23-05-2023 20:50 - Affaire Mattel dans la presse tunisienne : Qui cherche à tromper qui ?
Mauriweb - L'affaire de la vente de Mattel ou Béchir Moulaye, inculpé récemment pour escroquerie et abus de confiance, a récemment fait l'objet d'une série d’articles controversés diffusés dans les médias tunisiens pour le moins surprenants.
Ces articles, inspirés par les déclarations de Béchir lui-même et de la « Mafia » dont il s’est entouré, soulèvent des interrogations sur la responsabilité des journalistes professionnels dans la diffusion d'informations fantaisistes.
Dans ces articles, nous examinerons comment et en quoi les journalistes ont pu être manipulés au point de participer, peut être inconsciemment, à tromper leur opinion publique et leurs autorités politiques en relayant des informations discutables fournies par Béchir, qui tente ainsi vainement de se dérober face à ses propres turpitudes en jetant l'opprobre sur les autres.
La vérification des faits est un pilier essentiel du métier du journalisme responsable. Les journalistes doivent s'assurer de la fiabilité des informations avant de les publier, en recoupant les sources, en obtenant des preuves tangibles et en donnant la possibilité à toutes les parties impliquées de s'exprimer. Malheureusement, dans le cas de cette série d’articles, il semble que ces principes fondamentaux aient été négligés, permettant à Béchir Moulaye Hassen de distiller avec ses complices des informations tendancieuses qui ne peuvent camoufler la vérité, tant elle est limpide.
A/ L’ELEMENT DIFFUSE PAR LA CHAINE TUNISIENNE Tv9
Propos de la journaliste : « Mattel a réalisé des bénéfices dépassant 12 millions de USD sur les deux derniers exercices, rapportant à TT 35 millions de dinars. »
En réalité, la dernière fois où Mattel avait distribué des bénéfices, c’était lors de l’assemblée générale du 3 juin 2014. Des dividendes de l’ordre de un milliard deux cent millions ouguiyas de l’époque (un peu plus de 4 millions USD) avaient été votés par cette assemblée générale.
Depuis le 31 décembre 2015, la situation nette de la société est devenue négative, ce qui a nécessité, conformément à la loi, la convocation d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires pour décider s’il faut prononcer la dissolution anticipée de la société ou poursuivre son activité.
La situation nette de la société Mattel est toujours négative et il faudra attendre l’approbation des comptes de l’exercice 2022 pour avoir une idée de la résorption des pertes.
Il est donc mensonger de dire que Mattel a distribué des bénéfices sur les deux derniers exercices et que TT en aurait tiré 35 millions de Dinars.
Ø « Le prix actuel est basé sur une ancienne valorisation de la société qui date de 2020 et qui ne prend pas en compte les deux derniers exercices. »
Ø « L’offre de BSA porte atteinte aux intérêts de TT et n’est pas conforme au marché, selon plusieurs sources. »
Aucune de ces sources n’est citée et aucun argument ni donnée ne vient appuyer cette assertion. La valorisation actuelle de Mattel est basée sur le marché et prend en compte la situation actuelle de l'entreprise. D'après diverses sources, le prix proposé par BSA est issu des prix du marché proposés par différents investisseurs consultés. De plus, les conseils financiers ont légitimement rouvert le processus en février 2023 (et non en 2020 comme indiqué précédemment) pour confirmer ou réévaluer le prix. À la suite de cette démarche, les deux acheteurs, y compris BSA, ont soumis leurs offres, et c'est BSA qui a présenté la meilleure offre.
Ø « Le 4 avril 2022, un accord a été signé TT, Mohamed Ould Bouamatou et Béchir El Hassen pour l’offre de Telect. »
D’après nos informations, Mohamed Bouamatou n’a jamais signé un accord en ce sens. Peut-être la présentatrice veut-elle parler de BSA mais en voulant trop personnaliser et impliquer Monsieur Bouamatou personnellement, elle ne fait plus la différence. De plus, elle parle de la société « Telect » ; il s’agit probablement de TELECEL qui avait effectivement présenté une offre.
