26-10-2022 18:10 - Durant trois ans, il maltraite les neveux dont il a la charge à Caen

Durant trois ans, il maltraite les neveux dont il a la charge à Caen

Actu - Oumar*, un homme de 43 ans, né en Mauritanie mais ayant passé son enfance au Sénégal, a été mis en cause pour violences sur mineurs.

Il a dû s’en expliquer devant le tribunal correctionnel de Caen (Calvados), mercredi 19 octobre 2022. Les faits remontent à la période de janvier 2013 à janvier 2016 à Caen. Les maltraitances concernent quatre enfants, la plupart majeurs désormais. Durant l’enquête comme à la barre, Oumar se cabre : « Je n’ai jamais frappé ! Jamais ! ».

S’il a fait venir ses neveux du Sénégal, c’était par « pure humanité », c’était « parce qu’ils avaient perdu leurs parents », c’était pour « leur offrir une vie meilleure », assure-t-il.

Il va jusqu’à évoquer une machination. Et pourtant, la procédure révèle une tout autre réalité, l’homme apparaissant plus intéressé par les prestations sociales que par le bien-être des petits.

Maltraités dès leur arrivée en France

Les enfants semblent ne pas manger à leur faim et sont mal vêtus. Certains se retrouvent régulièrement en salle d’urgence pour des examens ou hospitalisés. En 2016, une assistante d’éducation et une assistante sociale vont recueillir leurs confidences. Tous disent être frappés régulièrement, avec ceinture, chaussure, fil électrique, chargeur de téléphone…

La petite Aya*, qu’il obligeait à manger à coups de ceinture jusqu’à ce qu’elle vomisse pour lui faire de force avaler son vomi, aurait eu le bras cassé par des coups de balai. Oumar dit qu’elle est tombée dans les escaliers. Examinés par un médecin, tous les quatre portent des traces de coups, des hématomes, des cicatrices sur tout le corps. Oumar ne concède qu’un seul fait.

"Y’en a un, oui, il fait des bêtises à l’école et il vole, j’ai dû l’éduquer. Nous, les Africains, il y a des choses qu’on n’accepte pas", affirme le prévenu, à l’audience.

La présidente lui rétorque que là, on est loin de l’éducatif et qu’il ne semble pas prendre conscience de la gravité des coups qu’il a infligés.

Au cours de l’enquête, l’ex-compagne du prévenu avait fini par avouer des violences sur ses enfants à elle. « C’est pour me nuire, puisqu’elle m’a quitté », se défend le prévenu. Mais la présidente lui fait remarquer qu’elle ne le charge pas, affirmant qu’il ne s’en est jamais pris à elle. Néanmoins, elle témoigne : « Il fait venir les enfants de ses frères et sœurs en usant d’autorité, c’est pour le regroupement familial ». Arrivé en France il y a 20 ans, Oumar est en invalidité depuis quelques années. Son casier ne comporte qu’une mention pour abus de faiblesse.

« On ne peut pas inventer ça »

Moussa*, l’un des enfants, majeur à ce jour, est présent à l’audience. « Il m’a recueilli pour que j’ai une bonne vie. Je n’avais pas conscience que je faisais des bêtises. Quand j’en faisais, il pouvait me frapper, y’a pas de souci. Mais pas méchamment, une petite tape sur la main ». Seulement, le jeune homme, à la suite d’un hébergement en foyer, s’est retrouvé à la rue à sa majorité et s’est tourné vers la seule personne qu’il connaissait pour l’héberger : son oncle. Car sa déposition lors de l’enquête était bien différente.

"Ce qui fait le plus mal, c’est les coups de chargeur. Je ne voulais pas venir en France, il m’y a obligé. Pour toucher les allocations, il faut beaucoup d’enfants", indique une des victimes, lors de l’enquête.

Un autre jeune, encore mineur, est lui aussi présent à l’audience, Youssouf*. Il avait confié avoir été pincé et frappé depuis l’âge de 4 ans et avoir grandi en état de stress. « On ne peut pas inventer ça ». Il dit avoir parlé à sa mère récemment au téléphone, mère qui était censée être morte, d’après Oumar.

« Il frappait jusqu’à en être fatigué »

L’avocate qui représente Youssouf glisse son ressenti sur le discours de Moussa. « Il minimise les violences jusqu’à les nier, il n’a pas le choix puisque son oncle l’héberge. Son malaise est évident. Mais ayant grandi, il sait qu’il ne sera plus frappé, l’oncle n’est pas fou, il pourrait se prendre un retour de bâton ».

Elle décrit une violence habituelle à l’état pur, gratuite et gravissime au regard de l’âge des victimes. « Il frappait jusqu’à en être fatigué. Ça nous fait penser à une bête sauvage ». Elle sollicite 4 000 euros en réparation des dommages causés à ce jeune qui a réussi à entrer en contact avec ses parents que son oncle disait morts.

Au regard de l’ancienneté des faits, Oumar écope finalement de 16 mois de prison avec sursis sur les 18 mois requis par le ministère public. Il devra aussi verser 3 000 euros aux victimes, pour leur préjudice moral.

*Prénoms d’emprunt.

Par Rédaction Caen




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Source : Actu - France
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