d’examiner l’intérêt de la classique distinction entre Droit public et Droit privé ainsi que celui de célèbre conflit d’approches, somme toute, bien sympathique entre les publicistes et Les privatistes. De notre temps, ces derniers avaient tendance à prendre les publicistes pour des journalistes spécialisés tandis que ceux ci prenaient les privatistes pour des marchands.
Plus sérieusement, que reste -t-il, aujourd’hui, dans le contexte mauritanien de cette fameuse distinction , jadis considérée comme la suma divisio du Droit ?
Au total , il s’agit de faire appel, à travers ces mélanges, aux nombreux témoignages des gens du domaine et qui ont connu le Professeur et dont certains se sont déjà exprimés à l’instar du Doyen Gabriel hatti, et de mon inoubliable Professeur Didier Niewiadowski avec lequel j’ai appris à aimer le Droit administratif depuis L’arrêt Blanco qui constitue sa pierre angulaire jusqu’à mon "ancrage" définitif dans le Droit privé , notamment portuaire.
Côté cocasse, ces mélanges gagneraient à associer des amis du défunt, tel que l’écrivain Mbarek ould Beyrouk. Ce vieil ami, il ne faut pas l’oublier, fut le témoin de son époque en fondant Le premier journal indépendant "Mauritanie Demain".
Il avait fait des études de Droit avant de se convertir dans le journalisme et , entre temps, le ciel avait oublié de pleuvoir …
Abdel Kader ould Mohamed