23-07-2020 19:30 - Vive le Sénégal ! Par Pr ELY Mustapha

Pr ELY Mustapha - Quand je promène, mon regard, sur l’actualité de mon pays, je ne vois,
que batailles pour le pouvoir. Corruption, vindicte, détournement de
biens publics. Procès.
Tout est faux et tout est usage de faux. Des
présidents qui ont pillé le pays, des ministres que l’on nomme
proportionnellement à leur forfaiture. Des députés véreux. Des
commissions parlementaires de règlement de comptes personnels.
Des
ressources nationales que l’on pille et dont les pillards s’affichent
publiquement et occupent souvent de hauts postes de responsabilité.
Quand je vois mon pays où les investissements sont détournés par des
individus qui ne s’en cachent pas, alors que des milliers de pauvres
peuplent les rues, des milliers de citoyens se meurent fautes de soins
et de moyens de subsistance.
Quand je vois que, dans la gestion publique de mon pays, le vice est
devenu vertu. Le mensonge, la traitrise et le clientélisme des actes
ordinaires.
Quand je vois tant de laxisme, de laisser-aller, d’irresponsabilité,
d’incompétence et de culpabilité, je ne peux m’empêcher de penser Ã
ces pays, dont les dirigeants ont, malgré leurs moyens limités, la
dignité de travailler pour le développement de leur pays. Je pense
particulièrement à un pays qui n’est ni d’Amérique, ni d’Europe, ni
d’Asie : un pays d’Afrique.
Un pays qui nous est proche par la
géographie, la culture, les liens de sang et l’histoire. Un pays qui
se désaltère avec nous dans le même fleuve et qui partage le même
destin.
Et pourtant…
Pourtant, les dirigeants de ce pays sont aux antipodes des nôtres.
Depuis l’indépendance pas un coup d’Etat. Une Présidence de la
République en alternance dans la transparence et la démocratie.
Donnant souvent au monde un exemple de dignité et de fair-play dans la
passation du pouvoir.
Des dirigeants au service de leur pays et qui mettent ses ressources
au service de son développement.
Alors que dans mon pays des groupuscules militaro-tribalo-mercantiles
mettent le pays en coupe réglée, en confisquant la sphère politique, Ã
travers un parti qui s’allie au plus fort, en confisquant l’économie
au profit d’une oligarchie commerçante acoquinée au pouvoir, en
confisquant l’investissement au profit d’une nomenklatura mafieuse qui
s’octroie les marchés publics, de gré-à -gré ou par administrateurs
véreux payés au bakchich.
Alors qu’aucune infrastructure viable n’a été réalisée dans le pays.
Des goudrons épais comme une feuille de papier, recouvrant des
monticules de sable, et dont les couches bitumeuses ont été volées et
dont le gravier vendu ailleurs ; des hôpitaux malsains dont les
budgets d’infrastructure ont servi à acquérir des villas et des
troupeaux de dromadaires.
Des routes crevassées de la mort, des projets de réhabilitation de
villes entières détournés, un aéroport ayant couté 20 fois sa valeur
réelle, dont les structures fuient et qui ne voit atterrir que des
mouches …faute d’étude de faisabilité d’étude de projet, de business
plan, de projections de rentabilité, de planification des ressources
de l’Etat et de prévisions managériales (technique, administrative et
commerciale).
Un système éducatif bradé, dont on a vendu jusque les écoles, des
universités médiocres antichambres du chômage, des enseignants
défavorisés, aux salaires ridicules, frustrés jusque dans leur métier.
Un désert de savoir et de technologies, où ceux qui sont censées le
promouvoir sont notoirement corrompus et bradent à tout-va les
ressources affectées.
Alors pendant que dans mon pays, le pouvoir, piétine dans les miasmes
de sa turpitude et que ses pillards lorgnent encore sur ce qu’il reste
encore à dévorer…navigant à vue sans le moindre plan de développement
économique et social accroché depuis des années à une chimérique «
Stratégie de lutte contre la pauvreté » et qui ne sert qu’à justifier
la mauvaise conscience de nos dirigeants devant les institutions
financières internationales.
Pendant ce temps au Sénégal, pays frère, on investit pour le présent
et pour l’avenir. La fierté sénégalaise, s’est traduite en « Plan du
Sénégal émergent (PSE » que les dirigeants du pays exécutent de la
plus belle des manières.
Le Plan Sénégal Emergent (PSE) est une stratégie décennale sur la
période 2014-2023, adossée à une vision, celle d’un Sénégal émergent Ã
l’horizon 2035 à travers trois axes stratégiques qui sont (i) la
transformation structurelle de l’économique et de la croissance, (ii)
le capital humain, protection sociale et développement durable et
(iii) la gouvernance, institutions, paix et sécurité. Le PSE est porté
par un Plan d’Action Prioritaire (PAP), lui-même scindé en deux
phases.
