11-01-2024 11:11 - SOS Ndiago : la quiétude du site centenaire a-t-elle un prix ?
Initiatives News - Généralement, quand on veut évoquer l’étendue de la Mauritanie on fait référence aux deux extrêmes. A savoir Ndiago et Bassiknou.
Pour ceux qui ne savent pas, le village de Ndiago se situe dans la région du Trarza à l’extrême Sud Ouest de la Mauritanie. A moins de 15 kilomètres de Saint Louis , perchée sur un cordon dunaire laiteux dans le coin le plus reculé sur l’atlantique à l’image de la pointe de Sangomar pour le Sénégal.
On a souvent tendance à associer l’image de Ndiago aux deux mastodontes de la politique locales à savoir Boidiel Oud Houmeid et au regretté Mohamed Ould Boilil.
Le village de Ndiago constitue l’agglomération Wolof la plus peuplée de la Mauritanie. Il est le lieu de naissance de l’éminent professeur de Sciences TEW Mohamed El Ghaly.
Ndiago, avec son site plusieurs fois centenaires, ses maisons construites sur le style Saint Louisians, sa grande mosquée érigée sur le point le plus élevé des lieux constitue un haut lieu d’activité halieutique.
Les habitants de Ndiago sont connus pour leur solide attachement au patrimoine culturel wolof qui associe les valeurs du Diom du Kersa et l’intérêt particulier voué à l’apprentissage Coranique.
Avec la découverte d’un important gisement de gaz à ses larges, Ndiago, autrefois isolé et enclavé est désormais sous les rampes de tous les projecteurs en Mauritanie. Ndiago est le village le plus proche des infrastructures d’exploitation gazière installées par le géant pétrolier BP qui exploite le champ gazier commun au Sénégal et à la Mauritanie , le Grand Tortue Ahmeyin GTA. Les installations de la plateforme d’exploitation se situent à seulement 10 kilomètres au large du village de Ndiago.
Même sans le gaz, Ndiago compte tenu de son patrimoine culturel et de sa forte vulnérabilité écologique devait être l’objet d’une attention particulière de la part des autorités Mauritaniennes et même au déla, au niveau international tellement le site est exceptionnel.
Le village de Ndiago à l’instar de plusieurs zones côtières est constamment soumis aux aléas du changement climatique et ses corolaires à savoir la hausse du niveau des océans et la dégradation du cordon dunaire.
Déjà depuis plusieurs années, les travaux de recherches sismiques et d’exploration pétrolière et gazière auraient selon différents avis sérieusement affecté l’activité de pèche qui constitue la principale occupation des communautés. Aujourd’hui avec la découverte du gaz et la mise en place des infrastructures, le démarrage effectif des activités de production, Ndiago en sera davantage naturellement affecté non seulement au niveau écologique déjà très fragile, mais aussi au niveau économique, social et culturel.
Nous n’avons pas besoin de rappeler que la sécurité des personnes et des biens matériels et immatériels des communautés relève de la souveraineté et mieux de la fierté de la république. La sauvegarde des villes anciennes est non seulement un droit mais aussi un devoir dont tout Mauritanien doit s’en féliciter.
Compte tenu de l’histoire de Ndiago et de sa situation de vulnérabilité extrême , d’un site exposé sans la moindre digue de protection, le faire bénéficier du programme de sauvegarde des villes anciennes ne serait que juste et équitable et surtout humain.
Nous sommes plus prompts à solliciter la responsabilité sociale des entreprises et ce à juste titre mais il serait plus judicieux et durable d’entrevoir une politique de « contenu local » plus structurant bien au-delà des simples questions de « procurement », pour assoir un développement HUMAIN inclusif et durable. La sauvegarde de Ndiago ne doit pas avoir de prix.
Ba Aliou Coulibaly
Président de la Coalition Mauritanienne PCQVP
Membre du Comité National ITIE