Toutes ces imprécisions démontrent le manque de professionnalisme et le mensonge de la présentatrice qui ne connaît rien au sujet et qui ne fait que reprendre des informations écrites qui lui ont été « refilées ».
Ø Béchir El Hassen est présenté comme un homme d’affaires, patron du groupe Comatel et refusant la vente des actions de TT à BSA parce que cela porte atteinte à l’intérêt de la société.
Tout cela n’est que du vent. Béchir El Hassen n’est pas un homme d’affaires.
Beaucoup seraient plutôt enclins à le traiter d’escroc notoire qui est endetté auprès de plusieurs banques mauritaniennes qui le poursuivent en justice. Il fait actuellement l’objet de plusieurs exécutions judiciaires sur ses biens et il ne possède plus que sa participation dans Comatel.
Comatel n’est pas un « Groupe » au sens juridique du terme. Il s’agit d’une société familiale qui regroupe les 7 héritiers du père de M. Béchir El Hassen et cette société Comatel ne possède que ses actions dans le capital de Mattel.
Sa participation au capital de Mattel étant aujourd’hui le seul actif qui lui reste, il fait tout pour faire capoter les démarches de vente et essayer de tromper l’opinion publique, l’Etat tunisien et Tunisie Telecom.
Ø Sur la base de ces affirmations ci-dessus, qui sont toutes très loin de la réalité, la journaliste conclut en posant des questions : le processus de cette vente des actions de TT à BSA est-il bon ? Pourquoi vendre alors que la société commence à générer des bénéfices importants ? Pourquoi vendre les participations dans Mattel, qui fait de bons résultats, et pas celles d’autres sociétés Tuniso-étrangères connues de tous et qui sont déficitaires depuis des années ? Pourquoi procéder à une vente de cette ampleur en cachette et dans l’opacité ? Où iront les recettes de cette vente et les modalités de la vente sont-elles régulières au regard des contraintes légales et d’investissement ?
Ces questions annoncent parfaitement l’atmosphère dans laquelle le sujet est discuté. On veut faire croire à l’opinion publique que la vente à BSA des actions de TT dans Mattel est le fruit d’un complot, d’une connivence secrète entre Monsieur Bouamatou et TT qu’elle porte atteinte aux intérêts de la Tunisie.
On veut ainsi conditionner l’opinion publique, la manipuler et la monter contre cette opération.
Et on présente M. Béchir El Hassen comme le défenseur de l’Etat tunisien contre ses propres cadres et fonctionnaires.
En réalité, il n’y a pas plus grande insulte pour la Tunisie que cette campagne menée par M. Béchir El Hassen avec l’aide d’une armée de l’ombre, une mafia bien rodée aux techniques de subversion qui distille à dose homéopathiques les mensonges et contrevérités à travers la presse.
En effet, qui est-il pour défendre les intérêts de la Tunisie, lui qui n’a pas pu défendre ses propres intérêts et ceux de sa famille qu’il a appauvrie ?
Il prétend défendre les intérêts de la société Mattel alors qu’il est poursuivi par cette société pour des dettes commerciales non payées depuis 2015 malgré les nombreux moratoires, relances et plaintes.
Plusieurs autres créanciers bancaires le poursuivent en justice et ont obtenu des décisions judiciaires définitives qui ont été exécutées sur ses actifs, un huissier a même essayé de faire vendre aux enchères les actions de Comatel dans le capital de Mattel et la société a eu les plus grandes difficultés pour faire invalider cette vente et sauvegarder l’intégrité de son capital.
Monsieur Béchir El Hassen est actuellement débiteur chez la plupart des banques mauritaniennes.
