02-08-2023 21:00 - Inondations : Boghé sous les eaux
La Dépêche -
Malgré le renouement avec la croissance (5.2%) en 2022, sous l’effet d’une politique plus incisive et plus volontariste des pouvoirs publics, ces efforts sont sans cesse noyés par l’ampleur et le coût de la prise en charge et la gestion des inondations.
C’est en tout le constat dressé dans le dernier rapport de la Banque Mondiale sur la Mauritanie.
C’est là une preuve administrée du changement climatique et de l’urbanisation anarchique.
Notre pays est dorénavant, chaque année, confronté à la furie de la nature. Ces nouveaux défis –partie submergée de l’iceberg- sont intelligemment mis en relief par le dernier rapport de la BM qui appelle à s’en préoccuper davantage.
Boghé sinistré
150mm de pluie en une seule fois. Il n’en fallait pas plus pour engloutir une ville mal préparée à ce déluge tombé du ciel. Et on n’en est encore qu’au début de l’hivernage alors que la météo annonce des pluies diluviennes pour août et septembre. Il y a de quoi inquiéter les populations mais aussi les autorités publiques.
La situation est grave et elle va certainement empirer. Sur le terrain, les équipes de l’ONAS dépêchées depuis les premières heures se démènent comme des diables pour parer à ces eaux. Tous les moyens dont dispose l’ONAS sont mis à contribution expliquait dans un live mardi soir le directeur de l’Office National de l’Assainissement, Ahmed Zeidane Ould Mohamed Mahmoud sur les antennes de «El Mouritaniya ».
A l’heure actuelle, elles seraient 7 stations de pompage à tenter d’évacuer les eaux des points névralgiques de la ville. Quatre d’entre elles pompent 300m cube/H alors que les 3 autres aspireraient 150m cube/H. 6 kilomètres de tuyau de conduite de 315 mm de diamètre ont été déployés. L’arsenal utilisé en dit long de l’ampleur du défi. De plus, la situation géographique de la ville, en cuvette, n’arrange pas son étanchéité.
L’ONAS a encore bâti une digue de protection pour empêcher l’amoncellement et le ruissellement des eaux vers la ville. Mais rien n’y fait il y a vraiment beaucoup d’eau et certains endroits de la ville sont ensevelis à deux mètres en dessous de l’eau. « Alimentées par l’expansion anarchique des villes et l’inadéquation des systèmes de drainage, les inondations sont de plus en plus perturbatrices sur le plan économique » mettent en garde les experts de la BM.
Avis de tempête !
«Naviguer dans la tempête – Comment l’urbanisation et le changement climatique affectent les risques d’inondation en Mauritanie». Le titre du 6ème rapport de la BM est révélateur et prémonitoire d’un état de fait que les autorités devraient prendre au sérieux –très au sérieux- avec les menaces d’inondations sur Nouakchott.
Nos partenaires souhaiteraient une « résilience aux chocs climatiques tels, l’adoption d’un décret visant à établir un cadre institutionnel consolidé et unifié pour la préparation et la réponse aux urgences, l’adoption d’une nouvelle loi sur l’urbanisme et la construction afin de rendre le développement urbain plus résilient, ou encore l’élaboration d’une politique de gestion intégrée des ressources en eau ».
Pour les experts pourtant, pour trouver les solutions idoines, «Il est aujourd’hui primordial de comprendre les facteurs à l’origine des inondations et d’identifier les opportunités qui ressortent de ces nouveaux défis, afin de les contrer et développer une Mauritanie de demain résiliente et inclusive».
On espère également que l’annonce faite par la Chine, à l’occasion de la visite présidentielle de Ghazouani dans ce pays, de financer le système d’assainissement de Nouakchott, permettra, à terme à l’Etat de focaliser ses interventions et les futurs investissements à une mise aux normes de sécurité des régions exposées à l’intérieur du pays. Les images nous parvenant de Boghé rappellent à s’y tromper le sort de la Cité Atlantis (qu’Allah Ne Plaise) littéralement absorbée par les eaux.
L’éventualité d’un énorme défi sécuritaire devrait se poser avec l’approche des mois les plus pluvieux de l’hivernage. Il y a lieu maintenant de déployer plus d’efforts pour rassembler les investissements nécessaires à un assainissement durable de nos villes.
JD