29-04-2021 21:49 - L'apport du Leadership féminin sur la sécurité alimentaire dans le monde de la COVID- 19
Zouerate Actu - Le réseau des organisations sur la Sécurité Alimentaire en Mauritanie, est partenaire d’Oxfam dans le cadre de 2 projets financés par l’AECID et l’Union européenne respectivement appelés Convenio et projet OSC à savoir :
«Justice sociale et résilience à travers la réduction des inégalités en Mauritanienne» et « Renforcement du pouvoir citoyen d’organisations communautaires de base de 03 Communes au Brakna, au Gorgol et au Hodh El Gharbi pour favoriser la cohésion sociale et l’éducation à la citoyenneté d’hommes, de femmes, jeunes et enfants ».
Ces 2 projets interviennent, dans un contexte marqué par des inégalités socioéconomiques pernicieuses et persistantes entre différentes franges sociales. Ces inégalités affectent plus la vie des femmes en particulier celles du milieu rural, moins informées sur leurs droits et peu impliquées dans les décisions qui affectent leurs moyens d’existence.
Ces 2 projets, ayant un objectif commun, celui de la promotion et protection des droits fondamentaux des citoyens et de l’ancrage de la citoyenneté et la bonne gouvernance, ont décidé de mettre en commun les moyens mis à leur disposition pour la célébration du 08 mars 2021, journée internationale de la femme, sous le thème : « L’apport du leadership féminin sur la sécurité alimentaire dans le monde de la COVID19 ».
C’est un moment de mobilisation et de réflexion sur des problématiques en lien avec les jeunes filles et les femmes sur leurs droits fondamentaux ; droits qu’elles ignorent le plus souvent, même si certains de ces droits sont protégés, non seulement par un important dispositif juridique international et national, (CEDAW, Constitution, CSP…) ; mais aussi par des mécanismes qui permettent de renforcer l’existence et le respect de ces droits.
La situation liée à la Covid-19 a entrainé des conséquences énormes sur le plan social et économique et a beaucoup impacté sur le travail des hommes mais aussi des femmes. Il s’est agi de réfléchir cette année sur le rôle que peuvent jouer les femmes pour améliorer la sécurité alimentaire dans un monde secoué par la pandémie du COVID-19.
Ces cérémonies se sont déroulées les 8 et 9 mars 2021 dans cinq communes d’intervention des projets de ROSA : Boghé et Bababé au Brakna, Kaédi et Djéol au Gorgol et Tintane au Hodh El Gharbi. Elles ont été marquées par la présence des autorités administratives et municipales, la Coordinatrice technique du projet OCB, Mme Coumba DIOP, l’Assistante à la Chargée de plaidoyer national du COVENION 4, Mademoiselle Fama KONTE, les coordinateurs régionaux de ROSA, les animateurs, assistants et techniciens de ROSA, les femmes leaders pour l’accès et le contrôle de la terre par les femmes, les femmes ambassadrices et femmes transformatrices du lait et produits locaux.
Les activités ont été effectuées en deux étapes : lancement officiel de la journée dans les chefs-lieux des communes et organisation de conférences débats par les femmes leaders en lien avec le thème de l’année dans les différentes communes d’intervention du projet.
A Boghé, Mme Aminetou Beibacar, la représentante de la Coordinatrice régionale du Ministère des Affaires Sociales et de l’Enfance au Brakna a procédé au lancement officiel de la journée. Elle a profité de cet espace pour remercier le ROSA pour son encadrement et son appui aux femmes à travers ses différentes actions, surtout en cette situation exceptionnelle de crise sanitaire mondiale.
Prenant la parole, le premier adjoint au Maire de la Commune de Boghé, Monsieur DIA Mamoudou Amadou a loué le rôle de la femme dans la société, encourageant leur engagement dans des activités génératrices de revenus. Il a félicité le ROSA pour son soutien, son appui et les activités qu’il mène toujours en faveur des femmes dont il est témoin.
A Bababé, la cérémonie d’ouverture a été lancée par l’adjoint au maire de Bababé, Monsieur Yahya Demba Adama N’DIAYE qui a loué l’importance de la journée de la femme car dit-il, c’est elle qui honore l’homme et joue un rôle primordial dans la gestion de la crise de la pandémie du COVID-19.
Les conférences débats ont été animées par les femmes leaders, représentantes des organisations bénéficiaires des projets.
La conférence débat animée par Mme Mariata DIA, directrice du lycée de Touldé et femme leader a porté sur l’historique de la journée internationale des droits de la femme, l’éducation et l’apprentissage pour les filles et le leadership féminin sur les droits de la femme. Les origines de cette journée dit-elle, s’inscrivent dans un contexte de lutte des femmes au début du XXe siècle pour acquérir des droits déjà accordés aux hommes, des meilleures conditions de travail et l’égalité entre hommes et femmes.