Auprès de la GBM seule, une banque du groupe BSA, ses dettes personnelles atteignent le milliard d’ouguiyas (3 000 000 USD), au moment où sa société Comatel est débitrice de 500 millions d’ouguiyas (1 470 000 USD) et l’un de ses frères (qui est actionnaire de Comatel) est débiteur de plus de 460 millions d’ouguiyas (1 350 000 USD).
Au niveau pénal, M. Béchir El Hassen fait l’objet d’une instruction judiciaire pour escroquerie avec son comparse et complice Dominique Saint Jean, l’ancien DG de Mattel, et dans laquelle son chauffeur personnel est signataire et présenté comme un expert en image.
L’escroquerie en question aurait fait perdre à la société Mattel plusieurs centaines de millions d’ouguiyas.
Tout cela est de notoriété publique en Mauritanie, mais, c’est bien connu : nul n’est prophète dans son pays. A défaut de pouvoir convaincre en Mauritanie, M. Béchir El Hassen investit la presse en Tunisie.
Mais en définitive, seules des personnes naïves peuvent être influencées par la campagne de presse menée par M. Béchir El Hassen et ses acolytes.
Mais la vérité finit toujours par triompher.
Comme la nature de Béchir El Hassen en Mauritanie ne fait plus aucun doute pour quiconque, en Tunisie aussi la vérité finira par s’imposer.
B/ L’ELEMENT DIFFUSE LE 8 MAI PAR LE SITE « La Presse.tn »
Cet élément écrit va plus loin. Il reprend à peu près les mêmes idées tout en avançant à l’appui de M. Bechir El Hassen des informations fausses sur le contexte mauritanien.
Ø Il commence par comparer sur un plan d’égalité les deux hommes d’affaires Mohamed Bouamatou (l’influent entrepreneur et président du Groupe Bouamatou SA BSA) et Bechir El Hassen (Comatel), issu d’une famille qui a une présence forte et active sur la scène politique mauritanienne et dans le monde des affaires.)
En réalité, la famille de M. Béchir El Hassen n’a aucune « présence forte et active sur la scène politique mauritanienne » : aucun parti politique, aucun poste politique ou public de responsabilité à quelque niveau que ce soit ; pas plus qu’elle n’a de présence dans le monde des affaires puisqu’elle ne possède presque plus que sa participation dans la société MATTEL et qu’elle fait face à des procès d’ampleur pour ses dettes. Personne ne peut citer une seule affaire créée ou entretenue par Béchir dont la seule activité ces dernières années était de vivre aux crochets de Mattel tout en s’endettant auprès de toutes les banques mauritaniennes pour entretenir son luxueux train de vie irresponsable dans les lieux de villégiature et de licence.
Ø Il poursuit par des attaques directes et gratuites contre Mohamed Bouamatou présenté comme un personnage entouré de polémiques et connu pour sa proximité avec l’environnement familial mafieux de Ben Ali, qui aurait eu des problèmes avec le pouvoir en Mauritanie et s’est exilé à Marrakech. Là il aurait accueilli un ex-PDG de Tunisie Telecom, poursuivi en Tunisie et chassé par son personnel. Par la suite Mohamed Bouamatou aurait été chassé par le Maroc. Il s’établit à Marbella capitale de la jet-set etc.
Ce paragraphe extrêmement calomnieux et sournois ne contient évidemment aucun élément factuel ni de preuve, puisqu’il n’existe pas. L’idée à imposer au lecteur tunisien, c’est de présenter Mohamed Bouamatou comme une mauvaise personne et le préparer en conséquence à être du côté de Béchir El Hassen. Selon des sources bien informées, Mohamed Bouamatou n’a jamais eu d’autres partenaires en quoi que ça soit en Tunisie que l’état tunisien lui-même et son hospitalité à Marrakech est de notoriété publique et il y reçoit tout le monde y compris de nombreux tunisiens. Mohamed Bouamatou est un mécène qui finance entre autres un hôpital ophtalmologique gratuit où plusieurs spécialistes tunisiens sont venus opérer des malades mauritaniens.
