11-12-2024 18:00 - Nouakchott: «Non à la destruction de la palmeraie», des agriculteurs vent debout contre l’urbanisation de l’unique poumon vert

Nouakchott: «Non à la destruction de la palmeraie», des agriculteurs vent debout contre l’urbanisation de l’unique poumon vert

Le360 Afrique - Après plus de 60 ans d’exploitation, les propriétaires des parcelles de la palmeraie de Sebkha n’ont toujours pas de titres fonciers, ce qui aiguise bien des appétits.

Dans cet espace, unique régulateur climatique d’une ville cernée par le désert, la Société nationale de développement rural a initié un bornage de terrain, synonyme d’accaparement des terres. Il n’en fallait pas davantage pour distiller la peur parmi les cultivateurs de se voir privés de leur gagne-pain.

Créés en 1963 avec un lotissement de 72 parcelles, les jardins de Nouakchott, poumon vert de la capitale mauritanienne, sont restés longtemps source d’approvisionnement en légumes de la capitale mauritanienne. On y cultive carottes, choux, les oignon, menthe, les inévitables dattes et quelques arbres fruitiers.

Cet espace joue le double rôle de production de fruits et légumes et de régulation climatique d’une ville cernée par le désert.

La récente plantation de bornes aux couleurs nationales sur lesquelles sont inscrites la Sonader, acronyme de la Société nationale de développement rural, a suscité des suspicions de la part des exploitants du poumon vert de Nouakchott qui craignent d’être dépossédés de leurs jardins, sources de leurs revenus.

Face à cette situation, ils ont tenu un sit-in devant le ministère des Domaines, des Biens de l’Etat et de la Réforme foncière, la semaine dernière, pour manifester leur opposition à toute cession de ces terres, qui remplissent une fonction économique, mais aussi de régulation sanitaire et environnementale, dans un contexte de changement climatique.

Les manifestants scandaient des slogans tels que «Non à la destruction de la palmeraie de Sebkha», «Mauritaniens, ensemble, sauvons la palmeraie de Sebkha» eu encore «Non à la destruction de notre environnement».

Omar MBow, membre du Collectif des exploitants, rappelle une présence historique «de ces jardins exploités depuis 1957 par la génération des grands pères, celle des pères et leurs descendants, qui sont là aujourd’hui, pour défendre leurs droits à un revenu régulier, mais aussi le droit des populations de Nouakchott à un espace vert, qui fait partie des normes nécessaires à un cadre de vie normale dans toutes les cités modernes.

Il invite le président de la République, «au respect de ses engagements en faveur de la protection de l’environnement, et exprime une grande surprise face à l’implantation des poteaux de la Sonader sur les lieux depuis la mi-novembre».

Pour sa part, Ismael ould Ramdane, exploitant, «les autorités doivent entendre les citoyens que nous sommes, et apprécier à sa juste valeur notre contribution à la vie de la communauté depuis plusieurs dizaines d’années». Il rejette catégoriquement la perspective d’une cession des jardins maraichers de Sebkha à la Sonader dans le cadre d’une opération pour laquelle le collectif des exploitants n’a pas été consulté.

Discours identique de la part de Mamadou Djibi Diallo, qui déclare «nous invitons les plus hautes autorités pays à préserver et protéger nos droits sur cet endroit que nous exploitons et entretenons de pères en fils, depuis plusieurs générations. Toute opération relative à ces terres doit faire l’objet d’une concertation».



Les jardins maraichers de Sebkha, implantés au cœur de la capitale mauritanienne attise les convoitises de nombreux acteurs, notamment les prometteurs immobiliers qui souhaitent y construire des immeubles d’habitation et surtout des commerces.

Jusqu’à présent, et malgré les nombreux obstacles dressés à leur encontre dont les ruptures d’approvisionnement en eau d’irrigation, les propriétaires des terres ont trouvé des parades pour conserver leurs terrains et continuer à exploiter les périmètres maraichers. Reste à savoir jusqu’à quand pourront-il continuer à résister face à la boulimie immobilière qui commence à grignoter peu à peu le poumon vert de Nouakchott.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)



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Commentaires (6)

  • abatcha (H) 13/12/2024 04:00 X

    Pays des écervelés

  • pyranha (H) 12/12/2024 14:23 X

    Je recommande à l'union Européenne de couper tte aide à ces sauvages ignorants s'ils touchent à un arbre dans ce lieu. Avec cette urbanisation qui demande un couvert végétal dans tous les lieux ces misérables corrompus ne pensent qu'à leur commerce qui ne rapporte rien aux populations. Gazouani doit se reveiller et taper dur sur la table. Ya assez d' espaces pour aller faire l'imbécile ailleurs. Ce pays de vie bedouine , n'avancera jamais .l'arbre et l'eau c'est la vie mais ces miserables opportunistes y a rien dans leurs têtes.

  • pyranha (H) 12/12/2024 00:39 X

    Diargua vous êtes bouché ou quoi ? Comment y a t-il de milliers de places pour implanter ce que vous dites ? Votre ignorance merite la pendaison . Au momen où on.encourage tout le monde à planter des arbres.j'ai pitié de cette sauvagerie. Ceux qui toucheront a cette biodiversité méritent la pendaison .le ministère environnement et les eaux et forets doivent une strite interdiction à ces sauvages de s'y approcher.

  • ouldsidialy (H) 11/12/2024 22:25 X

    @diarga ;Hélas, l'avenir risque de vous donner raison. Les mauritaniens on trop faim aujourd'hui pour penser à l'air qu'ils respirent où ce qui apaise leur esprit. Alors spéculation foncière d'abord. Les "maitres bétonneurs" iront profiter d'espace espaces verts à l'étranger, dans des endroits où les gens pensent à ce qu'ils font pour eux et l'avenir de leur enfants.

  • diargua (H) 11/12/2024 19:27 X

    Cette palmeraie doit faire place plutot a des centres de formation profesdionnelle(ecole maritime,ecole des bibliothecaires,ecole des arts,ecole de sante )que le pays ne dispose point. Il est temps d offrir a la jeunesse des capacites professionnelles.

  • ouldsidialy (H) 11/12/2024 18:42 X

    Dans une actualité mauritanienne plate, enfin sujet important: Protéger un des rares espaces verts de Nouakchott !!!! J'espère qu'ils y arriveront.