D’emblée, elle a rappelé le rôle et l’action des femmes leaders et combattantes qui ont imposé cette journée mondiale, mettant l’accent sur l’éducation et la scolarisation des filles, la prise de conscience de l’importance de la lutte pour les droits des femmes. Elle soutient que « Les parents doivent s’occuper de leurs filles dès le bas-âge, suivre et soutenir leur scolarisation et les mettre en valeur pour pouvoir rivaliser les garçons dans le bon sens. Ils sont responsables de leurs enfants, chacun doit veiller sur l’éducation de ses filles, leur apprendre la bonne conduite à tenir », appelant à mettre fin à l’injustice dont les filles sont victimes dans les foyers à cause de la surcharge des travaux domestiques.
A son tour, Mme Défa Hamath WANE, agent de développement local et femme leader a reconnu les chemins tracés par de braves femmes qui ont défendu les droits et la promotion des femmes dans la Moughataa de Boghé. Elle a rendu hommage à feue Madame Oumou Kala WANE, qui, dit-elle, a demandé l’ouverture d’un centre de promotion féminine à Boghé, à Madame Zeinabou Berrouk qui est la première à recenser les coopératives féminines et à obtenir une formation pour des filles, à Madame Coumba NIANG qui a toujours défendu les droits des femmes et Madame Sala BA à l’origine de la création de jardins d’enfants dans la zone, entre autres.
Elle a déploré la faible scolarisation des filles, la déperdition scolaire, la méconnaissance des femmes de leurs droits fondamentaux, un taux d’analphabétisme des plus élevés de la sous-région, la faible représentativité des femmes dans les centres de prise de décision (parlement, Communes, etc.) indiquant qu’il faut avoir des femmes leaders dans ces lieux et non des représentantes. Elle a insisté sur la vulgarisation auprès des communautés cibles, en particulier les femmes et jeunes l’arsenal juridique qui protège les femmes des violences dont elles sont victimes.
Elle a également mis l’accent la situation liée à la COVID-19 et les conséquences énorme qu’elle a entraînées sur le travail des hommes et en particulier celui des femmes.
Quel est l’apport du leadership féminin sur la sécurité alimentaire dans un monde secoué par la pandémie du COVID-19 ?
Les retombées sociales et économiques moins visibles et moins médiatisées de la COVID 19 frappent durement les femmes. Les dernières données montrent que la pandémie est sur le point de plonger 47 millions de femmes et de filles dans l’extrême pauvreté, ce qui portera à 435 millions le nombre total de femmes et de filles vivant dans l’extrême pauvreté.
Il faut saluer, l’initiative lancé par l’ONU Femmes et le PNUD à savoir : « la COVID-19 Global Gender Reponse Tracker », qui est une base de données qui comprend plus de 2 500 mesures politiques dans 206 pays indiquant comment les gouvernements réagissent à la pandémie dans une perspective d’égalité des sexes.
Ce répertoire de données couvre les mesures relatives à la violence contre les femmes, à la sécurité économique des femmes et aux soins non rémunérés. Il fournit désormais aux décideurs politiques des orientations fondées sur des données probantes concernant les mesures d’intervention sensibles au genre qui protègent la vie, l’emploi et le bien-être des femmes et des hommes.il intégrera de nouvelles données sur le leadership des femmes dans la réponse COVID-19.
Pour suivre et veiller sur ce leadership des femmes dans le contexte du COVID-19, il faut impérativement mettre l’accent sur deux facteurs clés : les politiques de protection sociale et le marché du travail en plaçant les besoins des femmes au centre de la réponse socio-économique, en prolongeant les mesures d’urgence liées à la COVID en faveur des femmes, étendre l’aide aux travailleurs du secteur informel afin d’éviter que davantage de femmes ne soient exclues et tombent dans la pauvreté, en améliorant l’accès aux congés payés et aux services de garde d’enfants afin que les femmes puissent conserver leur emploi et retourner au travail et en investissant dans les systèmes de protection sociale pour construire des sociétés résilientes.
Madame Ba Fatimata Thinthié, animatrice et femme leader à Bababé a de prime abord rappeler l’historique de la journée du 08 et le chemin parcouru pour la promotion de la condition féminine partout à travers le monde avant d’évoquer les divers droits de la femme : droit d’accès au foncier, droits économiques, droit à la scolarisation etc. Elle a aussi insisté et mis l’accent sur le rôle primordial de la femme dans la société à travers les activités du maraîchage, la transformation des produits laitiers et locaux.
Quant à l’animatrice Selly Amadou SALL, elle a dénoncé les violences et viols faits aux femmes et filles, plaidoyant pour faire avancer le statut de la femme en particulier celle du milieu rural.
Les femmes ont évoqué les différentes difficultés rencontrées : problème d’accès à l’eau, déperdition scolaire des filles, formation et financement des coopératives, mariage précoce, manque d’équipement au centre de santé de Bababé.
Un cahier de doléances renfermant les questions essentielles évoquées par les femmes a été élaboré et sera remis aux autorités administratives et municipales des différentes zones d’intervention du projet.
Les participantes ont rendu hommage au ROSA et toute son équipe d’organisation composée des animateurs, de techniciens et d’assistants des deux (02) projets OCB et Convenio 4, Roughiyatou NIANG, Diouldé NIANG et Yérim DIOP.