La phase 1 (2014-2018) a permis d’enregistrer des résultats
satisfaisants dans l’ensemble des secteurs et cette phase 2
(2019-2023) s’annonce comme une continuité mais avec une implication
plus forte du secteur privé. (
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/SN/cadrage-economique )
Voici, ces dernières années, les réalisations au Sénégal.
Un aéroport de pointe. Aéroport international Blaise-Diagne à Diass
(AIBD), 5 fois plus grand que l’aéroport Léopold-Sédar-Senghor.
Capacité de traitement de 3 millions de voyageurs par an, extensible Ã
10 millions (20 millions à terme), et de 50 000 tonnes de fret, 6
passerelles télescopiques, d’une piste de 3 500 mètres de long et de
75 mètres de large.
Une première dans l’espace Asecna, sa piste peut
accueillir l’A 380 ou le B 747. 610 millions d’euros d’investissement.
- Construction de toute une ville, technologique et moderne :
Diamniadio à 30 kms de Dakar, Avec des écoquartiers sur 200 ha
d’espaces verts et de lacs artificiels. 2 milliards de dollars
d’investissements
-Une nouvelle université de pointe l’université Amadou-Mahtar-Mbow,
dans la ville nouvelle, 114 millions d’euros d’investissement.
Un Institut National du Pétrole et du Gaz (INPG), afin de développer
l’expertise nationale et de favoriser l’emploi des sénégalais et
sénégalaises dans les secteurs pétrolier et gazier.
Smart city, parc numérique de 26 ha. 70,6 millions d’euros
d’investissement. Le parc devrait générer 35 000 emplois directs et
105 000 emplois indirects.
Les applications de gestion informatisée du
trafic routier et de la sécurité et les performances énergétiques
seront pilotées à partir des centres informatiques de cette smart
city.
Un train express régional relie à une vitesse de pointe de 160
km/heure, le centre de Dakar au nouvel aéroport international Blaise
Diagne de Diass.- 225 millions d’euros d’investissement.
Lignes express de la société de bus Dakar avec liaison sans arrêt
entre la corniche ouest et Keur Massar, en grande banlieue est, via
l’autoroute à péage (soit 26 km).
Autoroutes reliant les régions (ex. Saint-Louis, Touba et Mbour)
Constructions de Marchés modernes d’intérêt national (Sandaga et autres)
Gares pour gros-porteurs (Diamniadio) boostant les marchés et les
commandes privées et publiques.
Pont reliant le Sénégal à la Gambie (rapprochant Dakar de Ziguinchor)
60 millions d’euros d’investissement
Puissance électrique doublée, passant de 571 MW à 1 141 MW. La Senelec
exporte désormais son excédent au Mali
Coupures d’électricité bannies sur tout le territoire entrainant une
productivité à grande vitesse.
Zone économique spéciale pour les industries de pointe nationales et
internationales créant à terme 50 000 emplois, Le spécialiste chinois
du textile C&H Garments, a mobilisé 25 millions de dollars pour y
installer son usine.
IDE (investissements directs étrangers) en augmentation constante (532
millions en 2017 soit plus de 4,8 milliards de stock)
Alors, vive le Sénégal !
Quelles leçons pouvons-nous tirer de l’expérience sénégalaise ?
Selon le ministre délégué en charge du Développement du réseau
ferroviaire, Abdou Ndéné Sall : « Aujourd’hui, il est prouvé que c'est
par la confiance que l'on peut attirer les investisseurs publics et
privés.
C'est pourquoi, au Sénégal, nous avons un cadre de gouvernance
fiable et une stratégie locale crédible avec le Plan Sénégal Emergent
(PSE), le FONGIP, le FONSIS avec un plan d'exploitation solide
permettant de mobiliser les investisseurs publics et privés pour
résoudre les problèmes de ce pays et réduire le gap infrastructurel»
(Conférence sur les infrastructures organisée par l'Association des
investisseurs américains (MIDA), en partenariat avec la commission
économique pour l'Afrique des Nations Unies (ECA))
Que retenons-nous de ce constat ?
La confiance en un pays, en ses dirigeants et leurs actes, est la clef
qui ouvre le chemin du développement. La confiance en leur volonté de
développer leur pays à travers une planification nationale, basée sur
une stratégie crédible mise en œuvre par une gouvernance fiable.
Si telles sont les conditions du développement et au vu de ce qui
précède, ce qui nous sépare du Sénégal, n’est pas un simple fleuve,
mais un torrent de mauvaise gouvernance.
Pr ELY Mustapha
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