Sud Ouest - Youssef Semane est arrivé à Sainte-Foy-la-Grande en 2018. Six ans après, il dirige le service d’écrivain public de l’association Cœur de Bastide. En octobre 2024, il quittera la bastide vers de nouveaux horizons, l’occasion de parler de son parcours de migrant.

« Quand je suis parti de Nouâdhibou en Mauritanie en 2018, j’avais seulement 23 ans et j’avais promis à ma mère que je ne travaillerai pas illégalement et que je ne me laisserai pas exploiter, retrace Youssef Semane. Mais quand on arrive à Bordeaux comme migrant, quand on n’a pas de papier et qu’on ne parle pas le français, les difficultés sont grandes ».

Dans un premier temps il rencontre les différentes administrations mais, sans papier, aucune porte ne lui est ouverte.

« C’est seulement grâce à l’écoute et l’assistance des bénévoles de l’association Cœur de Bastide, que j’ai pu apprendre le français et avoir accès à mes droits, explique Youssef Semane. A partir de ce moment, j’ai pu être embauché comme salarié. »

Implication dans la vie associative

Il s’empresse d’apprendre le français avec des cours adaptés puis participe à la vie de l’association comme bénévole. Puis, attiré par le droit des étrangers et l’aide aux personnes en difficulté, il devient agent d’accueil puis écrivain public et enfin médiateur social.

À travers sa connaissance des problèmes des migrants, c’est aujourd’hui un service qui fait référence aussi bien pour les primo-arrivants que pour les familles maghrébines installées en Pays foyen, avec qui il a noué une relation de confiance.

Dans la foulée, il crée l’association la Jeunesse foyenne et son jardin partagé, grâce à la mise à disposition d’un terrain par la municipalité, et œuvre à l’installation du city-stade au jardin public.

« Six ans après mon arrivée en France, je me sens complètement intégré à la société. Cela prend du temps et cela n’aurait pas été possible sans l’accueil des Foyens, que je remercie. » À partir d’octobre, il s’installera à Bordeaux comme écrivain public spécialisé en droit des étrangers.

Par Jean-Claude Faure