Ø Le journaliste qui ne craint pas le ridicules en rajoute une louche et encense « Bechir El Hassen (Comatel), (qui) à la sueur de son front, fait tout pour sauver Mattel d’une cessation d’activité et permet à la société d’économiser environ 30 millions de dollars qui se retrouvent aujourd’hui dans la valorisation offerte de 100 millions de dollars pour le rachat de Mattel. »
Présenter Bechir Moulaye El Hassen comme un homme d’affaire bien introduit et sauveur « providentiel » de Mattel est une galéjade qui prête à sourire.
Il s’agit ici de déclarations grossières et mensongères. Bechir El Hassen n’a jamais fait bénéficier MATTEL d’aucune action profitable. Au contraire, il a tout fait durant l’absence de Mohamed Bouamatou pour détourner l’argent de la société en mentant grossièrement à l’actionnaire tunisien.
D’ailleurs, et pour preuve, Bechir El Hassen est poursuivi aujourd’hui pour escroquerie pour les sommes qu’il a détournées de la société MATTEL. De même qu’il fait l’objet d’une action en justice de la part de MATTEL elle-même pour ses dettes contractées depuis 2015 et dont il n’a pas encore remboursé un sou.
Ø L’article présente en outre le processus de vente de MATTEL de manière très partisane, il occulte délibérément les aspects techniques de ce dossier et falsifie la réalité et ce à dessein afin d’aboutir à la conclusion que « Bouamatou propose le rachat des seules parts de Tunisie Telecom et lance une bataille contre son associé de Mattel, Bechir El Hassen, en vue de l’évincer de l’entreprise ». Bechir El Hassen est ainsi présenté comme une victime afin de lui attirer les sympathies du lecteur tunisien. Et l’article agite la menace d’un arbitrage de la part de Bechir El Hassen si cette vente se réalisait, pour faire accréditer l’idée, qui est fausse, que la position de ce dernier est fondée en droit.
Ø Enfin, pour rendre son compte-rendu un tant soit peu crédible, l’article renvoie à Jeune Afrique selon lequel les autorités mauritaniennes seraient favorables à la recherche d’un compromis entre les actionnaires mauritaniens. Cette affirmation de Jeune Afrique, également faite sur commande de Bechir El Hassen, est fausse puisque les autorités mauritaniennes n’ont jamais affiché une quelconque recherche de solution favorable à Bechir El Hassen qui est bien connu en Mauritanie, contrairement à la Tunisie.
Ø A travers cette conclusion, l’article essaie explicitement de pousser les autorités tunisiennes à un compromis et un équilibre entre les actionnaires mauritaniens, puisque, prétend-il, c’est la position de la Mauritanie.
En définitive, ces deux éléments de presse diffusés en Tunisie participent tous les deux de la campagne de communication subversive et calomnieuse entreprise par Bechir El Hassen dans le but de ralentir le processus de vente de Mattel et de faire le maximum de pression sur Tunisie Telecom, les autorités tunisiennes et l’opinion publique.
C’est une campagne nuisible, qui ne profite à personne, et dont le seul objectif recherché par l’intéressé, qui est un habitué des jeux de hasard, est de faire « un coup de bluff» qui pourrait lui rapporter quelque chose.
Alors il est étonnant que des journalistes tunisiens fassent fi des intérêts de leur pays pour se prêter à la diffusion d’informations fantaisistes et cousues de fil blanc. Mais comme on dit en Mauritanie « ili medarag bleyam arayane » (celui qui se cache derrière les jours sera vite mis à nu) plus prosaïquement (Le temps finit toujours par faire triompher la vérité).
B.C
PS : Nous publierons très prochainement la très longue liste de méfaits de Béchir El Hassen chez Mattel dont certains avec procès-verbal de constatation