26-02-2023 02:39 - Sécurité Alimentaire : 30.000 enfants mauritaniens menacés face au désengagement du gouvernement
L'Authentique -
La vie de trente mille enfants mauritaniens malnutris est menacée par le non-respect du ministère de la Santé de ses engagements à payer les intrants nécessaires pour la prise en charge de la malnutrition sévère.
Depuis 2011, les intrants sont fournis dans le cadre de l’assistance alimentaire à travers les agences des Nations-Unies.
La nutrition assurée par une agence de l’Etat
En 2021, un accord tripartite a été conclu entre le Programme national de protection sociale (Taazour), le Ministère de la Santé et l’UNICEF (page 6), à travers lequel le gouvernement mauritanien s’engageait à acheter 50% des besoins en intrants nutritionnels.
Tout en prévenant durablement la malnutrition aiguë, l’agence de solidarité nationale, TAAZOUR, a honoré son engagement en mettant à disposition les intrants jusqu’en 2022.
Le ministère de la Santé raye le budget de la nutrition
Le ministère de la Santé s’était engagé devant les partenaires, en Mauritanie et en Côte d’Ivoire, à payer les intrants à partir de 2023.
La grande surprise aujourd’hui, à quelques jours de la période de soudure, et après la sortie des résultats catastrophiques de l’enquête SMART sur la malnutrition en Mauritanie, le gouvernement déclare qu’il ne payera pas les intrants.
Cette décision assassine intervient dans un contexte marqué par la série de crises qui frappe le monde, partant de l’urgence environnementale, la faim, l’aggravation des inégalités, l’augmentation des conflits armés, les pandémies, la montée de l’extrémisme et l’escalade de l’inflation…
Réaction des acteurs de la nutrition
Tout d’un coup, le ministère de la Santé décide ainsi tout bonnement d’abandonner 30.000 enfants â leur sort, en refusant d’acheter les intrants nutritionnels. L’information n’a pas fait l’objet d’une déclaration publique, mais la plateforme du mouvement SUN (Scarling-Up Nutrition Movement) en Mauritanie, par le biais de son Secrétaire général, Hamada Bneijara, déclare avoir constaté que le « chapitre concernant le volet nutrition ne figure pas dans le budget 2023 du ministère de la Santé ».
Selon lui, le département de la Santé, « par cette décision, met en danger la vie de milliers d’enfants mauritaniens qui dépendent de ces produits pour leur croissance et leur survie ».
« Pour qu’elle raison ? Comment comprendre une telle décision touchant des milliers d’enfants qui sont dans l’urgence alimentaire et nutritionnelle ? » s’est-il interrogé dans un entretien téléphonique qu’il nous a accordés.
Au moment où des centaines d’organisations dans le secteur de la justice, dans le domaine socio-économique, s’investissent pour récupérer le contrôle public démocratique et de réinventer une économie véritablement égalitaire axée sur les droits de l’homme, les acteurs de la nutrition trouvent qu’il est urgent de remédier promptement à cette situation pour sauver la vie de l’innocence.
Il est connu que la communauté internationale et nationale a toujours réclamé un accès universel à des services publics de qualité et équitables.
La nutrition n’est pas une priorité pour l’Etat mauritanien
Cette décision du ministère de la Santé intervient un jour après un atelier d’évaluation organisée par le Ministère des Affaires Économiques et l’UNICEF sur la situation nutritionnelle en Mauritanie et au cours duquel le Ministère de la Santé était représenté.
Cette décision vient tout simplement confirmer que malgré ses déclarations, l’état Mauritanien ne fait pas de la nutrition une priorité. Ce qui ne cadre pas pourtant aux orientations du premier responsable du pays, le président Ould Ghazouani qui a récemment instruit le gouvernement d’être proche de la population.
Cette décision dément tout simplement l’engagement fait par le Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, lorsqu’en novembre 2020, recevant la Directrice régionale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, il lui avait promis que l’Etat mauritanien s’engage à prendre en charge l’achat des intrants nutritionnels dans son budget.
Cheikh Aïdara
Groupe des Journalistes de Développement